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Nguyên Viêt Hùng, co-responsable du Programme sur la santé humaine et animale à l'ILRI. |
Photo : NVCC/CVN |
Début 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié une liste des experts chargés des études sur l’origine du SARS-COV-2 causant la pandémie de COVID-19. Parmi eux figure Nguyên Viêt Hùng, co-responsable du Programme sur la santé humaine et animale à l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) à Nairobi, au Kenya. Ce scientifique tient ainsi au travers de son travail à contribuer à l’amélioration de la santé dans le monde.
Scientifique par chance
Depuis une vingtaine d’années, le Dr Nguyên Viêt Hùng fait des recherches sur le lien entre la santé, l’agriculture, l’environnement et particulièrement sur l’influence de la sécurité sanitaire des aliments sur la santé humaine. Menant des activités professionnelles mondialement reconnues, le jeune homme ne comptait cependant pas devenir scientifique.
"J’ai fait mes études à l’École normale supérieure de Hanoï. Après l’obtention de mon diplôme en biologie et techniques agricoles, j’ai reçu une bourse et me suis rendu en France faire mes études. Après l’avoir terminé, le programme de l’enseignement de biologie a été suspendu, j’ai décidé d’y rester pour faire une thèse de doctorat en biologie de l’environnement.
Je me suis penché sur l’évaluation de la pollution atmosphérique au Vietnam grâce aux micro-organismes vivant dans les mousses comme bioindicateurs", se souvient-il.
Une fois son doctorat en poche, Nguyên Viêt Hùng a ensuite effectué des recherches postdoctorales en Suisse sur l’impact de l’eau et de l’assainissement environnemental sur la santé humaine dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique de l’Ouest, en Côte d’Ivoire et en Asie, en particulier le Vietnam et la Thaïlande.
Nguyên Viêt Hùng (2e à gauche) en compagnie de ses collègues en Chine. |
Photo : NVCC/CVN |
Nguyên Viêt Hùng a par la suite travaillé pendant la période 2008-2014 au Vietnam et en Thaïlande sur la santé et l’environnement.
Il a assumé le poste de représentant de l’ILRI au Vietnam pendant quatre ans (de 2014 à 2017) et ensuite en Asie de l’Est et du Sud-Est jusqu’en 2020, année où il est parti en mission au Kenya comme co-responsable du Programme sur la santé humaine et animale dudit institut.
Avec à son actif près d’une vingtaine d’années à travailler dans différents régions et pays du monde, la vie professionnelle de Nguyên Viêt Hùng est rythmée de voyages. Pour lui, c’est la caractéristique même de son activité de recherche. "Travailler pour un institut international avec des bureaux partout dans le monde me permet de me déplacer régulièrement. Chaque départ est une mission", partage-t-il.
Viêt Hùng a été également coordinateur du groupe de travail "Une seule santé" (One Health) en réponse à la pandémie de COVID-19 l’Organisation du système international de recherche agricole (CGIAR). En outre, il a été fondateur du Centre de santé publique et de recherche sur les écosystèmes (CENPHER), à l’Université de santé publique de Hanoï et chercheur à l’Institut tropical et de santé publique suisse SwissTPH.
La plupart des recherches dont il est responsable ont pour but d’améliorer la santé du bétail dans les pays en développement afin d’augmenter le rendement de l’élevage pour permettre aux agriculteurs de mieux nourrir leurs familles et d’améliorer la productivité ainsi que la résilience agricole. "Nos but et objectif sont liés à l’amélioration de la santé humaine et animale ainsi que sur le moyen d’existence des hommes. J’effectue des enquêtes sur le terrain à tous les endroits où je travaille, auprès des foyers, marchés et abattoirs, afin de faire des évaluations exactes sur l’influence de la contamination des aliments sur la santé humaine ainsi que sur l’économie locale", raconte-t-il.
Traiter des maladies humaine et animale
Selon le Dr Nguyên Viêt Hùng, outre les recherches sur l’amélioration de la santé animale - les maladies zoonotiques, il est nécessaire de trouver des solutions pour empêcher l’arrivée et le développement des maladies d’origine animale, comme la grippe aviaire. "La mission du CGIAR, comme des scientifiques, est non seulement de faire des recherches mais également de faire passer des messages pour faire les changements, par le biais des résultats de nos recherches", précise-t-il.
En ce qui concerne le COVID-19 et ses défis, le Docteur estime que le monde fait actuellement face à d’importants défis sanitaires. Cette pandémie a causé des conséquences importantes sur la santé dans le monde, mais aussi sur l’économie et le fonctionnement des sociétés. Il s’agit d’une question importante pour toute la société actuelle et future. Dans les années à venir, le monde et en particulier les pays en développement, continueront d’avoir leur lot de défis à relever. Parmi eux, les maladies infectieuses émergentes, la résistance aux antibiotiques et le manque de sécurité sanitaire des aliments, entre autres.
"Afin de remédier à ces problèmes, le monde tient à l’approche dite +Une seule santé+ qui est appliquée en renforçant la collaboration entre les différents secteurs", souligne-t-il. Et d’ajouter que le règlement des maladies, infectieuses émergentes, la résistance aux antibiotiques et le manque de sécurité sanitaire des aliments ne relève pas de la responsabilité seule du secteur sanitaire, mais aussi de ceux de l’environnement et de l’agriculture. En effet, les agriculteurs, décideurs politiques ainsi que scientifiques doivent saisir ce lien et travailler conjointement pour trouver des mesures efficaces.
Le scientifique rêve de mettre en place une grande équipe de recherche pour régler les problèmes et questions concernant l’agriculture, l’environnement et la santé. "J’ai toujours souhaité diriger une grande équipe, au Vietnam ou ailleurs, traiter des maladies animale et humaine afin d’améliorer le niveau de vie des agriculteurs", conclut-il.