L'adoption d'un compromis sur le relèvement du plafond de la dette des États-Unis en début de semaine n'a pas suffi à ramener le calme sur les marchés, alors que les investisseurs ont vite tourné leur attention vers la faiblesse des indicateurs économiques et la crise de la dette européenne.
Après l'annonce de mauvais indicateurs aux États-Unis, qui ont renforcé les craintes pour la santé de la première économie mondiale, les Bourses européennes ont brutalement dévissé en deuxième partie de séance.
Fébriles, la Bourse de Paris a plongé de 1,93% en clôture, celle de Londres de 2,34% et Francfort de 2,30%. Milan (-1,54%) et Madrid (-0,85%), qui avaient d'abord esquissé un rebond, ont également rechuté. "Les médias ont consacré trop d'attention au drame politique qui s'est joué à Washington pour expliquer la direction du marché, et pas assez aux chiffres négatifs qui ont joué un rôle tout aussi important, sinon plus", a regretté Michael James, de Wedbush Morgan Securities.
Peu après la publication de l'indice sur l'activité dans les services aux États-Unis, dont la croissance a encore ralenti en juillet, la Bourse de New York a commencé à nettement fléchir. Mais la journée a été riche en rebondissements et Wall Street a fini par signer un timide rebond, acquis en toute fin de séance. Le Dow Jones a repris 0,25%, s'évitant une neuvième séance consécutive de repli, ce qui aurait été une première depuis 1978, et le Nasdaq 0,89%. "On arrive à un point où la sensibilité des courtiers va jouer un rôle important. Les ventes ont été exagérées, et on pourrait avoir un rebond en un claquement de doigt", a prévenu Michael James face à la volatilité des échanges.
L'Italie et l'Espagne en première ligne
De l'autre côté de l'Atlantique, les craintes de contagion de la crise de la dette s'accentuent en zone euro. En Italie et l'Espagne, désormais dans le collimateur des marchés, la mobilisation est maximale pour tenter d'enrayer cette spirale infernale.
En première ligne, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a reconnu la nécessité d'un "plan d'action immédiat, qui réponde aux marchés" et relance la croissance.
L'Italie pèse à elle seule plus de deux fois plus que les trois pays sauvés à ce jour de la banqueroute -Grèce, Irlande et Portugal- et représente une menace bien plus grande pour la zone euro.
À Madrid, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a convoqué une réunion de crise et a exigé une réponse européenne pour apaiser les marchés.
Signe de la défiance des investisseurs, les primes de risque (mesurées par l'écart entre les taux des emprunts allemands et des autres pays) ont atteint de nouveaux plus hauts, à 407 points de base pour l'Espagne et 391 pour l'Italie, avant de diminuer.
Soucieux de faire retomber la fièvre des marchés, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a exhorté les dirigeants européens à "envoyer un signal sans ambiguïté montrant que la zone euro va résoudre la crise de la dette souveraine".
À Berlin, un porte-parole du gouvernement allemand a assuré qu'il n'y avait "aucune raison de s'énerver". Avant d'avancer une explication sur la fébrilité des marchés : "À cause de l'été, nous avons un marché très petit" où les mouvements "sont amplifiés".
Face à un dollar pénalisé par les indicateurs américains, l'euro a progressé, valant 1,4321 dollar vers 20h30 GMT. Valeur refuge par excellence, l'or a battu le 3 août de nouveaux records à plus de 1.670 dollars l'once. Idem pour le franc suisse, également en forte hausse, obligeant la banque centrale suisse à intervenir.
AFP/VNA/CVN