Pour souligner l'urgence, M. Monti, qui a avancé l'adoption de son plan anti-crise initialement prévue le 5 décembre, a rappelé avoir reçu il y a trois semaines le mandat d'"aider à sauver l'Italie" d'une crise "très grave" qui "risque de compromettre ce qu'ont accompli en 60 ans de sacrifices au moins quatre générations d'Italiens".
Conscient de la sévérité de la cure imposée aux Italiens, cet ancien professeur d'économie a jugé de son "devoir" de renoncer à son salaire tandis que la ministre aux Affaires sociales Elsa Fornero a fondu en larmes à l'évocation des "sacrifices" réclamés en soulignant qu'ils lui ont "coûté psychologiquement".
Le décret-loi adopté le 4 décembre contient des mesures de rigueur pour 20 milliards d'euros d'ici 2014, dont un durcissement des régimes de retraite, mais aussi des investissements pour relancer la croissance pour dix milliards d'euros.
Entouré de ses principaux ministres, l'ancien commissaire européen s'est engagé, à quelques jours du sommet européen crucial qui se tient le 9 décembre, à "mettre fortement sous contrôle le déficit et la dette" pour que l'Italie cesse d'être "considérée comme un foyer" de crise et d'inquiétude pour l'Europe. "Ensemble nous y arriverons", a-t-il assuré en disant vouloir "transmettre un message de grave préoccupation mais aussi de grand espoir".
M. Monti a dû demander aux Italiens de se serrer davantage la ceinture pour tenir la promesse faite à Bruxelles d'atteindre l'objectif de l'équilibre budgétaire en 2013, car les deux plans d'austérité de 60 milliards d'euros adoptés en juillet et en septembre ne sont pas suffisants compte tenu de l'entrée en récession de l'économie italienne.
Le vice-ministre de l'Économie, Vittorio Grilli, a indiqué à ce sujet que le gouvernement tablait sur un repli du PIB de 0,4 ou 0,5% l'an prochain avant une croissance "plate" en 2013.
M. Monti a tenu à préciser qu'il ne réclamait pas aux Italiens des sacrifices "parce que l'Europe nous le demande" et qu'il ne se sentait pas soumis à la pression du couple franco-allemand.
La réforme des retraites annoncée prévoit une augmentation du nombre d'années de cotisation, fixé actuellement à 40 ans, un calcul des pensions fondé sur l'ensemble de la carrière et non sur les derniers salaires perçus et une accélération du relèvement prévu de l'âge de départ des femmes.
La cure d'austérité comprend aussi des coupes dans les dépenses publiques, une augmentation de la taxation de l'immobilier, une nouvelle taxe sur les biens de luxe (voitures, yachts, avions privés) et un renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale.
Ces mesures sont "socialement insupportables" et constituent "un coup très dur pour les retraités", a dénoncé Susanna Camusso, la chef de la Cgil (gauche), le principal syndicat italien, qui a été reçue comme les autres leaders syndicaux et politiques par M. Monti avant le conseil des ministres.
Les mesures seront présentées dès le 5 décembre aux deux chambres du parlement qui devraient les approuver avant Noël. Selon M. Monti, sans ce plan d'austérité, l'Italie risquerait de devenir "insolvable" mettant en péril l'euro.
La méfiance des marchés a propulsé les taux d'emprunt de l'Italie à des niveaux jugés insoutenables à terme pour le pays qui croule sous une dette colossale (120% de son PIB).
Sur le front de la relance de la croissance, le plan d'action du gouvernement prévoit notamment une réduction des charges sociales pour les entreprises embauchant surtout des jeunes et des femmes, ainsi que des mesures pour par exemple garantir les prêts à destination des PME, stimuler la recherche et les économies d'énergie.
AFP/VNAC/VN