Environnement
Ninh Thuân : Gestion et utilisation efficaces des ressources en eau

Ninh Thuân est l’une des localités au climat le plus rude et le plus sec du pays. Par conséquent, les ressources en eau jouent un rôle crucial dans le processus de développement socio-économique, en particulier dans le contexte des ressources hydriques de la province, confrontées à des risques tels que l’épuisement en saison sèche, l’abaissement des niveaux des eaux souterraines et la dégradation de la qualité de l’eau.

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Le système fluvial de Cai Phan Rang est la principale source d'approvisionnement en eaux de surface pour la plupart des localités de la province de Ninh Thuân.

Ninh Thuân est une province caractérisée par une faible densité de rivières et de ruisseaux, avec une moyenne de seulement 0,1 km/km². Le réseau hydrographique y est court, escarpé, à faible débit et réparti de manière inégale selon les saisons. Les sources d'eau souterraines et de surface y sont limitées, et la pluviométrie annuelle moyenne de la province n'atteint qu’environ 1.000 mm, concentrée sur les quatre derniers mois de l'année (de septembre à décembre). Pendant ce temps, la quantité d’évaporation est deux fois plus élevée, provoquant ainsi des sécheresses fréquentes.

Face à ces conditions défavorables, il est urgent de sensibiliser les habitants à la gestion, à la protection, à l’exploitation et à l’utilisation efficace des ressources en eau. En outre, la province de Ninh Thuân a identifié l'investissement dans la construction de réservoirs d'eau et de systèmes d'irrigation comme l'une des solutions les plus efficaces pour atténuer les effets de la sécheresse.

Selon le plan d'irrigation de la province de Ninh Thuân jusqu'en 2020, avec une vision d'adaptation au changement climatique jusqu'en 2030, la principale source d'eau de surface dépend principalement du système fluvial de la rivière Cai Phan Rang, qui couvre presque toute la province à l'exception de certaines zones côtières de Thuân. Dans les districts de Thuân Bac, Ninh Hai et Ninh Phuoc, on trouve des rivières indépendantes qui se jettent directement dans la mer.

Appareil de mesure automatique du niveau d'eau du lac Song Trau, district de Hàm Thuân Bac. 

La superficie naturelle totale du bassin fluvial de la rivière Cai Phan Rang est de 3.043 km². Le volume annuel moyen d'eau de surface dans l'ensemble de la province de Ninh Thuân est d'environ 2.267 milliards de m³, dont 2.032 milliards de m³ provenant du bassin de la rivière Cai ; 548 millions de m³ approvisionnés par la centrale hydroélectrique de Da Nhim (lac Don Duong) et 234 millions de m³ provenant des rivières et ruisseaux d'autres provinces.

Cependant, la quantité totale d’eau de surface exploitée chaque année n’atteint qu’environ 800 millions de m³, le reste étant déversé dans la mer. Par ailleurs, les réserves d'eau souterraines sont très limitées, et la qualité de cette eau est faiblement minéralisée. Dans la plaine côtière de Phan Rang, les aquifères sont peu profonds et affectés par la salinité. Étant donné que les sources d’eau naturelles ne suffisent pas aux besoins d’irrigation, la construction de projets d’approvisionnement en eau tels que des réservoirs, des barrages ou des stations de pompage s’avère essentielle pour garantir la sécurité de l’eau.

Afin d'utiliser efficacement les ressources en eau, le Service des ressources naturelles et de l'environnement de Ninh Thuân a déployé et conseillé au Comité populaire provincial de publier une liste des sources d'eau intra-provinciales et une liste des sources nécessitant des corridors de protection. Cela inclut le projet "Établissement de corridors de protection des sources d'eau", des règlements sur la gestion de ces corridors, et un plan de marquage pour les sources d'eau identifiées comme prioritaires pour la période 2021-2025.

Modèle hydrohydraulique sur la rivière Dinh.

En parallèle, grâce au soutien des financements de l’APD via le projet "Gestion intégrée des ressources en eau et développement urbain s’adaptant au changement climatique à Ninh Thuân", la province a mis en place des équipements de surveillance automatique des précipitations dans les réservoirs du bassin de la rivière Cai, tels que les lacs Lanh Ra, Song Bieu, Cho Mo, Phuoc Trung, Song Sat, Tra Co et Tan Giang.

La province mène également des recherches pour établir des modèles hydrologiques, comme celui du fleuve Dinh, et pour analyser l’impact de l’intrusion saline dans sa partie inférieure. Ces études permettent de proposer des solutions d’adaptation et de mener des projets technologiques liés aux ressources en eau, tels que l’évaluation de la capacité de charge de la rivière Cai et la délimitation des zones de rejet des eaux usées d'ici 2025, avec une vision jusqu'en 2035. Un système d'alerte et de prévision détaillé pour les catastrophes naturelles, incluant tempêtes, fortes pluies, inondations, vagues de chaleur et sécheresses, est également en cours d’élaboration au niveau des communes et des districts.

Le projet de réservoir de la rivière Cai, d'une capacité totale de 219 m3, joue un rôle important dans la gestion des ressources en eau de la province.

Par ailleurs, des modèles économes en eau ont été adoptés, tels que le programme PIM dans sept districts et villes pour une meilleure gestion des canaux, l’irrigation par aspersion ou goutte-à-goutte, et l’application de méthodes agricoles avancées comme le SRI, les techniques "trois augmentations, trois réductions", ou encore "une seule conformité, cinq diminutions". L’irrigation alternée et l’utilisation de techniques économiques pour la riziculture sont également encouragées.

Face à la pollution croissante des eaux, la province a lancé le projet "Recherche, enquête, évaluation et délimitation des zones réglementées pour l’exploitation des eaux souterraines".

En raison de ces conditions climatiques difficiles, de nombreuses localités de Ninh Thuân souffrent de sécheresse pendant la saison sèche. Par conséquent, la province investit dans des infrastructures pour réguler et distribuer l'eau de manière durable. À ce jour, Ninh Thuân dispose de 21 réservoirs d'une capacité totale de plus de 194 millions de m³, complétés par le réservoir hydroélectrique de Don Duong.

La construction d’infrastructures majeures est également en cours, notamment le réservoir de Song Thân (85 millions de m³), le système d’irrigation Tân My, et le projet clé du lac Song Cai (219 millions de m³), ainsi que des systèmes interconnectés pour la gestion optimale des ressources en eau locales.

Planter pour lutter contre la désertification

Les gardiens de la forêt de Cha Bang (district de Thuân Nam, province de Ninh Thuân) examinent le développement des "thanh thât".

Connue pour son climat aride, la province de Ninh Thuân (Centre) a réussi à planter des arbres sur des terrains rocheux. Ce succès met en lumière le potentiel et les opportunités d’augmenter la couverture forestière dans cette région, tout en contribuant à la protection des sources d’eau souterraines.

Autrefois marquée par des images de moutons décharnés cherchant désespérément chaque brin d’herbe et d’habitants rationnant chaque goutte d’eau durant les longues saisons sèches, Ninh Thuân était gravement touchée par la désertification. Ce phénomène affectait particulièrement ses districts côtiers, où seuls quelques arbres parvenaient à survivre sans intervention humaine. Pour faire face à cette situation et protéger les ressources en eau, la restauration des forêts est devenue une solution à la fois urgente et efficace.

Les efforts déployés à long terme pour combattre la désertification dans cette province ont porté leurs fruits : les sols appauvris par le manque d’eau sont peu à peu recouverts de verdure. Les neems ou margousiers (Azadirachta indica) et les thanh thât (Ailanthus triphysa) prospèrent désormais dans les zones côtières.

Selon le Département provincial de la protection des forêts, les arbres jouent un rôle crucial en retenant l’eau, ce qui contribue à maintenir les ressources en eau souterraines indispensables à la communauté locale.

Cependant, le développement des forêts dans les régions semi-arides situées le long des collines côtières des districts de Ninh Hai, Thuân Bac et Thuân Nam demeure un défi de taille. Les conditions climatiques extrêmes, le terrain accidenté et les habitudes de pâturage du bétail local compliquent ces efforts.

De nombreux programmes de reboisement ont été mis en œuvre, initialement avec des acacias et des eucalyptus. Toutefois, ces arbres n’ont pas résisté aux fortes chaleurs de Ninh Thuân, et les jeunes plants ont souvent été endommagés par le bétail en pâture.

Identifier des souches forestières 

Les plantes "thanh thât" contribuent au protection des resources d'eau.

En 1981, le scientifique Lâm Công Dinh, de l’Académie vietnamienne des sciences forestières, introduisit une nouvelle espèce d’arbre originaire d’Afrique, appelée neem ou margousier, qu’il planta à titre d’essai dans la province de Ninh Thuân.

Cet arbre démontra une croissance rapide grâce à sa remarquable capacité de tolérance à la sécheresse. À cette époque, il était pratiquement la seule espèce d’arbre capable de résister à la chaleur torride de la région.

Apprécié pour son potentiel de reboisement dans ces zones arides, le margousier fut adopté par le secteur forestier provincial. Il fut planté autour des maisons, le long des sentiers, près des bureaux et des écoles, ainsi que le long des rues pour fournir de l’ombre, prévenir les tempêtes de sable et embellir le paysage.

Ainsi, des milliers d’hectares furent recouverts de margousiers sur une vaste zone sablonneuse de la province. En outre, le neem s’avéra une précieuse ressource médicale, ses feuilles étant utilisées pour traiter de nombreuses maladies telles que la varicelle, le diabète, les ulcères d’estomac, la tuberculose et la lèpre. Elles servent également à produire des cosmétiques de grande valeur.

En 2008, le Service provincial de l’agriculture et du développement rural reconnut le neem comme l’une des cultures polyvalentes à forte valeur économique.

Pépinière des "thanh thât" au pied des montagnes rocheuses

Compte tenu des avantages économiques offerts par cet arbre, la province de Ninh Thuân projeta d’étendre sa culture à plus de 6.000 ha, afin de réduire et, à terme, enrayer le risque de désertification. Cette expansion visait également à créer une source stable de matières premières pour soutenir les usines de transformation des produits à base de neem.

L’année 2015 marqua un tournant décisif dans la lutte contre la désertification au Vietnam avec la découverte du thanh thât (Ailanthus triphysa) et la reconnaissance de sa remarquable résistance à la sécheresse. Cet arbre endémique, associé au neem, allié de longue date, devint un pilier de la stratégie de reforestation des terres dénudées et des montagnes arides.

Après plusieurs années de plantations conjointes de ces deux espèces, experts et habitants confirmèrent la supériorité du thanh thât en termes de croissance et d’efficacité pour la foresterie.

Le long de la route Cà Na - Mui Dinh, dans les zones côtières des districts de Thuân Nam et Ninh Phuoc, les thanh thât se développèrent avec vigueur, produisant bourgeons et branches verdoyantes. Certains spécimens atteignirent plus de cinq mètres de haut. Ces arbres, non consommés par le bétail, offrent un avantage supplémentaire : leurs troncs droits permettent la croissance d’arbustes et de vignes en dessous, fournissant ainsi un fourrage supplémentaire pour les animaux en pâture.

Selon le comité de gestion de la protection des forêts côtières de Thuân Nam, en 2015, des centaines de travailleurs furent mobilisés pour transporter des jeunes plants de thanh thât des pépinières vers les sites de plantation sur 10 hectares, parcourant des dizaines de kilomètres à travers des sentiers forestiers.

Aujourd’hui, plus de 568 hectares de thanh thât ont été plantés dans trois communes, avec un taux de survie dépassant 90 %. Ces arbres continuent de prospérer, même pendant les saisons sèches.

Lê Xuân Hòa, directeur du Comité de gestion de la protection des forêts côtières de Thuân Nam, explique qu’après huit ans de plantation expérimentale, le thanh thât verdit progressivement les montagnes rocheuses stériles du sud de la province.

Cette plantation contribue non seulement à augmenter la couverture forestière et à créer des sources d’eau souterraine, mais aussi à améliorer les conditions de pâturage sous le couvert forestier. Elle ouvre de nouvelles perspectives pour la sélection d’espèces prometteuses adaptées à la restauration des forêts dans la province de Ninh Thuân.

Aujourd’hui, la province compte plus de 1.200 ha de thanh thât, qui s’épanouissent dans la plupart des forêts de la région, en particulier dans les zones rocheuses côtières.

Cultiver un avenir savoureux et écologique

L'élevage des chèvres et la plantation des thanh thât dans la montagne rocheuse.

Pour faire face aux conditions climatiques défavorables, la province de Ninh Thuân a entrepris, il y a plus de dix ans, de convertir activement les rizières à faible rendement et les jardins mixtes en cultures sèches et en vergers. Cette transformation s’est accompagnée de l’introduction de la science et de la technologie pour établir des zones de production concentrées, axées sur des produits agricoles à haute valeur économique.

Actuellement, les vergers de Ninh Thuân couvrent environ 5.951 ha, principalement situés dans les districts de Ninh Phuoc, Ninh Son, Thuân Nam et la ville de Phan Rang - Thap Chàm. Outre le raisin, emblème de la région, ces zones de culture s’étendent à d’autres fruits tels que les pommes, les pomelos à peau verte, les avocats, les mangoustans, les ramboutans, les jacquiers et les mangues.

Cette diversification des cultures a permis de générer des revenus nettement supérieurs à ceux issus des anciennes rizières et jardins mixtes. De nombreuses terres autrefois stériles de Ninh Thuân ont été transformées en vergers touristiques, offrant aux agriculteurs des solutions durables pour sortir de la pauvreté et bâtir une région plus prospère. Par ailleurs, la présence de forêts contribue à renforcer et compléter les ressources en eau, essentielles au développement agricole et à la résilience climatique.

Texte et photos : Quang Châu/CVN

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