Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, qui devait annoncer le 17 janvier la composition du nouveau gouvernement, a averti le 16 janvier que les autorités de transition ne feraient preuve d'"aucune tolérance" envers ceux qui sèment le chaos dans le pays, dans une déclaration téléphonique à la télévision publique.
Des tirs, d'abord sporadiques, puis de plus en plus nourris, ont été échangés pendant deux heures dans l'après-midi à Tunis entre des francs-tireurs cachés dans des immeubles et des policiers et des militaires, près de l'avenue Bourguiba.
Deux francs-tireurs ont été abattus dans ces affrontements, a annoncé à la télévision publique un officier de l'armée. Quelques heures plus tard, lorsque le couvre-feu était en vigueur, l'armée a donné l'assaut au palais présidentiel de Carthage dans lequel sont retranchés des éléments de la garde présidentielle de Zine el Abidine Ben Ali, selon une source sécuritaire tunisienne. Des habitants de Carthage ont également fait état de tirs dans ce secteur.
Alors que la nuit du 14 janvier au 15 janvier avait été émaillée d'actes de vandalisme et de pillages, la capitale s'était pourtant réveillée dans le calme le 16 janvier. Des comités de vigilance avaient organisé des rondes dans les quartiers. "On n'a pas peur : les hommes protègent nos quartiers des miliciens armés qui sont là pour terroriser. Je me sens en sécurité", a témoigné Mouna Ouerghi, 29 ans, professeur d'université.
La situation s'est brusquement tendue en début d'après-midi : les policiers sont devenus de plus en plus nerveux, contrôlant systématiquement les véhicules.
Douze Suédois venus chasser le sanglier ont été pris à partie par une foule déchaînée, qui les a accusés d'être des "terroristes étrangers" en découvrant leurs armes.
La justice a annoncé le 16 janvier l'arrestation de l'ex-chef de la sécurité du président tunisien déchu, le général Ali Sériati, qui a été officiellement accusé d'être le responsable des pillages et des exactions de ces derniers jours contre la population.
Plusieurs témoignages avaient attribué ces récentes violences à des membres de l'appareil sécuritaire liés à Ben Ali et cherchant à créer le chaos pour tenter de favoriser son retour. L'ex-président, cédant à la pression de la rue, a fui le 14 janvier en Arabie saoudite.
Un de ses neveux, Kaïs Ben Ali, a été interpellé à Msaken (Centre), dans la nuit du 15 janvier au 16 janvier avec dix personnes qui "tiraient en tous sens" à bord de véhicules de police, ont raconté des témoins.
Au Palais du gouvernement, le Premier ministre a consulté le 16 janvier des représentants des partis politiques pour amorcer le processus de transition.
"La composition du nouveau gouvernement sera annoncée demain matin", a déclaré Maya Jribi, secrétaire générale du PDP, l'opposition légale la plus radicale en Tunisie, à l'issue de cette réunion.
AFP/VNA/CVN