Sauvegarder et valoriser la culture des ethnies

Le Vietnam est un pays multiethnique avec 54 ethnies, dont 53 minoritaires. Cette mosaïque diversifie et enrichit la culture nationale. La préservation et la valorisation de ce trésor sont plus que jamais nécessaires à l’heure de la mondialisation.

Reconstitution d’une cérémonie visant à honorer le métier de tissage de brocatelles de l’ethnie Tà Ôi.

Selon le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, la préservation et la promotion de la culture des minorités ethniques ont contribué à renforcer le patriotisme et la fierté de la population.

Les minorités ethniques représentent 14,7% de la population du Vietnam. Elles vivent dans six zones socio-économiques : les moyennes et hautes régions du Nord, le delta du fleuve Rouge, les régions septentrionale et côtière du Centre, les hauts plateaux du Centre, le Sud-Est, et le delta du Mékong. Chaque ethnie a sa propre langue et sa propre culture.

Ces dernières années, le Parti et l’État ont accordé une attention particulière au développement des minorités ethniques et des régions montagneuses. Leur vie s’est beaucoup améliorée. En plus de veiller au développement socio-économique de ces zones, l’État a pris des mesures pour encourager ces dernières à perpétuer leurs belles traditions.

Le ministère, en coordination avec les autorités locales, organise périodiquement des célébrations (Journées culturelles ou festivals) visant à mettre en valeur les caractéristiques culturelles des 54 ethnies.

Lors de ces événements, de nombreuses activités sont organisées : des fêtes et coutumes sont reconstituées, des traditions culinaires présentées, des produits culturels et touristiques exposés, des jeux populaires, etc. Ce sont plus de 80 fêtes traditionnelles d’ethnies telles que les Muong, les Thai, les Tày, les Co Tu, les H’mông, les Nùng, les Dao, les Bana, les Chut et les Khmer qui ont été revitalisées et sont organisées annuellement.

Ce sont 35 villages de 26 minorités différentes qui ont été aidés dans la préservation de leur patrimoine culturel traditionnel, notamment à travers des festivals de chants et danses folkloriques, de l’artisanat, etc.

Sur les 13 patrimoines culturels immatériels vietnamiens classés par l’UNESCO, trois appartiennent aux minorités ethniques, informe Lê Thi Thu Hiên, cheffe du Département du patrimoine culturel relevant le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.

Qui plus est, 145 des 288 patrimoines culturels immatériels nationaux appartiennent à des minorités ethniques.

La radio et la télévision diffusées en langues des minorités ethniques augmentent. Actuellement, 67 stations de radio et de télévision, une centaine de journaux et plus de 200 pages d’informations électroniques participent à une vaste propagande sur les affaires ethniques.

Le défi de la préservation à relever

La culture des minorités ethniques est une partie importante de la culture nationale. Pourtant, elle est actuellement confrontée à une tendance au changement. Par conséquent, il est nécessaire d’avoir de nouvelles méthodes pour préserver ce trésor.

Deux femmes Tà Ôi maîtrisant l’art de la broderie.

Selon le chef chargé de la législation du Conseil populaire de la province septentrionale de Lai Châu, Hoàng Quôc Khanh, de nombreux habitants autochtones ne connaissent plus les chants et les danses de leur ethnie. Le risque de voir la musique traditionnelle ou la langue disparaître est grand. Quelques ethnies ne parlent plus leur langue maternelle. Des fêtes et de belles coutumes traditionnelles ne restent parfois que dans la mémoire des anciens et des patriarches.

"Parmi les éléments de la culture ethnique, la langue constitue la caractéristique unique et la plus précieuse de chaque ethnie. Perdre la langue entraîne la disparition de l’art, de la culture, des coutumes…", indique Pham Minh Quân, chercheur en culture. Plusieurs solutions ont été proposées dans le but de sauvegarder les cultures ethniques dans toute leur richesse.

S’adapter à la 4e révolution industrielle

Sur la liste nationale des 288 patrimoines culturels immatériels, ceux des minorités occupent la moitié. Un travail colossal a ainsi été mené pour les numériser et leur donner une deuxième existence en sons et en images, qui n’est limitée ni par le temps, ni par les lieux, ni par les langues, fait savoir Nguyên Quang Duc, chef du Département chargé des localités No1 du Comité des affaires ethniques du gouvernement.

"La numérisation est une étape nécessaire avant la traduction en langues étrangères de documents relatifs aux patrimoines. Cette traduction est destinée autant à la diaspora vietnamienne qu’aux amis étrangers, auxquels nous souhaitons rendre compte de la richesse du patrimoine culturel matériel et immatériel vietnamien", explique-t-il.

Le Dr. Luu Trân Tiêu, président de l’Association du patrimoine culturel du Vietnam, a appelé à davantage de formation pour les agents de la culture qui doivent avoir une bonne compréhension des coutumes et traditions des groupes ethniques. Ces agents chargés de la culture qui doivent aussi avoir les connaissances et les compétences nécessaires pour s’adapter à la 4e révolution industrielle. "Il est important de numériser toutes les données et archives liées à la culture ethnique. Ces données devraient être mises à la disposition du public pour des activités de recherche et de promotion", souligne-t-il.

Les experts culturels s’accordent aussi sur le rôle décisif des communautés dans la préservation des patrimoines culturels et sur le fait que les patriarches, les anciens des villages, les artisans et les chamans sont à l’origine des décisions culturelles importantes de la communauté.

"À mon avis, au lieu de conserver en l’état tel ou tel patrimoine culturel, il faut faire en sorte qu’il puisse évoluer de façon appropriée. Tout patrimoine doit pouvoir exister au sein de la communauté qui l’a créé, sans devenir un obstacle au développement de celle-ci", estime Nguyên Thi Thanh Vân, Professeure à l’Université de culture de Hanoï.

Selon Trinh Thi Thuy, vice-ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, il faut d’abord élever la conscience des habitants sur la nécessité de les conserver. Le renforcement de la fierté des jeunes envers la culture de leur ethnie est important, permettant ensuite une meilleure préservation. "Sans la communauté dont ce patrimoine est issu, il sera difficile de réaliser ce travail de préservation", conclut-il.

À l’heure actuelle, les missions de préservation et de promotion des cultures ethniques visent autant à renforcer la force intrinsèque de la nation qu’à satisfaire la demande croissante des habitants du pays et des touristes étrangers de découvrir l’immense trésor culturel du pays.


Thuy Hà-TH/CVN

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