"Je veux annoncer que les responsables des deux partis dans les deux chambres ont trouvé un accord qui va réduire le déficit et éviter le défaut (de paiement), un défaut qui aurait eu un effet dévastateur sur notre économie", a indiqué le président Obama peu avant 21h00 (le 1er août 01h00 GMT) depuis la Maison Blanche.
L'accord permet ainsi, s'il est adopté par le Congrès avant ce minuit (demain 04h00 GMT), d'empêcher l'administration américaine d'être confrontée dans les jours qui suivent à un défaut de paiement.
Le soulagement était notable sur les marchés après l'annonce. La Bourse de Tokyo a grimpé de 1,84% à la mi-séance le 1er août après l'annonce de l'accord et le dollar reprenait également du terrain. Les marchés américains étaient en nette hausse le 31 juillet, dans les échanges électroniques de la fin du week-end. Selon les chiffres publiés vers 01h10 GMT le 1er août, 21h10 aux États-Unis, par la chaîne de télévision CNBC sur son site Internet, l'indice Dow Jones gagnait 1,51%, à 12.271 points. Le Nasdaq prenait 1,45%, à 2.393 points et l'indice élargi S&P augmentait de 1,57% à 1.309 points.
La chef de la minorité démocrate de la chambre basse Nancy Pelosi a affirmé dans un court communiqué : "Nous sommes tous d'accord pour penser que notre pays ne peut manquer à ses obligations". "Je vais voir avec les élus de mon parti à la Chambre comment nous pouvons les aider", écrit-elle à la veille d'une réunion avec ses membres qui doivent se prononcer sur l'accord.
Le plan ne prévoit aucune hausse d'impôts sous aucune forme, ce qui risque de mal passer sur la gauche du parti démocrate.
Quelques minutes seulement avant le président, le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, avait annoncé la nouvelle devant la chambre haute. "Je suis soulagé que les chefs des deux partis se soient rapprochés pour le bien de notre économie afin d'atteindre un accord historique bipartite qui mette fin à cette impasse dangereuse", a-t-il déclaré.
Le chef de la minorité républicaine Mitch McConnell est ressorti souriant du Sénat après l'annonce de M. Reid en déclarant : "nous sommes heureux que les deux partis aient été capables de se rassembler et de produire les grandes lignes d'un plan que nous pourrons recommander dans notre groupe (républicain)".
Négociations acharnées
Selon un responsable américain qui a requis l'anonymat, l'accord prévoit un relèvement du plafond de la dette d'au moins 2.100 milliards de dollars, pour permettre au Trésor de faire des emprunts après le 2 août. Le tout pour tenir jusqu'en 2013, soit après les élections.
Cette mesure sera accompagnée d'une première réduction des dépenses de 1.000 milliards de dollars. Une commission spéciale bipartite du Congrès sera ensuite chargée de trouver -avant Thanksgiving, fin novembre - des baisses de dépenses supplémentaires à hauteur de 1.500 milliards de dollars.
Dans le cas où aucun accord n'interviendrait sur des réductions budgétaires supplémentaires, un mécanisme contraignant se mettrait en place, imposant automatiquement un certain nombre de coupes, y compris pour la défense et le programme de santé Medicare pour les personnes âgées.
Un responsable de la Maison blanche a néanmoins indiqué que la Sécurité sociale et Medicare, le programme de santé pour les plus âgés, ne seraient pas touchés par ces coupes automatiques.
C'est sur ce point notamment que les négociations avaient stagné ces derniers jours.
Les républicains de la Chambre, majoritaires dans cette assemblée, devaient encore entériner l'accord le 1er août. Mais leur chef, John Boehner, s'est montré plutôt favorable au texte. "Ce n'est pas idéal", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique avec ses membres selon un responsable républicain. "Mais quand on le regarde, on se rend compte que c'est ce sur quoi nous avons travaillé", a-t-il dit.
Les républicains ont obtenu d'importantes baisses des dépenses sans céder sur une hausse des impôts des ménages les plus riches ou la suppression de niches fiscales, comme celle qui profite aux propriétaires d'avions d'affaires, et qui a été dénoncée à de nombreuses reprises par le président lui-même.
"Nous ne sommes pas au bout de nos peines : j'appelle les élus des deux partis de faire ce qui est juste et d'apporter leur soutien à cet accord", a souligné le président.
Le 31 juillet, le Sénat avait écarté une proposition démocrate pour relever le plafond de la dette, qui avait déjà été condamnée par la minorité républicaine le 30 juillet.
Après le rejet de ce plan, proposé par M. Reid, les espoirs se sont tournés vers les négociations entre républicains, démocrates et la Maison Blanche pour relever le plafond de la dette, actuellement de 14.294 milliards de dollars, avant aujourd'hui.
Les deux parties ont fait des concessions au fil des négociations, mais leurs positions restent largement opposées. D'un côté, les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.
AFP/VNA/CVN