Xavier de Kepper. Photo : XDK/CVN |
Organisateur d’une résidence d’art contemporain occidental d’une durée de trois mois à Hô Chi Minh-Ville, qu’est-ce qui vous a poussé à choisir le Vietnam pour la mise en œuvre de ce projet ?
Le Vietnam est devenu le lieu de cette résidence grâce au peintre La Quy Tùng, plasticien et chef décorateur sur les plus grands plateaux de cinéma au Vietnam. Quand je suis venu au Vietnam, en 2006, j’ai eu la chance d’être invité par Tùng pour visiter sa maison dans le district de Cu Chi (Hô Chi Minh-Ville). À cette époque, l’atelier où nous travaillons actuellement n’existait pas. J’ai passé une semaine en immersion totale avec les ouvriers vietnamiens (charpentiers, menuisiers) qui ont réalisé des décors pour le film The Rebel (film d’action vietnamien du réalisateur Viêt kiêu Charlie Nguyên, NDLR). Cette expérience fut si riche en émotions et en sensations que je savais au fond de moi que je voulais y revenir et partager cela avec des amis. Le district de Cu Chi est à mes yeux une chance de comprendre la culture vietnamienne sans les artifices superficiels que nous pouvons rencontrer dans les différents espaces touristiques.
Dix mois avant de venir ici, j’ai demandé à Tùng si nous pouvions établir ce projet. Il a tout de suite été emballé et a répondu positivement. Son projet de construire un atelier de plus de 300 m² était l’axe principal pour permettre aux artistes invités de travailler dans des conditions privilégiés. Tùng a conçu entièrement cet atelier qui est une oeuvre d’art à part entière.
Pourriez-vous nous présenter, en bref, les artistes invités à cette résidence ? Quels domaines vont-ils prendre en charge ?
Dans un esprit de mixité plastique, les artistes sélectionnés utilisent différents médiums d’expression. Ces artistes ont été sélectionnés pour la qualité de leur dossier artistique et pour leur participation et leur implication dans les projets de l’Association FPDV (Formule polyvalente à dilution variable).
Une des œuvres d’arts plastiques réalisées par Xavier de Keeper. |
Flora Kam, diplômée des beaux-arts d’Épinal (France) est la plus jeune. Son travail au Vietnam est basé sur l’illustration, tranches de vie dessinées, débordant d’énergie et de folie douce. Ivan Izquierdo, également sorti des beaux-arts de Grenade (Espagne), travaille vidéos (animations), dessins et installations. Eric Gossec, (beaux-arts d’Orléans, France), s’occupe du son, de la vidéo (à ce jour). Travail basé sur l’archivage des différentes inspirations du quotidien. Caroline Cranskens, écrivaine (France) réalise une quête à travers le pays. À ce jour, périple entre Saigon et Hanoi. Gaëlle Vaillant (vidéo, documentaire) et Catherine Burki (plasticienne). Sophie Bacquié (plasticienne) et Itzio Barberena, architecte mexicain. Et moi, Xavier de Kepper, plasticien et observateur (autodidacte). Organisateur du workshop Vietnam avec La Quy Tùng. Je travaille sur un projet de création d’une ville imaginaire (maquette).
Qu’attendez-vous de ce pro-gramme d’échange culturel ?
Le but de cette aventure est de la partager. Pour cela, nous prévoyons de faire en France des expositions, conférences, projections. Nous sommes déjà en contact avec cinq lieux en France, galerie privée, fondations, institutions. L’année 2013 sera dédiée à retranscrire cette expérience. Nous avons aussi l’idée d’éditer un livre et un CD expliquant le workshop. Pour finir, nous désirons inviter un artiste vietnamien en France sur une durée d’un mois (tout frais payés) pour partager cette expérience.
Vous avez déjà travaillé au Vietnam en tant que plasticien. Pourriez-vous nous dire quelques mots sur l’art contemporain vietnamien et des Vietnamiens que vous avez rencontrés ?
Une œuvre de la plasticienne Catherine Burki. |
La première fois que je me suis rendu au Vietnam, c’était en 2000. L’évolution de l’art contemporain se déroule dans le monde entier. Et nous pourrions dire qu’en 12 ans, j’ai vu une nette évolution de l’art contemporain de votre pays. Je crois juste qu’au Vietnam, l’évolution et la transformation sont plus fortes, rapides. L’art devient une langue et une possibilité d’exister ailleurs. J’ai pu rencontrer de nombreux artistes vietnamiens et je suis toujours en quête d’en découvrir plus.
Qu’est ce qu’une résidence artistique ?
Une résidence artistique désigne l’octroi temporaire, par une institution publique ou privée, d’un espace à un artiste afin de favoriser sa création et son exposition. Cette résidence peut aussi mener à la constitution d’une collection d’illustrations, à la publication d’ouvrages illustrés ou de catalogues d’exposition. Il s’agit en fait d’un type de projet artistique et culturel qui met à la disposition d’un artiste un lieu de travail (atelier), un logement, une assistance technique et une aide financière, ces différents éléments pouvant avoir des poids relatifs variés.
Bùi Thi Phuong/CVN