Présentation du monologue Nos corps empoisonnés à Hanoï

L'Institut français du Vietnam et Lumière d’août vous présentent le monologue Nos corps empoisonnés de Marine Bachelot Nguyên, basé sur l'histoire de la vie de Mme Trân Tô Nga, et programmé au Festival d'Avignon en 2023.

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Nos corps empoisonnés nous plongent dans l’histoire de Trân Tô Nga, Vietnamienne engagée toute sa vie dans de multiples combats anti-impérialistes, féministes, écologiques…

Affiche du monologue Nos corps empoisonnés de Marine Bachelot Nguyên.
Photo : IF/CVN

Jeune résistante dans le maquis pendant la guerre du Vietnam, elle est exposée comme tant d’autres aux épandages américains de l’agent orange. Aujourd’hui, depuis la France, elle mène un procès historique contre des firmes agro-industrielles états-uniennes, pour dénoncer les ravages de ce poison dans les organismes et la terre. Porté par une jeune actrice, ce récit théâtral entrelace texte, performance, vidéo, images d’archives pour faire revivre l’histoire de Trân Tô Nga. Pour raconter la vitalité de corps blessés et contaminés par les tragédies de l’histoire, toujours en lutte et en résilience.

Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné, jeune actrice française d’origine japonaise et vietnamienne, incarne principalement Trân Tô Nga, et porte aussi d’autres voix : celles du passé, celles du procès en cours...

C’est un récit à la 1re personne, qui joue sur les âges, les époques et leurs décalages. Angélica a l’âge qu’avait Trân Tô Nga quand elle était combattante dans le maquis, tout comme elle a l’âge des nombreux jeunes gens engagés dans le Collectif Viêtnam Dioxine à ses côtés.

Mme Trân Tô Nga. Photo : IF/CVN

Le spectacle se joue dans des théâtres aux plateaux de différentes dimensions, avec un dispositif scénographique, vidéo et lumière élaboré, mais restant sobre et simple.

La création vidéo mêle images d’archives d’hier et d’aujourd’hui, images de Trân Tô Nga filmées lors d’entretiens avec elle, travaillées et articulées pour qu’elles soient des partenaires de jeu de l’actrice, et confèrent au spectacle une dimension plastique, visuelle et sensorielle.

"Nous avons choisi de manier avec prudence le sensationnalisme des images de malformations dues à l’agent orange sur des enfants, fœtus, etc : la monstruosité du crime humain et politique nous semble aussi intéressante à évoquer et raconter à travers les mots et le récit. C’est celui-ci qui est central, porté par l’actrice et sa présence". - Marine Bachelot Nguyên (Texte et mise en scène).

"La biographie et le combat judiciaire de Trân Tô Nga ont fait l’objet de nombreux articles de presse, et de plusieurs vidéos ou films documentaires récents. Mon objectif en tant qu’autrice a été de travailler un monologue sensible et singulier qui navigue entre les époques, crée des ponts et des surprises : ce n’est pas le biopic hagiographique qui m’intéresse, mais la façon dont le corps et l’âme de cette femme vont se raconter et se déployer auprès des spectateurs et spectatrices. Comment l’histoire et le monde viennent circuler dans son corps, dans ses cellules, dans son imaginaire. Comment plus généralement la violence politique globalisée du 20ème et du XXIe siècles s’inscrit et résonne dans les organismes, vient fabriquer des maladies mortifères mais aussi des anticorps et résiliences, des muscles physiques aussi bien que mentaux, et constitue des êtres à la fois ordinaires et exceptionnels. L’actrice et la vidéaste ont été associées au processus de création, à travers la rencontre et les interviews avec Trân Tô Nga, des partages de matériaux, des allers-retours fréquents entre le texte en cours et le travail à la table ou au plateau.

Au printemps 2019, je lis “Ma Terre empoisonnée” (Vietnam - France, mes combats), livre autobiographique de Trân Tô Nga, alors que je suis en pleine écriture de Circulations Capitales (mémoires familiales France-Viêtnam-Russie). Le destin mouvementé de cette femme, qui a traversé l’histoire du Vietnam - enfant durant la guerre d’Indépendance, combattante pendant la guerre contre les Américains, ayant vécu l’installation du communisme après 1975 - puis qui est venue vivre en France dans les années 1990, m’impressionne et me touche. Exposée comme des millions d’autres civils à l’agent orange pendant la guerre du Viêtnam, elle prend conscience à l’âge de la retraite de l’origine de ses problèmes de santé, et mène aujourd’hui un combat historique : elle a assigné devant les tribunaux une quinzaine de sociétés agro-chimiques américaines, responsables de la production de ce poison qui contamine la terre et les corps sur plusieurs générations. Elle demande réparation, pour elle comme pour les autres victimes de l’agent orange.

En juin 2019, Catherine Blondeau, directrice du Grand T, m’invite à participer au festival Nous Autres, sur le thème des hommes et des femmes-monde. Je réalise une courte intervention scénique autour de Trân Tô Nga, incarnation d’une  "femme-monde". Le temps passe, l’histoire de cette femme reste auprès de moi.

À l’été 2020, le Collectif Vietnam Dioxine sollicite des artistes d’origine vietnamienne pour participer à une mobilisation en ligne en soutien à Trân Tô Nga et aux victimes de l’agent orange. C’est l’occasion pour moi d’avoir un premier contact chaleureux avec elle. Après les divers confinements, nous avons enfin pu nous rencontrer en chair et en os, et poursuivre le dialogue. Le procès a lieu en janvier 2021 au Tribunal d’Evry, en présence de représentants des sociétés inculpées.

Le 10 mai 2021, le verdict est rendu : le tribunal déclare la plainte irrecevable et se déclare incompétent pour la traiter. Les avocats de Trân Tô Nga font aussitôt appel. Cinq jours plus tard, Trân Tô Nga est dans la rue à Paris pour la marche contre Monsanto-Bayer et l’agrochimie, entourée de jeunes militantes. Le procès est donc toujours en cours.

La résistance de cette femme, tout au long de sa vie, contre les pouvoirs coloniaux, impérialistes et capitalistes, me semble exemplaire. Sa biographie et ses combats permettent d’aborder de façon sensible et incarnée des pages fondamentales de l’histoire contemporaine, dans l’intrication de leurs dimensions politiques, économiques, humaines, écologiques. Avec l’intervention américaine au Viêtnam a lieu ce qui est considéré comme le premier écocide de l’histoire : un crime contre le vivant, qui résonne avec d’autres entreprises de dévastation passées et en cours. Relier le combat pour l’écologie à l’histoire politique comme à l’organisation économique mondiale est important pour offrir des perspectives et des racines plus élaborées, et politiser des causes contemporaines".

Équipe de production et de création :

Texte et mise en scène Marine Bachelot Nguyên

Interprète Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné

Avec la participation de Trân Tô Nga

Vidéo et scénographie Julie Pareau

Création lumière, régie générale Alice Gill-Kahn

Son Pierre Marais

Production Gabrielle Jarrier

Diffusion En Votre Compagnie / Olivier Talpaert

Production : Lumière d’août.

Les artistes

Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné : comédienne et danseuse

Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné. Photo : IF/CVN

En 2015, elle intègre la promo 25 de l'ERACM (Cannes).

Elle joue dans 400 coups de pédale mis en scène par Alexis Moati et Pierre Laneyrie, Anima mis en scène par Karim Belkacem, ou encore Prova d'Orchestra mis en scène par Mathieu Bauer.

Elle est danseuse pour Massidi Adiatou et Bamoussa Diomande dans Autophagies, Aurelien Desclozeaux et Vusi M'doyi dans Cabaret Blaster et Bal Fiction, et Anne-Sophie Lancelin dans The Carny dans le cadre des RIDC.

Elle co-crée LE BAIN Collectif avec d'autres acteurs, et joue dans 72 et le procès de Stammheim, 73 on fabrique, on vend, on se paie : une histoire des usines LIP (finaliste du concours théâtre 13, et lauréat du soutien beaumarchais) mis en scène par Anouk Darne-Tanguille, ou encore dans L'Edito, série théâtrale bimensuelle inspirée de l’actualité internationale. Au sein de la Compagnie Mabel Octobre, elle est interprète dans Je passe et Disparues mis en scène par Judith Depaule, créées en collaboration avec l'Atelier des Artistes en Exils. Elle est interprète pour Eva Doumbia dans Badine d'après Alfred de Musset, Devoirs surveillés joué dans les collèges et Lycées, Autophagies joué au Festival d'Avignon In 2021, et Self-eaters jouée en américain à The Invisible Dog Art Center de New York et Ashé Cultural Arts Center de New Orleans.

Marine Bachelot Nguyen : autrice et metteuse en scène au sein du collectif Lumière d'août, fondé en 2004 à Rennes

Marine Bachelot Nguyên. Photo : IF/CVN

Dans son travail elle explore l'alliance de la fiction et du document, les croisements du corps et du politique, les questions féministes et postcoloniales. Elle a écrit et créé Courtes pièces politiques (2006), Artemisia vulgaris (festival Mettre en scène 2008), Histoires de femmes et de lessives (2009), "La femme ce continent noir..." (2010), À la racine (festival Mettre en scène 2011), La place du chien (2014). Sa pièce Les ombres et les lèvres (Viêtnam LGBT) a été soutenue par le programme Hors-les-Murs de l'Institut Français et par une bourse du CNL. Elle l'a créée au Théâtre National de Bretagne en 2016.

Elle réside en 2018 à Villa Saïgon (Vietnam) et à Grenoble (Troisième Bureau/MC2) pour son projet Circulations Capitales, créé en septembre 2019 au Théâtre du Canal (Redon). En 2021, elle crée sa pièce Akila, le tissu d’Antigone au THV (GO festival, CDN Le Quai).

Ses textes ont été également mis en scène par David Gauchard, Charlie Windelschmidt, Anne Bisang, Alexandre Koutchevsky, Hélène Soulié, etc.

Julie Pareau : réalisatrice et vidéaste

Julie Pareau. Photo : IF/CVN

Issue des beaux-arts, sa pratique est tournée vers les arts de la scène. Étudiante, elle expérimente la vidéo dans le milieu de la musique électronique, en collaborant avec des musiciens, sur des lives et des installations vidéo.

Depuis 2008, Julie Pareau crée pour le théâtre et la danse. Elle a notamment collaboré avec David Bobée sur le spectacle This is the end, en 2011, et sur les tournées de Fées (2009), Roméo et Juliette (2012/2013), Lucrèce Borgia (2015), avec Myriam Marzouki sur les spectacles Le début de quelque chose (Festival d'Avignon 2013), et Ce qui nous regarde en 2016. Elle collabore avec Marine Bachelot Nguyen depuis 2008 : Artemisia Vulgaris (2008), Les ombres et les lèvres (2016) et Circulations Capitales (2019).

En 2013, elle réalise le clip On top of the world pour l'artiste électro-pop berlinoise Ninca Leece, ainsi qu'un live set vidéo, pour une tournée en Europe (Hollande, Allemagne, Italie, Belgique). En 2019, elle réalise le clip du groupe de cold-wave rennais Tchewsky & Wood, I have you.

Elle collabore depuis 2009 avec Maud le Pladec, chorégraphe et directrice du Centre chorégraphique d'Orléans, pour qui elle réalise les captations de ses spectacles, ainsi que les teasers : Professor (2009), Kammerspiel (2010), Poetry (2011), Democracy (2014), Hunted (2015), Concrète (2015), Twenty-seven perspectives (2018), Counting stars with you (2021).

Alice Gill-Kahn est créatrice lumière et régisseuse générale.

Elle se forme en technique et lumière à Prisme et à l’Institut Général des Techniques du Spectacle de Grenoble en 2004-05.

Par la suite, elle travaille dans différentes structures en Bretagne et à Paris : Le Théâtre National de Bretagne, Le Musée de la Danse, le Grand Logis, le Triangle Cité de la danse, Le C.D.D.B à Lorient, La MC93, Le Théâtre de Ménilmontant etc...

À partir de 2006, elle évolue plutôt au sein de plusieurs compagnies de théâtre, de danse et arts de la rue en tant qu'éclairagiste et régisseuse générale. Elle collabore et signe ses premières créations lumière au sein des « Moutons Noirs », où elle est partie prenante de nombreux spectacles depuis 2010. Elle travaille avec L’Unijambiste pour Les Résidents et Le fils, avec Sergio Grondin et Karambolaz pour Kok Batay et Maloya, avec Sébastien Barrier pour Savoir enfin qui nous buvons et Gus, pour le Quatuor Debussy dans Egéries, et avec la compagnie 52 Hertz pour la création de Sirènes en 2022.

Présentation de Lumière d'août  

Lumière d’août est un collectif d'auteurs et metteurs en scène fondé en 2004 à Rennes. Centrée sur les écritures d'aujourd'hui, la compagnie propose spectacles de plateau, théâtre-paysage, performances... Le collectif regroupe Marine Bachelot Nguyen, Alexis Fichet, Alexandre Koutchevsky, Nicolas Richard, Laurent Quinton, Juliette Pourquery de Boisserin.

Lumière d’août est conventionnée par la DRAC Bretagne - Ministère de la Culture, soutenue par la Région Bretagne, le Conseil Département d’Ille-et-Vilaine, la Ville de Rennes.

Date : 20h00, le 15 novembre 2024

Lieu : Lycée Alexandre Yersin,

44, Gia Thuong, Ngoc Thuy, Long Biên, Hanoi

Sous-titre : français - vietnamien

Lien de l’événement : https://www.facebook.com/events/880124420417208

Également à:

- Da Nang, 19h30 le 9 novembre 2024 au Théâtre Nguyên Hiên Dinh

- Hô Chi Minh-Ville, 19h30 le 05 novembre 2024, à l'IDECAF.

Institut français/CVN

Rédactrice en chef : Nguyễn Hồng Nga

Adresse : 79, rue Ly Thuong Kiêt, Hanoï, Vietnam

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