"Pendant 17 années, j'ai dû vivre loin du Vietnam, mais j'ai toujours su que j'allais revenir un jour dans ce pays", déclare Saadi Salam (photo), nommé ambassadeur palestinien au Vietnam en octobre 2009, mais qui connaît ce pays depuis longtemps.
Son premier séjour au Vietnam date d'il y a 30 ans. En 1980, après avoir terminé ses études secondaires, il a décidé de suivre l'université au Vietnam parmi 3 choix : Roumanie, Italie et Vietnam. À cette époque, la guerre avait pris fin seulement 5 ans auparavant et le pays était en difficulté tandis que l'Italie et la Roumanie semblaient de plus belles destinations. Saadi a quand même décidé d'aller au Vietnam car il considérait que c'était un grand défi et a ainsi fait partie des 3 Palestiniens qui étudiaient au Vietnam à l'époque.
Un élément important qui a influencé la décision de Saadi est l'"image d'une population qui consacre sa vie à la lutte pour l'indépendance du pays, qui lui a donné envie de mieux comprendre". Lors de ses études à l'Université de Hanoi, il a travaillé à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et a décidé de vouer sa carrière aux activités de relations extérieures de cette organisation. Lors de son séjour au Vietnam, il a eu l'occasion de rencontrer Yasser Arafat.
Pendant sa première année au Vietnam, il a aussi rencontré une femme, Kim Oanh, belle et douce, toujours à ses côtés. Pourtant, l'amour entre personnes de nationalités différentes présente beaucoup de difficultés.
En juin 1982, Saadi devait rentrer dans son pays sans savoir s'il pourrait revenir ou non au Vietnam. Toutefois, avant son départ, il a déclaré son amour à Oanh. Trois mois après, il est revenu à Hanoi pour se marier l'année suivante. Après, Saadi est allé travailler au Laos de 1984 à 1989 et a rencontré des cadres lao qui parlaient couramment vietnamien.
Au total, le couple a eu 4 enfants. Sa fille aînée Hanan (nom vietnamien Kim Yên) est née au Laos et a terminé ses études de mastère en France. La deuxième Rima (Kim Anh) suit maintenant un mastère à l'Université de Toulouse. La troisième Hanin (Viêt Khanh) est née le jour de la Fête nationale vietnamienne (2 septembre) et le dernier Ali (Viêt Hà) suit des études en France.
"Les autres trouvent ma famille étonnante car nous nous parlons en anglais, en français, en vietnamien et en arabe", raconte Saadi. Pourtant, le vietnamien et l'arabe sont les 2 langues principales de la famille.
Ce retour au Vietnam lui a montré les grands changements de ce pays où il veut apprendre des leçons sur le développement économique. Deux de ses filles ont décidé de travailler pour l'UNESCO à Hanoi. Kim Yên peut parler vietnamien, anglais et arabe. Elle affirme ne jamais se sentir étrangère au Vietnam car sa mère est vietnamienne et son père aime beaucoup ce pays.
L'ambassadeur Saadi est fier de son style de vie à la fois palestinien et vietnamien car "les 2 pays ont des points communs, surtout le patriotisme et les valeurs familiales". Lors de ses réceptions, ses invités peuvent déguster à la fois des plats palestiniens et vietnamiens. Le diplomate se vante de savoir préparer le poulet bouilli, le nuoc mam et le nem .
Lors de son mandat de 5 ans au Vietnam, il continue de jouer le rôle de pont entre la Palestine et le Vietnam, aussi entre le monde arabe et le Vietnam, car jusqu'à maintenant, la plupart des Vietnamiens ne connaissent du monde arabe que le conte des mille et une nuits.
Il coopère avec ses collègues de 11 ambassades des pays arabes à Hanoi pour fonder un centre arabe au Vietnam. Il a l'intension de traduire des livres arabes en vietnamien et d'inviter l'équipe de football Olympic Palestine et un groupe artistique au Vietnam en septembre prochain.
Hà Minh/CVN