Odon Vallet. |
«J’ai décidé de réserver la totalité de la fortune que mon père m’a laissé pour aider les élèves et étudiants à poursuivre leurs études», répète Odon Vallet à chaque remise de bourses.
Depuis octobre 2001, les professeurs Odon Vallet et Jean Trân Thanh Vân (scientifique renommée du Centre national de recherche scientifique - CNRS) réalisent tous les ans un pèlerinage transvietnamien à partir de la mi-août jusqu’au 5 septembre pour récompenser en main propre les jeunes les plus brillants de l’ensemble du pays.
Par l’intermédiaire de l’association Rencontre du Vietnam, présidée par le professeur de physique Jean Trân Thanh Vân, Odon Vallet a remis cette année 2.250 bourses d’une valeur totale de 18 milliards de dôngs, à de jeunes vietnamiens talentueux, (7 millions de dôngs pour chaque élève et 11 millions pour chaque étudiant).
La première remise a eu lieu au mois d’août à Hô Chi Minh-Ville et a concerné les meilleurs jeunes de la mégapole du Sud et du delta du Mékong. Ensuite Dà Lat, province de Lâm Dông dans le Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre), et les villes du Centre que sont Dà Nang, Huê, Dông Hoi (province de Quang Binh) et Vinh (province de Nghê An). La tournée s’est achevée à Hanoi les 8 et 9 septembre.
Docteur en droit, historien des religions et des civilisations, Odon Vallet est le fils d’un grand directeur d’une compagnie d’assurance française. À la mort de ce dernier, il a hérité d’une fortune évaluée aujourd’hui à 100 millions d’euros. Odon Vallet a décidé de placer ses deniers à la banque. Les intérêts annuels servent à encourager de jeunes talents français et vietnamiens dans leurs études. «Je transforme les intérêts en bourses pour que les jeunes puissent suivre son exemple», dit le professeur de la Sorbonne avant de raconter l’histoire de son père : «Mon père était fils d’ouvrier pauvre. Il a dû travailler dur pour payer ses études. C’est grâce à elles qu’il a pu devenir directeur d’une compagnie d’assurance renommée et me léguer ainsi sa fortune».
Les coeurs d’orse rencontrent
La coopération entre Odon Vallet et le couple Kim-Jean Trân Thanh Vân ne date pas d’hier. Déjà en 1989, le riche héritier a aidé le couple de chercheurs vietnamiens résidant en France à financer la réhabilitation du village SOS de Dà Lat à Lâm Dông. Dix ans plus tard, Odon Vallet s’est engagé à fond et de tout coeur, aux côtés de Jean Trân Thanh Vân, dans les conférences scientifiques internationales baptisées «Rencontres du Vietnam».
Odon Vallet à la cérémonie de remise de bourses aux élèves brillants du Centre. |
Son objectif : «remonter le niveau scientifique du pays et faire germer de +jeunes pousses+, afin qu’elles s’épanouissent et embellissent cette terre dévastée par les guerres ».
«Je sais qu’il y a de gros besoins financiers au Vietnam. Les étudiants vietnamiens réussissent souvent très bien dans leurs études, surtout dans les sciences exactes telles que mathématiques et physiques, explique-t-il. C’est pourquoi, j’ai décidé de décerner des bourses à de jeunes vietnamiens comme j’en accorde aux jeunes français ».
Ce professeur sexagénaire n’oublie pas de reconnaître : «Dans mon enfance, j’étais bon en littérature, histoire, philosophie et moins en mathématiques et physique. C’est pourquoi, j’ai de l’admiration pour ceux qui s’engagent dans ces filières».
À la question rémanente de «Pourquoi le Vietnam ?», le professeur sexagénaire Odon Vallet répond : «J’aime l’Asie, et plus particulièrement le Vietnam. C’est un pays riche de vieilles traditions qui dispose d’un fort potentiel sur le plan intellectuel, avec des coûts de formation peu élevés. Deux raisons majeures qui m’ont incité à venir remettre des bourses au Vietnam».
«N’oubliez pas de remercier vos parents !»
Les bourses Odon Vallet sont remises depuis l’année scolaire 2001-2002, avec un nombre croissant d’année en année : 800 la première année, 900 en 2002-2003 et 2.250 cette année.
Odon Vallet (centre) pose avec des jeunes boursiers du Nord |
D’après le Docteur Lê Van Thành, qui a publié une vingtaine de travaux scientifiques concernant les mathématiques, la bourse Vallet lui a offert l’opportunité d’acheter un ordinateur portable, et d’aller chercher sur Internet des données actualisées. Ce professeur de l’Université de Vinh se souvient : «Via Internet, j’ai eu l’opportunité d’entrer en contact avec des professeurs étrangers de premier rang spécialisés dans la probabilité et la statistique comme Andrew Rosalsky (États-Unis), Andrei Volodin (Canada), Ulrich Stadmueller (Allemagne), et aussi de glaner des informations scientifiques».
«Lorsque j’étais étudiant de mathématiques et physique à l’Université nationale de Hanoi, j’ai obtenu deux ans consécutifs des bourses Odon Vallet. Pendant mes études à l’Université de Paris 11 en France, Odon Vallet m’a octroyé chaque année 3.000 à 4.500 euros. Ces assistances financières m’ont permis de me consacrer entièrement à mes études», a partagé l’agrégé Dang Minh Tuân, du lycée Hanoi-Amsterdam.
Vallet donne souvent aux jeunes talentueux des conseils : «Ne me remerciez pas. Remerciez vos parents qui vous ont donné la vie et vos professeurs qui vous ont transmis leur savoir. Vos succès sont les miens et je vous considère comme mes propres enfants».
Et il ajoute : «Je reviendrai l’année prochaine et j’espère décerner encore plus de bourses».
Thanh Tuê/CVN