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Sébastien Lecornu à Paris. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
L'économie française n'en finit pas de subir les conséquences de la dissolution de l'Assemblée nationale décidée par le président Emmanuel Macron en juin 2024, et aggravées par la démission lundi 6 octobre du Premier ministre Sébastien Lecornu.
Moins de croissance
Attendue cette année à seulement 0,8% par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la croissance française est affectée par la frilosité des investissements des entreprises et des ménages, la progression du taux d'épargne, et les effets du ralentissement économique sur l'emploi.
Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui a évalué les effets de l'incertitude ambiante, le coût de la crise politique depuis son démarrage en juin 2024 se chiffrera à la fin 2025 à 0,5 point de croissance, soit 15 milliards d'euros.
"Dans un moment d'incertitude, les entreprises gèlent un peu tout, à la fois l'investissement et l'emploi. Et les ménages épargnent davantage", ce qui nuit à la croissance, détaille auprès de l'AFP Eric Heyer, économiste à l'OFCE.
Cette évaluation doit être prise avec "précaution", prévient toutefois l'économiste, face à la grande difficulté à évaluer précisément l'effet d'une crise aux multiples facettes, dans un climat mondial par ailleurs morose.
Le ministère de l'Économie avait estimé fin janvier le coût de la censure du gouvernement de Michel Barnier et "l'instabilité qu'elle a générée" à 12 milliards d'euros, un chiffrage alors contesté par l'opposition.
Pour les experts d'Allianz Trade, la seule dissolution de l'Assemblée nationale a coûté 4 milliards d'euros, répartie entre une baisse de 2,9 milliards d'euros des rentrées fiscales liée à la perte de 0,2 point de croissance et la hausse de la charge sur les taux d'intérêt français, de l'ordre d'un milliard d'euros.
Des marchés financiers secoués
Les marchés financiers ont subi de plein fouet la crise politique, qu'il s'agisse des actions en Bourse ou des taux d'intérêt.
Le principal canal de diffusion de la crise est la hausse des taux d'emprunt français à dix ans, visible à travers l'écart de taux avec l'Allemagne, appelé le spread. Celui-ci a augmenté d'environ 0,3 à 0,4 point par rapport à la période précédant la dissolution.
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Le président Emmanuel Macron. |
Photo : IRNA/VNA/CVN |
La hausse des taux français n'est pas une bonne nouvelle pour les finances publiques mais est encore amortie par le fait que le pays a emprunté ces dernières années à des taux historiquement bas.
"Ce n'est pas dramatique, ce n'est pas la Grèce, mais cela va toujours plus compliquer l'effort budgétaire", tempère Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.
Au-delà du risque de crise financière brutale, c'est le poison lent de la dégradation progressive des finances qui inquiète: un record de plus de 3.400 milliards d'euros de dette publique, et le risque de dégradation de la part des agences de notation après la décision en ce sens de Fitch en septembre, en raison déjà de l'instabilité politique, qui pourrait encore alourdir le coût de la dette...
Pour la Bourse, l'indice CAC 40, qui rassemble les 40 plus grosses entreprises du pays, a progressé d'environ 8% depuis le début de l'année, contre 15 à 25% sur les principales places financières européennes.
Pour les entreprises "cela fait des capacités d'investissement en moins", et cela les affaiblit dans la compétition internationale, réagit Eric Heyer.
Plus de frais engagés
Organiser des élections, rembourser des frais aux candidats, multiplier les indemnités pour les anciens ministres... Organiser la démocratie, surtout lorsqu'elle est convoquée plus souvent que d'habitude, a un coût élevé, bien qu'il soit plus négligeable que les autres frais.
L'organisation des élections législatives ayant suivi la dissolution de l'Assemblée nationale a coûté environ 200 millions d'euros, a évalué Charles de Courson, ancien rapporteur général du Budget, dans un rapport parlementaire de novembre 2024.
Lors de la chute du gouvernement de Sébastien Lecornu lundi 6 octobre, de nombreux messages sur les réseaux sociaux ont fustigé les avantages accordés à cinq députés nouveaux entrants au gouvernements qui n'ont parfois été ministres que quelques heures, soit potentiellement trois mois d'indemnités.
Mais un article du code électoral exclut cette possibilité. Les anciens députés vont continuer à percevoir leurs indemnités parlementaires et pas l'indemnité ministérielle.
AFP/VNA/CVN