Les bourses d'Asie dégringolent, la BCE et le G20 tentent de reprendre la main

Les bourses asiatiques accéléraient leurs pertes le 8 août à la mi-journée, après l'abaissement de la note des États-Unis, et alors que les dirigeants des principales économies de la planète se sont mobilisés jusqu'au dernier moment pour prévenir un krach mondial.

La Bourse de Tokyo, qui avait ouvert en repli de 1,40%, perdait 2,13% en début d'après-midi. Séoul chutait de 6,3% et Sydney de 2,56%, après avoir reculé de 1,4% et 1,1% respectivement à l'ouverture.

Hong Kong creusait ses pertes, avec -4,04%, et Shanghai a perdu dans la matinée jusqu'à plus de 4%. Bombay perdait 3,08% une heure après l'ouverture.

Le pétrole reculait nettement dans les échanges électroniques en Asie, après la dégradation de la note de la dette américaine par l'agence Standard and Poor's.

L'or enregistrait un nouveau record sur le marché à Hong Kong, crevant le plafond des 1.700 dollars US l'once pour la première fois, en raison de son statut de valeur refuge qui attire les investisseurs.

"Les gens retirent leur argent (des autres marchés : ndlr), notamment du dollar et de l'euro, pour le placer dans l'or et le yen japonais", a indiqué à l'agence Dow Jones Newswires un courtier basé à Tokyo.

L'euro lui s'est raffermi à Tokyo face au dollar après l'annonce par la Banque centrale européenne (BCE) qu'elle allait racheter des obligations de la zone euro.

L'euro a grimpé jusqu'à 1,4370 dollar le 8 août vers 07h00 (dimanche 22h00 GMT) et valait 1,4321 dollar vers 05h00 GMT.

Il cotait 1,4281 dollar le 5 août au soir à New York, avant que l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's décide de retirer aux États-Unis la prestigieuse note "AAA", dont jouissent les émetteurs d'obligations les plus fiables.

La décision de Standard & Poor's (S&P) était intervenue le 5 août après la fermeture des marchés. Peu avant l'ouverture des marchés asiatiques le 8 août matin, les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G7 se sont engagés dans un communiqué à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la stabilité financière et la croissance".

Les pays du G7 se sont également entendus pour éviter les mouvements excessifs sur le marché des changes, a indiqué le ministre japonais des Finances, Yoshihiko Noda.

Depuis Washington, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a salué leur "coopération (qui) contribuera à maintenir la confiance et à favoriser la croissance économique mondiale".

La BCE a annoncé pour sa part qu'elle allait "appliquer activement son programme" de rachat d'obligations sur le marché secondaire, le marché d'occasion de la dette, sans préciser au secours de quel pays.

Les investisseurs attendent une intervention au bénéfice de l'Italie et de l'Espagne, les deux pays de la zone euro dans leur collimateur.

Nuit et jour ce week-end, G7, G20, gouvernements et banquiers centraux ont multiplié les contacts sur la crise de la dette en zone euro et le coup de tonnerre de la dégradation de la note des États-Unis pour rechercher une solution concertée avant l'ouverture des premières Bourses en Asie.

En Europe, la BCE et le couple franco-allemand ont mis la pression sur l'Espagne et l'Italie pour redresser au plus vite leurs comptes publics.

À Washington, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a décidé de rester à son poste "pour répondre aux défis auxquels est confronté notre grand pays". La presse spéculait depuis plusieurs semaines sur son départ.

Premières à réagir à la dégradation par Standard and Poor's, les Bourses du Moyen-Orient avaient accusé le coup dimanche : Tel Aviv a dégringolé de près de 7%, la Bourse saoudienne a terminé à l'équilibre après un plongeon de plus de 5% la veille.

La BCE va tenter de calmer le feu

À Francfort, la BCE a salué dimanche soir les mesures d'austérité récemment prises par l'Italie et l'Espagne mais souligné la nécessité d'une "rapide application" de ces programmes pour améliorer la compétitivité de ces deux pays "et réduire rapidement leurs déficits publics".

Elle a aussi appelé l'ensemble des dirigeants européens à "s'assurer d'honorer leur signature souveraine" et à rapidement permettre au Fonds européen de stabilité financière (FESF) d'intervenir sur le marché de la dette pour stabiliser la région, comme décidé à Bruxelles le mois dernier.

L'institution n'a pas précisé si son intervention se fera au bénéfice notamment de l'Italie, comme annoncé par Rome le 5 août.

Une telle intervention avait été réclamée avec force par les marchés mais elle était susceptible de se heurter à des réticences allemandes. Jeudi dernier, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a promis de nouveaux achats sur le marché de la dette, sans parvenir à rassurer les investisseurs.

Dans la foulée, les primes de risque payées par l'Italie et l'Espagne sur le marché de la dette par rapport à l'Allemagne, pays de référence de la zone euro, ont atteint de nouveaux records.

À Madrid, la ministre de l'Économie, Elena Salgado, a appelé dimanche la BCE à "faire son travail et soutenir la stabilité sur les marchés de la dette", un appel du pied pour pousser la banque centrale a acheter des obligations espagnoles.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont réitéré "leur engagement de mettre en oeuvre pleinement" les mesures de l'accord de Bruxelles.

Ils ont souhaité que les Parlements de leurs deux pays valident ces mesures "avant fin septembre". En Belgique, le parlement se réunira début septembre, six semaines plus tôt que prévu, pour approuver le plan européen.

Le couple franco-allemand a lui aussi insisté sur le fait qu' "une mise en oeuvre rapide et complète des mesures annoncées" par Rome et Madrid était "essentielle pour restaurer la confiance des marchés".

La situation est particulièrement délicate pour l'Italie, déjà privée depuis longtemps du triple A. Le Premier ministre Silvio Berlusconi a promis d'accélérer son plan d'austérité "dans le but d'arriver à l'équilibre budgétaire" dès 2013, et non plus 2014.

AFP/VNA/CVN

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