Quand les Tây chantent en vietnamien

Originaires de différents pays, ils ont une passion commune : chanter en vietnamien. Qui sont donc ces courageux Tây (Occidentaux) capables de pousser la chansonnette en vietnamien pour un public de Vietnamiens ?

Après avoir fini ses études, Kyo York, 27 ans, a travaillé pour Apple à New York. Lors d’un cours de perfectionnement sur un navire en 2007, il a débarqué pour la première fois au Vietnam, à Hô Chi Minh-Ville. Deux ans plus tard, il a eu l’occasion de retourner dans le pays pour participer à un programme d’enseignement de l’anglais.

Kyo se produit maintenant dans des cabarets de Hô Chi Minh-Ville.
Photo : CTV/CVN

C’est alors qu’il a commencé à s’intéresser aux chansons vietnamiennes. Après de premiers succès devant ses amis, Kyo a décidé de passer à la vitesse supérieure et de s’entraîner sérieusement. «Chanter en vietnamien est difficile car il faut bien comprendre le contenu et surtout bien prononcer, explique-t-il. Les chansons reflètent aussi la culture vietnamienne. Cela m’aide à mieux comprendre le pays».

Seulement un an après, Kyo a commencé à se produire dans des cabarets de Hô Chi Minh-Ville. Son répertoire est assez large et comprend des compositeurs connus comme Trinh Công Son, Pham Duy, Ngô Thuy Miên, Thanh Tùng et Phu Quang.

Le Britannique qui chante en vietnamien

Les internautes vietnamiens connaissent bien la nom de Lee Kirby. Il y a un an, il a posté une vidéo sur Youtube où il chante Diêm xua (Diêm d’autrefois) du feu compositeur Trinh Công Son. Les jeunes vietnamiens apprécient beaucoup son amour pour le Vietnam, ses habitants et ses chansons. Le «Britannique qui chante en vietnamien», voilà comment on le surnomme.

Le «Britannique qui chante en vietnamien» est le surnomme de Lee Kirby.

Lee peut interpréter une quinzaine de chansons vietnamiennes. Un répertoire un peu limité certes, mais qui ne demande qu’à s’étoffer. «Certains airs, comme Quê nhà (Pays natal), je les ai tout de suite aimés. D’autres, par contre, ont nécessité de nombreuses écoutes. Chaque fois que je flash sur une chanson, je la décortique pour comprendre chaque mot».

Chose surprenante, si Lee chante bien en vietnamien, il ne le parle pas très bien. «Pour chanter une chanson, cinq à dix heures me suffissent mais pour bien la chanter, il me faut des dizaines d’heures», sourit Lee.

Passionné de Trinh Công Son

Richard Fuller est Américain. Arrivé au Vietnam en 1960, il enseigne l’anglais au centre Apollo de Hô Chi Minh-Ville. En 1970, il a eu l’occasion de rencontrer le compositeur Trinh Công Son à Dà Lat (province de Lâm Dông, hauts plateaux du Centre). Les deux hommes sont devenus amis.

Richard Fuller aime la musique vietnamienne. Il lui a fallu 20 ans pour traduire les chansons de son ami en anglais avec comme souhait que des millions de personnes à travers le monde puissent comprendre les œuvres de cet auteur-compositeur de talent.

Le mystérieux chanteur à l’ukulélé

Richard Fuller (droite) et son ami, le compositeur Trinh Công Son.

Un clip nommé Cô hàng nuoc (La vendeuse d’une buvette de thé) d’un homme connu seulement par son «nick name» vsingleton a créé un certain «buzz» sur Youtube. Cet Occidental joufflu a interprété cette chanson de manière impressionnante en s’accompagnant, ce qui n’est pas le moins original, d’un ukulélé. Cette longue chanson du compositeur Vu Minh est inspirée de mélodies du quan ho (chant alterné). Pour un étranger, non Vietnamien d’origine de surcroît, l’exercice est périlleux. Vsingleton s’en sort avec les honneurs, en témoignent les commentaires des internautes. «Sans la vidéo, il est difficile de savoir que c’est un étranger !», écrit l’un. «Ce gars chante avec un accent typique de Hô Chi Minh-Ville !», dit un autre. Reste que la véritable identité de vsingleton demeure inconnue.

Sur Youtube, les vidéos d’étrangers chantant en vietnamien sont nombreuses. Qualité et styles différents certes, mais la même passion pour les chansons vietnamiennes. Ces airs intéressent les étrangers car «elles sont un élément de la culture du pays et un moyen de mieux la connaître», a dit Kyo York.

Hà Minh/CVN

 

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