S&P menace les banques de la zone euro et l'UE

Après avoir menacé la zone euro le 5 décembre, l'agence de notation Standard & Poor's s'en est pris le 7 décembre à plusieurs grandes banques de la zone euro, dont de nombreuses françaises, et à l'Union européenne.

S&P cible maintenant le secteur bancaire, qui se trouve déjà au coeur de la tourmente financière et qui est un vecteur de propagation de la crise de la dette publique, mais aussi l'UE.

De nombreuses banques françaises sont à présent menacées d'une dégradation de leur note, dont BNP Paribas, BPCE (maison mère du Crédit Foncier), la Société Générale, la BRED-Banque populaire, le Crédit foncier de France, le Crédit lyonnais, le Crédit Agricole et des caisses régionales.

Côté allemand, Deutsche Bank et sa filiale Postbank, Commerzbank ou encore Eurohypo sont concer-nées, tout comme UniCredit et Intesa Sanpaolo en Italie.

Le fait que les banques françaises soient particulièrement menacées n'est pas vraiment une surprise. Dès le 5 décembre, lorsque S&P avait dit envisager d'abaisser de deux crans la note de la France, l'agence s'était inquiétée des contraintes nouvelles pesant sur le financement des établissements bancaires français.

Elle allait jusqu'à dire qu'une intervention de l'État pourrait être nécessaire pour les renflouer.

Depuis août, les banques françaises empruntent plus difficilement sur les marchés en dollars, elles qui en étaient jusqu'ici grandes consommatrices. Sous pression, les trois grandes banques françaises cotées ont toutes annoncé, en septembre, des mesures pour réduire leurs besoins en billets verts.

S&P ne compte pas s'en tenir là. "Des décisions similaires concernant la notation d'autres grandes banques de la zone euro seront bientôt prises", précise-t-elle dans un communiqué.

L'UE, notée "AAA" depuis 1976, pourrait aussi perdre cette note, mise sous surveillance négative. S&P a invoqué ses "inquiétudes quant aux répercussions potentielles du service de la dette des États de la zone euro à l'avenir".

Intenses tractations

L'Union est un petit émetteur de dette, qui est obligé d'avoir un budget équilibré, mais qui a placé des obligations avec des maturités de 5 à 15 ans pour financer des prêts à des pays membres en difficulté (Hongrie, Roumanie, Grèce, Irlande et Portugal).

La décision du 5 décembre a entraîné dans son sillage plusieurs annonces de placement sous surveillance des notes d'entités liées aux États, comme plusieurs régions espagnoles ou des entreprises publiques françaises.

Cette annonce sur les banques, quoique logique, devrait encore renforcer la pression sur les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne qui devaient se retrouver le 8 décembre à partir de 19h30 (18h30 GMT) à Bruxelles lors d'un nouveau sommet jugé décisif pour sauver la zone euro.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel ont appelé le 7 décembre leurs partenaires européens à mettre en place une gouvernance renforcée de la zone euro, avec plus de discipline budgétaire et de convergence dans certains domaines comme la finance et le travail.

Dans un courrier adressé au président du Conseil européen Herman Van Rompuy, le président et la chancelière ont détaillé leur proposition commune de révision des traités européens, dévoilée le 5 décembre à l'Élysée au terme d'intenses tractations, pour tenter d'enrayer la crise des dettes souveraines.

Les deux dirigeants doivent aussi rencontrer, avant le sommet, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, a indiqué une source européenne.

Le rôle de la BCE dans les efforts pour circonscrire la contagion d'une crise de la dette qui menace l'existence même de la monnaie unique est au centre des débats.

Entretien Obama-Merkel

Le président des États-Unis Barack Obama s'est d'ailleurs entretenu au téléphone avec Mme Merkel pour officiellement exprimer "son soutien aux efforts que la chancelière et d'autres dirigeants européens consentent pour résoudre la crise", selon la Maison blanche.

"J'ai souligné à quel point il est important pour les États-Unis et le reste du monde que l'Europe réussisse", a déclaré de son côté le secrétaire américain au Trésor au cours de l'étape parisienne de sa tournée européenne. "Je suis confiant dans le fait qu'elle réussira", a ajouté Timothy Geithner. Après avoir rencontré mardi les responsables allemands et de la BCE, il s'est entretenu dans la soirée avec le futur chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy à Marseille, dans le Sud-Est de la France, qui a lui expliqué son programme pour redresser l'Espagne. M. Geithner devait finir sa tournée européenne le 8 décembre en Italie avec le nouveau président du Conseil Mario Monti.

Comme il le fait depuis septembre, l'Américain profite de ce voyage opportunément calé avant le sommet de Bruxelles pour insister sur un point cher à Washington : la construction d'un "pare-feu suffisamment fort" pour empêcher que la crise de la zone euro n'échappe à tout contrôle et n'enfonce le reste du monde, États-Unis en tête, dans la récession.

Ce "pare-feu" sera l'un des grands enjeux du sommet, même s'il a été jusqu'ici occulté par les propositions franco-allemandes pour une discipline budgétaire accrue.

AFP/VNA/CVN

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