Le FMI lance un appel du pied à la BCE

Le Fonds monétaire international a lancé le 2 décembre un appel du pied à la Banque centrale européenne, au moment où plusieurs gouvernements de la zone euro l'appellent à contribuer aux ressources de l'institution de Washington.

La presse spéculait depuis une quinzaine de jours sur la possibilité pour la BCE de renforcer les moyens financiers du FMI, sur fond de montée des coûts d'emprunt pour l'Italie, l'Espagne et d'autres pays de la zone euro, y compris la France. Mais l'hypothèse n'avait rien d'officiel jusque-là.

Elle a été accréditée par le Fonds lui-même le 2 décembre.

"Comme l'a dit la directrice générale Christine Lagarde, le FMI aura besoin de plus de ressources si la crise devait s'aggraver encore", a écrit dans un communiqué un porte-parole, Gerry Rice. "Et comme le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker l'a noté après l'Eurogroupe du 29 novembre, les autorités européennes, tout comme d'autres pays membres, examinent actuellement des prêts bilatéraux au FMI", a-t-il ajouté. "Comme nous l'avons également noté, de tels prêts pourraient effectivement venir des banques centrales des États membres, et de fait ces banques centrales prêtent déjà au Fonds dans le cadre des nouveaux accords d'emprunts et d'accords bilatéraux depuis 2009", a-t-il rappelé.

La rhétorique du FMI est montée d'un cran par rapport à la veille, où ce même porte-parole avait seulement dit qu'il était "juridiquement" envisageable que la BCE prête des liquidités au Fonds, mais qu'il n'y avait "pas de discussions en cours sur cette question en particulier".

La BCE a été muette jusqu'ici sur ses intentions vis-à-vis du Fonds.

Ce qu'elle dit publiquement, c'est qu'elle ne souhaite pas augmenter son soutien aux Etats de la zone euro en difficulté en rachetant plus de leurs titres de dette sur les marchés, car les textes lui interdisent de financer ces États. "Il y a un traité. On ne doit pas demander à la BCE de faire des choses hors du traité", a déclaré le 1er décembre son président Mario Draghi. Mais tous les gouvernements de la zone euro ne sont pas d'accord sur ce point. L'Allemagne refuse que l'institut monétaire dévie de sa mission officielle : combattre l'inflation. Mais le président français Nicolas Sarkozy s'est dit le 1er décembre dernier "convaincu" que la BCE, qui "est indépendante", "agira" car "c'est sa responsabilité". "À elle de décider quand et avec quels moyens", a-t-il précisé.

Une contribution de la BCE serait bienvenue pour rendre le FMI plus crédible comme éventuel pompier face à l'incendie qui gagne la zone euro. Selon le dernier point sur ses finances, le FMI peut encore engager 291 milliards d'euros (soit 389 milliards de dollars) pour ses États membres. En comparaison, l'Italie a indiqué en novembre qu'elle prévoyait d'emprunter sur les marchés 440 milliards d'euros en 2012.

Mme Lagarde a ouvertement posé à ses États membres en septembre la question de savoir s'ils comptaient ou non augmenter des ressources qui, d'après elle, faisaient "pâle figure au regard des besoins de financement potentiels des pays vulnérables et des victimes collatérales de la crise".

AFP/VNA/CVN

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