Après une thèse soutenue avec succès en 2011, à l’Université de technologies de Nanyang, à Singapour (NTU), Nguyên Kiên Truc Giang travaille actuellement sur un médicament antibactérien de nouvelle génération, efficace contre les ultra bactéries antibiotiques. Une fois les tests passés, cette précieuse innovation pourrait sauver la vie de millions de personnes de par le monde.
Deux fois prix australien High Distinction en chimie, 2e prix lors d’un concours national de chimie pour lycéens, des prix aux concours locaux qu’il ne compte plus... Avec ce beau bagage en poche, Nguyên Kiên Truc Giang a pu étudier à l’École polytechnique de Hô Chi Minh-Ville, en faculté de chimie alimentaire juste après son baccalauréat. Sélectionné au vu de son jeune parcours déjà brillant, il n’a pas eu à passer l’examen d’entrée. Mais cet adolescent de 17 ans alors ne s’est pas arrêté là. Loin s’en faut. De front, il a également réussi les examens d’entrée de deux établissements singapouriens : la NTU et l’Université nationale de Singapour (NUS).
Né en 1987, Nguyên Kiên Truc Giang est l’auteur de deux articles publiés dans la revue scientifique de renommée mondiale Biological Chemistry. |
Fin 2006, Truc Giang termine ses études à la NTU après trois années et demie, au lieu de quatre. «La dernière année a été la plus dure. J’étudiais dix-sept heures par jour, de 9 heures du matin jusqu’à 2 heures le lendemain, y compris le week-end. Résultat : j’ai perdu 8 kg. J’avais faim en permanence. En retour, j’ai obtenu le diplôme, reçu major de ma promotion, et mes études ont été raccourcies de six mois», se souvient-il, avec un brin d’orgueil.
Du danger à la hauteur de ses ambitions
Après ses études universitaires, Truc Giang a reçu une bourse (de 2.500 dollars par mois) de Nanyang Research Scholarship pour passer son doctorat, spécialisation biologie médicale. Cinq ans après, il défend sa thèse doctorale avec brio, devenant ainsi le plus jeune Docteur du Vietnam. À l’âge de 25 ans seulement.
Concernant ses recherches sur un médicament antibactérien de nouvelle génération, Truc Giang confie : «Dans les premiers temps, je n’ai fait le test que sur des espèces de bactéries inoffensives. Ces premières réussites m’ont incité à aller de l’avant. J’ai alors demandé l’aide de Singapore General Hospital pour recueillir six espèces d’ultra-bactéries antibiotiques, dont la MRSA et la NDM-1». Ces dernières seraient, selon lui, à l’origine de deux tiers des cas d’infections potentiellement mortelles dans le monde. De fait, le nombre de morts à cause de la bactérie MRSA dépasse celui des décès par suite du sida et de la tuberculose pulmonaire. La NDM-1 a, quant à elle, bouleversé le monde entier par sa résistance à tout antibiotique usuel.
L’Université de technologies de Nanyang, à Singapour (NTU) où Nguyên Kiên Truc Giang a fait ses études. |
«Il y a des risques réels. Il faut travailler au contact de bactéries hautement dangereuses. Une maladresse seulement et les dégâts causés peuvent être infinis», insiste Truc Giang. Il a un souvenir en tête pour illustrer ce danger constant. Un jour, souffrant d’une insolation, il a craint d’avoir été infecté par une de ses ultra bactéries à l’étude. Il s’est vu obligé de toutes les détruire. «Heureusement, j’ai guéri quelques jours après. Aussitôt, j’ai recommencé mes expériences». Et d’ajouter avec un sourire: «Mon travail est dangereux, certes. Mais en récompense, des millions de personnes pourraient être guéries. Le jeu en vaut la chandelle !». Il est confiant, son travail avance bien. «Les premiers résultats sont concluants», affirme-t-il.
«The happy man» en route vers ses rêves
En ce moment, ce jeune Docteur participe à deux projets de coopération, l’un avec l’hôpital national de Singapour, l’autre avec l’École technologique de biologie médicale de la NTU. Son groupe de chercheurs attend une enveloppe de 20 millions de dollars singapouriens (329 milliards dôngs vietnamiens environ) de la part du gouvernement de Singapour.
Auparavant, il est intervenu aux «Japan Peptide Symposium» et «Koréa Biotechnology Symposium». Il est par ailleurs l’auteur de deux articles publiés dans la revue scientifique de renommée mondiale Biological Chemistry.
Truc Giang est déconcertant. Une charmante surprise par exemple: s’il fait preuve de beaucoup de sérieux dans son travail, cela ne l’empêche pas de se montrer très jovial lors des réunions de l’Association des étudiants vietnamiens à Singapour. Surnommé par ses amis «The happy man», il est souvent le premier partant pour s’amuser et faire la fête.
Ce jeune scientifique est également un vrai optimiste. Questionné sur ses futurs projets, il répond sans hésitation : «Mon rêve serait de créer ma propre entreprise et pouvoir ainsi aider les étudiants défavorisés pour qu’à leur tour, ils réalisent leurs rêves. C’est un projet qui m’est cher, mais qui reste, à l’heure actuelle, hors de ma portée. Ceci dit, je me suis promis de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le faire passer du rêve à la réalité».
Nghia Dàn/CVN