Doutes autour de l'accord sur la dette américaine

Les Bourses européennes ont fortement reculé le 1 août tandis que la Bourse de New York a limité ses pertes, les marchés n'étant pas entièrement rassurés par l'accord trouvé aux États-Unis sur la dette.

Après un bref soupir de soulagement qui a suivi l'accord de dernière minute trouvé entre la Maison Blanche et les chefs parlementaires américains le 31 juillet soir, les marchés ont vacillé dans le sillage d'un indicateur très décevant aux États-Unis.

L'activité manufacturière, locomotive de la croissance, s'y est presque stabilisée au mois de juillet, alors que les analystes n'attendaient qu'une décélération.

Wall Street a finalement limité ses pertes au terme d'une séance très volatile au cours de laquelle le Dow Jones a évolué dans une fourchette de près de 300 points. L'indice a perdu 0,09% et le Nasdaq, à dominante technologique, 0,43%.

En Europe, la Bourse de Francfort a fini en baisse de 2,86%, celle de Paris a cédé 2,27%, à son plus bas niveau depuis août 2010, et Londres a reculé de 0,70%. La Bourse de Milan a lâché 3,87% et Madrid 3,24%. "Les investisseurs ont analysé le plan américain au cours de la séance et se sont montrés de plus en plus sceptiques quant à son efficacité", a commenté Dov Adjedj, vendeur d'actions chez le courtier Aurel.

Le compromis devait d'abord être ratifié par le Congrès, un processus non sans difficulté alors que des élus des deux camps, républicain et démocrate, ont émis de fortes critiques sur le projet de loi.

Pour Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors, "il y a clairement de l'hésitation, qui ne disparaîtra pas avant le vote. Et même si le vote se passe bien, il y a toujours la question de l'abaissement" de la note de crédit des États-Unis.

L'accord prévoit un relèvement du plafond de la dette d'au moins 2.100 milliards de dollars, pour permettre au Trésor de faire des emprunts après le 2 août, selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme neutre. Le tout pour tenir jusqu'en 2013, soit après la prochaine présidentielle.

"Les coupes estimées à 2.400 milliards de dollars proposées sur les dix prochaines années sont inférieures au niveau de 4.000 milliards fixé par certaines agences de notation comme nécessaire pour éviter (...) un abaissement de la note américaine", ont observé les analystes de Brown Brothers Harriman.

Les États-Unis disposent actuellement de la note la plus prestigieuse les autorisant à emprunter aux taux les plus bas. Les places européennes ont aussi été plombées par le secteur bancaire.

Les problèmes de dette souveraine en zone euro ont aussi pesé sur les marchés de la zone, à l'image de taux obligataires qui se sont encore tendus dans les pays périphériques jugés vulnérables, notamment l'Italie et l'Espagne.

Des inquiétudes sur la santé financière de Chypre ont ravivé les craintes de contagion de la crise de la dette. Bank of Cyprus, la plus grande banque commerciale du pays, a appelé le gouvernement de Nicosie à prendre rapidement des mesures pour éviter que Chypre ait besoin de demander à Bruxelles un plan de sauvetage financier.

La prudence des investisseurs s'est ressentie aussi sur le marché des changes. L'euro est reparti en baisse face au dollar : vers 21h00 GMT, la monnaie unique valait 1,4248 dollar contre 1,4395 dollar le 29 juillet au soir.

Les places asiatiques avaient salué l'accord américain, la Bourse de Tokyo clôturant en nette hausse de 1,34%, Séoul de 1,83% et Hong Kong de 0,99%. Shanghai est restée pour sa part quasiment stable.

AFP/VNA/CVN

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