Lê Hông Anh (1er plan, 3e à droite), membre permanent du secrétariat du Comité central du PC vietnamien, et des Viêt kiêu lors de la 2e Conférence de la communauté vietnamienne à l’étranger récemment organisée à Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : Thanh Vu/VNA/CVN |
Selon Trân Tuân Dung, chef adjoint du Département des relations techniques, scientifiques et technologiques relevant du Comité chargé des Vietnamiens résidant à l’étranger, la diaspora vietnamienne compte 400.000 titulaires d’un diplôme universitaire, la plupart travaillant dans les pays occidentaux.
Sur les deux millions de Viêt kiêu vivant aux États-Unis, plus d’un million ont plus de 25 ans et 190.000 sont titulaires d’un diplôme universitaire ou plus. Ils sont environ 40.000 en France et 30.000 au Canada. Ces Viêt kiêu travaillent dans les hautes technologies, les nouveaux matériaux, les nouvelles énergies, les technologies de l’information et les télécommunications (ils sont 40.000 aujourd’hui), l’astrophysique...
Le problème est que pour l’instant, une infime partie de ces «cerveaux» rentre au pays participer à des projets de recherche scientifique. Ils ne sont en effet qu’environ 300 par an, la plupart de la 1re génération.
Selon le Docteur Hà Tôn Vinh, qui vit aux États-Unis, si les intellectuels Viêt kiêu ne retournent qu’au compte-goutte au Vietnam, c’est parce que leur rôle dans les universités et centres de recherche reste mineur, ce qui ne correspond pas à leurs aspirations, en dépit du fait de leur volonté de prendre part au développement du pays.
Contribuer à l’industrialisation du pays
«Les intellectuels à l’étranger et l’œuvre d’industrialisation et de modernisation nationale : des potentiels à la réalité» constituait l’une des quatre problématiques de la 2e Conférence de la communauté vietnamienne à l’étranger.
Selon le Docteur Luong Cân Liêm, professeur de l’Université de Paris et président de l’Association scientifique franco-vietnamienne de psychiatrie et de psychologie médicale, il faut comprendre et écouter les différentes générations de Viêt kiêu pour définir des politiques d’attrait efficientes auprès des intellectuels d’outre-mer.
Le Docteur Hà Tôn Vinh, président et directeur général du groupe d’éducation, de formation et de consultation de la gestion Stellar Management (États-Unis), a lui proposé d’inviter dans un premier temps les Viêt kiêu à venir faire un voyage au Vietnam avant de les inviter à y vivre et y travailler.
Les exemples de Vietnamiens d’outre-mer ayant fait un retour réussi dans leur pays d’origine sont nombreux, à l’instar du professeur Truong Nguyên Thành (États-Unis), qui a ouvert l’Institut des sciences et des technologies de calcul de Hô Chi Minh-Ville ; du Docteur Nguyên Thanh My (Canada) qui travaille dans les nanotechnologies pour la compagnie de biocosmétique My Lan à Trà Vinh ; ou encore du Docteur Trân Thanh Vân, qui a fait construire le Centre international de science et d’éducation interdisciplinaires de Quy Nhon...
Le chef adjoint du Département des relations techniques, scientifiques et technologiques Trân Tuân Dung, confirme que le Vietnam élabore de nouvelles politiques d’attrait en faveur des Viêt kiêu. Pour ce faire, il s’agira de leur offrir des privilèges en ciblant avant tous ceux travaillant dans les hautes technologies.
Faciliter le retour de jeunes Viêt kiêu
La 2e Conférence de la communauté vietnamienne à l’étranger a vu la participation de jeunes Viêt kiêu. La plupart d’entre eux sont nés à l’étranger et ne parlent pas couramment vietnamien.
La compagnie de biocosmétique My Lan, du Docteur Nguyên Thanh My, un Viêt kiêu du Canada, dans la province de Trà Vinh (delta du Mékong). |
Le jeune Nguyên Truong Khoa (Nouvelle-Zélande) était invité à cette conférence pour la 2e fois. «Je souhaite que l’État édifie davantage les politiques favorisant un retour des Viêt kiêu hautement qualifiés. Je propose que l’État recrute des personnes titulaires d’un diplôme universitaire et ayant au moins 10 années d’expériences professionnelles dans leur pays d’accueil. Il ne s’agit pas d’un retour lucratif, mais de contribuer au développement national. Et j’ai moi aussi la volonté de partager ma force pour le pays».
En 1990, Khoa et ses parents ont quitté le Vietnam pour la Nouvelle-Zélande. Ses débuts n’ont pas été sans peine, puisqu’il ne parvenait pas à suivre les cours de terminale en raison de son niveau d’anglais, alors insuffisant. Mais, loin d’être découragé, il a pris des cours extrascolaires pour finalement rattraper son retard. À tel point qu’il a intégré l’Université Victoria, spécialité économie, avant d’obtenir un mastère en comptabilité à l’Université Massey.
Aujourd’hui, homme d’affaires accompli, il est directeur général de la compagnie Grey Hound Racinaz, qui dispose de filières à l’international.
Deuxième conférence des Viêt kiêu
La 2e Conférence de la communauté vietnamienne à l’étranger a eu lieu du 27 au 30 septembre à Hô Chi Minh-Ville. Placé sous le thème «Vision à l’horizon 2020 : la communauté vietnamienne à l’étranger s’intègre pour accompagner le développement national», cet évènement a réuni près de 1.000 Viêt kiêu des quatre coins du monde. Les participants se sont consacrés à quatre grandes problématiques que sont l’«Avenir de la Communauté Viêt kiêu : problèmes d’intégration et de développement», «Identité culturelle et tradition nationale : motivation pour la solidarité et la grande union nationale», «Les intellectuels à l’étranger et l’oeuvre d’industrialisation et de modernisation nationale : des potentiels à la réalité», et «Les entrepreneurs vietnamiens, l’avenir de la Communauté et le pays». Selon le Comité chargé des Vietnamiens résidant à l’étranger, la communauté vietnamienne à l’étranger continue de s’agrandir, avec plus de 4,5 millions de personnes réparties dans 103 pays et territoires. Chaque année, environ 500.000 personnes rentrent au pays - provisoirement ou non -, dont plusieurs spécialistes et intellectuels ayant pour but de travailler ou de se renseigner sur les opportunités d’investissement. Les Viêt kiêu participent au capital de plus de 3.500 entreprises domestiques, pour un total d’environ 8,4 milliards de dollars. Le volume de devises qu’ils envoient augmente en moyenne de 10 à 15% par an pour atteindre plus de 9 milliards de dollars en 2011 et 6,4 milliards ce premier semestre, faisant du Vietnam l’un des dix plus gros receveur de devises de la part de sa diaspora. Cet apport contribue notablement à la stabilité de la balance des paiements et de l’économie nationale.
Hà Minh/CVN