La zone euro se tourne vers le FMI pour demander d’aide

La zone euro a décidé de se tourner le 29 novembre au soir davantage vers le FMI pour l'aider à enrayer la crise de la dette, après avoir réalisé qu'elle n'aurait pas seule les moyens de faire face, son Fonds de secours financier devant être doté d'une puissance de feu inférieure aux attentes.

La force de frappe de ce Fonds, le FESF, n'atteindra "probablement pas" le montant de 1.000 milliards d'euros initialement prévu fin octobre, a reconnu Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, à l'issue d'une réunion à Bruxelles.

"Les conditions ont changé" sur les marchés financiers, a-t-il argué, avec une vague de défiance croissante à l'égard de l'Union monétaire qui affecte également le Fonds, pourtant doté d'un triple A, la meilleure note possible attribuée par les agences spécialisées.

Les ministres ont retenu deux options pour doper la puissance d'intervention de leur dispositif. La principale consiste en un mécanisme de garantie de remboursement à hauteur de 20 à 30% pour les investisseurs qui accepteront de prêter de l'argent à des pays en difficulté. Mais personne ne sait plus très bien si le montage sera suffisant pour inciter les banques et compagnies d'assurance à s'engager massivement.

Il y a tout juste un mois, le dernier sommet des dirigeants européens avaitt fixé comme objectif un montant allant jusqu'à 1.000 milliards d'euros, dans l'espoir de rassurer les marchés financiers sur la capacité de la zone euro de bâtir un pare-feu convaincant.

Entre-temps, la tempête a gagné encore en vigueur, menaçant la France, voire même l'Allemagne, et l'euro tout entier.

Signe de cette dégradation, l'Italie a dû encore payer le 29 novembre des taux d'intérêt record pour emprunter sur les marchés. Les taux d'emprunt de la troisième économie de la zone euro ont dépassé nettement le seuil de 7%, jugé insoutenable à long terme pour la péninsule très endettée, lors d'une émission obligataire très attendue. "Augmenter la force de frappe du FESF à hauteur de 1.000 milliards d'euros semble très difficile, (on arrivera) peut-être à la moitié, donc nous cherchons aussi ailleurs et (...) nous devons regarder du côté du FMI", a résumé le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager.

Dans ce but, la zone euro a décidé le 29 novembre au soir d' "examiner rapidement une augmentation des ressources du FMI au travers de prêts bilatéraux" des pays de l'Union monétaire, a déclaré M. Juncker.

Les Européens entendent par ce biais montrer l'exemple et lancer un appel du pied aux autres grands pays contributeurs du FMI pour qu'ils remettent aussi au pot et les aident à résoudre la crise de la dette, alors que les États-Unis et de nombreux grands pays émergents sont très réticents à délier les cordons de leurs bourses.

L'idée est aussi d'encourager la Banque centrale européenne, indépendante, à effectuer elle aussi des prêts au FMI et ainsi indirectement à aider les pays fragiles de la zone euro. "Nous devons intervenir avec la BCE, le FMI et avec un FESF renforcé là où cela est nécessaire", a affirmé le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden.

Cette option permettrait de contourner l'interdiction faite à la BCE de prêter directement aux États de la zone euro, ainsi que le refus de l'institut monétaire et du gouvernement allemand de la voir augmenter massivement ses rachats d'obligations des pays fragiles sur les marchés pour freiner la hausse des taux.

Ces discussions interviennent alors que Paris et Berlin s'opposent sur le rôle que doit jouer la BCE dans la résolution de la crise de la dette, la France militant pour une intervention massive de l'institut monétaire tandis que l'Allemagne estime que la BCE doit rester un rempart contre l'inflation.

AFP/VNA/CVN

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