Rebond des Bourses, mais les marchés restent inquiets

Les marchés asiatiques rebondissaient le 10 août, encouragés par la reprise de Wall Street la veille après les commentaires de la Fed américaine, mais les investisseurs s'interrogeaient sur la durée de ce sursaut, sur fond d'angoisse pour la croissance mondiale.

Les principales Bourses asiatiques ont ouvert en hausse le 10 août et se maintenaient dans le vert dans la matinée, après la débâcle des deux derniers jours.

À Tokyo, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes est repassé au-dessus des 9.000 points et était en hausse de 1,15% à la mi-séance. Séoul a rebondi de 4,22% à l'ouverture (après avoir glissé de près de 10% la veille en séance), Hong Kong gagnait 3,79% et Shanghai 1,28%.

Sydney, seule grande place de la région Asie-Pacifique à s'être redressée la veille (+1,2% en clôture) grâce à une chasse aux bonnes affaires, prenait 2,68% à la mi-journée.

Cette reprise des places asiatiques s'effectue dans le sillage du rebond spectaculaire de la Bourse de New York le 9 août, après plusieurs séances de lourdes pertes. Le Dow Jones a gagné près de 4%, dopé par les annonces de la Banque centrale américaine sur le maintien de son taux d'intérêt directeur à 0% pour encore deux ans.

La Réserve fédérale a annoncé qu'elle allait garder son taux d'intérêt directeur près de zéro "au moins jusque mi-2013" et qu'elle envisageait de nouvelles mesures de relance. C'est la première fois que l'institution prend un engagement aussi précis. Mais les analystes restaient prudents.

"La grande question est de savoir combien de temps va durer cette reprise avant que les participants se demandent si c'est juste un rebond technique, comme c'est souvent le cas, ou si on a vraiment atteint le fond", a déclaré Ben Potter, analyste chez IG Market. "Le marché ne s'est pas encore stabilisé", a prévenu Toshiyuki Kanayama, analyste chez Monex. "Nous assistons aujourd'hui à une hausse des cours suscitée par un sentiment de soulagement, mais la route de la reprise sera agitée".

Attitude prudente

Le pétrole s'est lui aussi ressaisi : le baril de "light sweet crude" septembre gagnait 1,72 USD à 81,02 et le Brent s'appréciait de 1,84 USD à 104,41 USD dans les échanges de la matinée en Asie.

Le 9 août, peu après l'annonce de la Fed, les cours avaient pourtant cédé du terrain en raison des déclarations de la Fed sur les perspectives de croissance "considérablement plus lentes". Le marché pétrolier craint qu'une croissance ralentie pèse sur la consommation d'or noir.

Les cours de l'or noir étaient passés le 9 août sous les 80 USD pour le "light sweet crude" et sous les 100 USD pour le Brent. L'or, qui a joué à plein son rôle de valeur refuge ces derniers jours, affichait une petite hausse, de dix dollars, à 1.753,80 dollars l'once à l'ouverture, un niveau bien inférieur au pic atteint le 9 août (1.780,10 USD).

L'euro s'est apprécié face au dollar et s'échangeait à 1,4360 dollar le 10 août en Asie, pratiquement au même cours qu'à New York la veille. Le billet vert s'est aussi affaibli face au yen, à 77,09 yens, contre 76,94 yens à New York.

Le 9 août, de Séoul à Paris en passant par Londres, les places financières avaient soufflé le chaud et le froid toute la journée, affolées par des craintes d'une nouvelle récession aux États-Unis et d'une contagion de la crise de la dette en zone euro à l'Espagne et à l'Italie.

Au plus fort de la chute le 9 août, les marchés européens ont dévissé de 4% à 6%, se rapprochant d'un krach boursier, considéré comme une chute brutale des Bourses d'au moins 20% en quelques jours ou de 10% sur une journée. Sur une semaine, Paris avait perdu plus de 13%, Londres un peu plus de 15% et Francfort près de 19%.

Nombre de Bourses du Vieux Con-tinent ont au final clôturé en hausse : Paris a gagné 1,63%, Lon-dres 1,89% et Francfort a terminé quasiment à l'équilibre (-0,10%).

Madrid a fini en baisse de 0,36% et Milan en hausse de 0,52%. Les gouvernements des deux pays restent soumis à la pression des investisseurs et des agences de notation, malgré la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de racheter, sur le marché de gré à gré, leur dette publique.

Depuis la crise financière de 2008, les investisseurs, particuliers comme professionnels, n'hésitent plus à liquider leurs titres à la moindre alerte afin de protéger leur mise de départ, selon des analystes.

Ils sont allergiques aux signes d'essoufflement de la croissance américaine, surtout après la dégradation historique de la note de la dette de la première puissance économique mondiale vendredi par Standard and Poor's.

La zone euro ne parvient pas non plus à convaincre les investisseurs de sa volonté d'éviter une contagion de la crise de la dette publique qui menace d'emporter l'Italie et l'Espagne, malgré les efforts répétés des responsables européens pour rassurer.

AFP/VN/CVN

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