Pour la couverture de 90% de la population par l’assurance maladie en 2020

L’assurance maladie couvrira plus de 75% de la population en 2015 et plus de 90% de la population en 2020. Ces objectifs ont été fixés dans le projet d’assurance maladie pour tous, récemment élaboré par le ministère de la Santé. La ministre Nguyên Thi Kim Tiên nous précise ce projet.


* Quel est, d’après vous, l’enjeu de la généralisation de l’assurance maladie ?

La ministre de la Santé, Nguyên Thi Kim Tiên.

Faire aboutir l’une des politiques prioritaires du gouvernement vietnamien en matière sociale, essentielle pour le pays. Toutes considérations plus «pragmatiques» mises à part, il participe ainsi d’une volonté d’humanité sinon de considérations humanitaires pour certains de nos concitoyens. Pour l’État, il est clair qu’il doit prendre entièrement en charge la souscription d’une assurance maladie pour les citoyens en situation de faiblesse, pauvres, enfants de moins de six ans, ethnies minoritaires, outre les membres des familles méritantes de la Patrie. À cela s’ajoute tous ceux au seuil de la pauvreté, mais avec une prise en charge de 70%.
Cette assistance de l’État est saluée par la communauté internationale, puisqu’en comparaison de certains pays comme la Thaïlande qui ne prend en charge que 50% de la souscription de l’assurance maladie par les agriculteurs, ou de la Chine avec environ 0,7% pour les travailleurs indépendants, l’effort fourni en matière sociale du gouvernement vietnamien est particulièrement important.

* Pourriez- vous préciser la feuille de route de ce projet ?

Le projet vise une couverture de plus de 90% de la population d’ici 2020. Si tout va bien, cela correspond alors à près de 23 mil-lions d’élèves et d’étudiants et 10 millions de personnes au seuil de la pauvreté, ainsi que 12 millions d’employés d’entreprises, qui seront tous assurés.
Ce projet prévoit en particulier une option sur le quantum de la prise en charge par l’État de la souscription de l’assurance maladie par les pauvres, des personnes au seuil de la pauvreté, des enfants, des ethnies minoritaires, et des membres de familles ayant rendu des services méritoires à la Patrie.
En quatre ans, de 2012 à 2015, la prise en charge variera entre 107.600 milliards de dôngs et 123.000 milliards de dôngs (soit entre 37,3% et 43,2% des primes totales).
Actuellement au Vietnam, avec l’assistance de l’État, on peut souscrire une assurance maladie et obtenir la carte en payant 30 dollars (environ 600.000 dôngs) tandis que dans d’autres pays, une telle assurance vaut plus de 100 dollars au moins (environ 2 millions de dôngs). En d’autres termes, les assurés sont beaucoup avantagés.

* Quelles difficultés prévoyez-vous dans la mise en œuvre de ce projet?

Ce projet de généralisation de l’assurance maladie comporte nombre de difficultés. Un exemple des plus parlants, qui tient aux individus : aujourd’hui, l’État prend en charge jusqu’à 70% de la souscription de l’assurance maladie pour les personnes au seuil de la pauvreté mais de fait, très peu de personnes sont assurées. Pourquoi ? Parce qu’elles ne sont conscientes de l’importance de la santé et de la nécessité d’être couvert par une telle assurance. Encore que, pour ceux qui sont au seuil de la pauvreté, il est quasiment sûr que les 30% demeurant à leur charge posent toujours un problème financier... Pour y remédier, le ministère de la Santé et des Assurances sociales va appliquer une nouvelle méthode de perception de la prime de souscription, laquelle sera liquidée en tenant compte de la composition de la famille. Cela fonctionne de manière similaire à un quotient familial en matière fiscale, en d’autres termes ici, plus la famille sera nombreuse, moins la prime sera élevée...
* Quelles tâches sont prioritaires pour assurer le succès de ce projet ?

L’assurance maladie couvre aujourd’hui 63,7% de la population. Les dépenses de santé des pauvres sont assurées à 100% par l’État.
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN

Afin que ce projet aboutisse, le plus important à faire dès maintenant est de sensibiliser la population aux avantages d’être couvert par l’assurance maladie. Chaque citoyen doit bien comprendre que ce service est du plus grand intérêt et que l’État veut les aider, notamment en insistant sur le fait que la modique somme en jeu n’est rien en regard des prestations dont ils bénéficieront, lesquelles leur éviteront de perdre d’importantes sommes comme en cas d’hospitalisation par exemple.
Il faut par ailleurs un fort engagement politique des autorités, en particulier locales et, sur ce point, nous considèrerons l’étendue de la couverture maladie comme un indice de développement socioéconomique local.
Je voudrais souligner aussi la nécessité de renforcer la qualité des services médicaux et plus généralement sanitaires. Le mot d’ordre essentiel sur le long terme est le renforcement de la prévention des maladies comme du niveau de soins afin de limiter le nombre de malades. Dans l’immédiat, cela permettra de délester les établissements hospitaliers du pays qui sont surchargés, mais à plus long terme, de réduire le coût social de la maladie.
Enfin, sur un plan financier, les grilles tarifaires des services médico-sanitaires doivent être plus transparentes, et la qualité de ces derniers doit être à la hauteur du coût pratiqué. Enfin, les méthodes de paiement doivent rigoureusement respecter l’intérêt du patient.

Linh Thao/CVN


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