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>> Le Sénat rejette un projet de loi de finances au premier jour de "shutdown"
>> Des licenciements de fonctionnaires ouvrent une deuxième semaine de blocage budgétaire
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Le président Donald Trump à Quantico, en Virginie, le 30 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme lors du dernier vote le 3 octobre , le texte des élus républicains n'a récolté que trois voix de sénateurs de l'opposition et n'a pas réussi à atteindre le seuil des 60 requises pour lever ce blocage.
Chaque camp s'arc-boute sur ses positions et se rejette la faute depuis le début le 1er octobre de cette paralysie budgétaire qui a entraîné la mise au chômage technique de centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux.
Dans la foulée de cet énième échec au Sénat, Donald Trump a de nouveau sommé l'opposition de mettre fin au blocage.
"Je veux bien travailler avec les démocrates sur leurs politiques ratées de santé, ou n'importe quoi d'autre, mais d'abord, ils doivent permettre à l'État de rouvrir", a soutenu le président américain sur sa plateforme Truth Social.
Pourtant, il avait déclaré peu avant vouloir conclure un accord sur ces questions de santé, revendications principales des démocrates. Les négociations "pourraient mener à de très bonnes choses", avait affirmé le président de 79 ans depuis la Maison Blanche.
Le chef démocrate Hakeem Jeffries a lui dénoncé devant la presse le "silence radio" de la Maison Blanche, qui a cessé a-t-il dit toute discussion avec les responsables de l'opposition depuis une semaine.
Solde
L'exécutif américain continue également de menacer de limoger purement et simplement des fonctionnaires en cas de blocage persistant.
"Hélas, si ce +shutdown+ continue, des licenciements en seront une conséquence malheureuse", a prévenu le 6 octobre la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
Les plus de deux millions d'employés fédéraux se trouvent au premier rang des personnes les plus touchées par la paralysie budgétaire. Même s'ils échappent au licenciement, leur paie est différée jusqu'à ce qu'un budget soit adopté au Congrès, qu'ils soient au chômage technique ou non.
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Une femme passe devant une pancarte de la National Gallery of Art à Washington, annonçant que le musée est fermé en raison du blocage budgétaire en cours au Congrès, le 6 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il est bien possible que ce +shutdown+ se prolonge pendant des semaines, et pas seulement quelques jours", estime Andrew Koneschusky, ancien conseiller du ténor démocrate Chuck Schumer.
Mais pour Michael Strain, économiste au centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute, il est "inconcevable" que le blocage dure plusieurs mois.
Il cite notamment l'absence de solde pour les militaires - dans un pays où ceux-ci ont une place particulière dans l'esprit du grand public - comme un élément majeur de la pression politique que subiront les élus pour sortir de la crise.
Souffrance maximale
À son sixième jour le 6 octobre, le "shutdown" en cours est encore loin du record. Entre décembre 2018 et janvier 2019, déjà sous Donald Trump, le précédent blocage avait duré 35 jours.
Cependant, le président républicain, qui a gelé ces derniers jours des projets d'infrastructures dans des États démocrates, applique aujourd'hui une stratégie de "souffrance maximale" envers l'opposition, selon les termes de certains observateurs.
L'intransigeance du président républicain constitue une raison majeure de croire que le record de durée puisse tomber, explique James Druckman, professeur de sciences politiques à l'université de Rochester.
"L'administration Trump considère qu'elle dispose d'un mandat sans contrôle, et par conséquent ne se prête généralement pas au compromis", souligne-t-il.
De leur côté, "les démocrates ont été critiqués pour ne pas s'être battus de manière suffisamment forte" contre Donald Trump, rappelle le professeur.
En mars dix sénateurs démocrates avaient voté à contrecoeur pour un texte républicain afin d'éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué la colère de nombreux militants et sympathisants démocrates, qui les accusaient de plier face au président.
En définitive, ce "compromis n'a produit aucun effet positif pour les démocrates", analyse James Druckman. Alors cette fois-ci, "ils sont plus enclins à tenir bon".
AFP/VNA/CVN