Le lac de l’Épée restituée à l’aube, un dimanche matin. Ses rives ombragées attirent comme chaque jour beaucoup de Hanoiens qui marchent, courent, font du tai-chi, de l’aérobic... Un vrai spectacle pour le touriste de passage !
M. Ninomiya (1er, gauche) et l’équipe de ramasseurs de déchets. Photo : CTV/CVN |
En face de la rue Dinh Tiên Hoàng, un étranger attire l’attention. Avec son balluchon sur le dos, son grand sac plastique en main, le Japonais ramasse des déchets. «Il n’a pourtant pas l’allure d’un SDF», se disent les passants ébaubis. Avec sa pince à longue manche, il marche lentement le long des rives du lac et inspecte tous les recoins : allées, gazons, parterres de fleurs. Parfois, il s’arrête pour ramasser une bouteille en plastique, une cannette, des bouts de papier, des sacs plastiques… Il va même chercher les mégots de cigarettes au pied des bancs ! Un vrai perfectionniste, à l’image de tous ses compatriotes !
De nombreux businessmen japonais et chinois participent au ramassage des déchets sur les rives du lac de l’Épée restituée chaque dimanche matin. |
«Je viens ici avec mes amis chaque dimanche matin. Travaillant à Hanoi depuis quatre ans, j’ai voulu faire quelque chose pour cette ville que j’adore. Et j’ai pensé contribuer à l’embellissement du lac de l’Épée restituée», confie-t-il. Il s’appelle Ninomiya. Il est directeur de la compagnie Ishigak Rubber Vietnam, implantée dans la ZI de Hanoi–Taïwan, dans l’arrondissement de Long Biên. Depuis un an, il fait partie d’un groupe de ramasseurs de déchets.
Le businessman japonais est plutôt décontracté. En attendant le bus pour rentrer après une demi-heure de ramassage avec ses «compagnons d’armes» vietnamiens, Ninomiya s’assoit par terre, sur le trottoir, et discute avec enthousiasme des activités de bénévolat.
Des «compagnons d’armes» vietnamiens de M. Ninomiya |
Il y a un an, il a fait connaissance avec ce groupe par l’intermédiaire de son ami Takuchi, directeur de la compagnie Ashahi Densco Vietnam, installée dans la ZI de Nôi Bài. «Notre groupe est de plus en plus important. Il compte à présent une trentaine de personnes, dont dix Japonais et cinq Chinois qui sont tous des investisseurs ou des experts en technologie. Les autres sont pour la plupart des étudiants vietnamiens», explique-t-il. Selon lui, en une demi-heure, chacun peut ramasser environ cinq kilos de déchets. «Les gens sont vraiment négligents, ils jettent n’importe quoi par terre alors qu’il y a des poubelles. Il y a des déchets partout, notamment après les jours fériés», se plaint un jeune Vietnamien.
Selon Ninomiya, «cette mission ne coûte rien mais est très utile, au moins d’un point de vue symbolique. Quand des étrangers viennent ramasser vos déchets, il est peut être temps de penser qu’il y a un problème !». Il apporte toujours avec lui une dizaine de sacs, de pinces et de gants en plus, «afin d’en distribuer aux volontaires occasionnels». Il espère qu’en décembre prochain, le groupe comptera une cinquantaine de participants réguliers. Outre le ramassage des détritus, il distribue aussi des brochures illustrées appelant à préserver l’environnement et à devenir ramasseur bénévole comme lui. Avec l’espoir peut être de convaincre un jour un businessman vietnamien...
Nghia Dàn/CVN