Neuf jours après Valls II, un ministre démissionne pour s'être soustrait au fisc

Neuf jours après la constitution du gouvernement Valls II, le secrétaire d'État au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, a dû démissionner pour s'être soustrait au fisc.

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L'annonce est tombée en fin d'après-midi via un communiqué de l'Élysée indiquant que, "sur proposition du Premier ministre" Manuel Valls, le président François Hollande avait "mis fin aux fonctions de M. Thomas Thévenoud, secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères et du Développement international, chargé du Commerce extérieur, de la promotion du Tourisme et des Français de l’étranger, à sa demande et pour des raisons personnelles".

Thomas Thévenoud le 27 février à l'Élysée.


C'est un de ses proches, le député PS du Lot-et-Garonne Matthias Fekl, 36 ans, franco-allemand, qui succède, avec exactement les mêmes attributions, à Thomas Thévenoud, 40 ans, fabiusien et proche d'Arnaud Montebourg, élu comme lui de Saône-et-Loire.
Dans la soirée, M. Thévenoud a admis, dans une déclaration écrite, des "retards de déclaration et de paiement (...) à l'égard de l’administration fiscale", qui "sont, à ce jour, intégralement régularisés avec l'ensemble des pénalités qui s'y référent, conformément à la loi". Certains médias affirmaient jeudi soir 4 septembre que M. Thévenoud n'avait pas déclaré ses revenus pendant plusieurs années. L'ex-ministre assure n'avoir "jamais fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire ou fiscale".
Thomas Thévenoud, qui rêvait depuis des années d'être appelé au gouvernement, devient le plus éphémère ministre de la Ve République -neuf jours- en égalant le record de Léon Schwartzenberg en 1988.
"Dans le cadre des nouvelles normes mises en place par le gouvernement dans le cadre de la transparence de la vie politique, il s'est avéré qu'il y avait un problème de déclaration d'impôt", avait indiqué un peu plus tôt une source gouvernementale, en précisant qu'il ne s'agissait "en aucun cas d'une démission pour un motif de désaccord politique".
Matignon s'est borné à dire que cette démission surprise était due à "une situation découverte après sa nomination", il y a neuf jours.
Manuel Valls "a considéré que, suite à une situation découverte après sa nomination, M. Thévenoud ne pouvait poursuivre sa fonction. Le Premier ministre et M. Thévenoud ont convenu que ce dernier devait remettre sa démission", a déclaré le cabinet du chef du gouvernement. Matignon a refusé d'en dire davantage, indiquant que M. Thévenoud aurait "l'occasion de préciser les motifs de sa démission".
Première à réagir sur BFM-TV, la députée UMP Valérie Pécresse a jugé que cela "montre que ce gouvernement a sans doute été un peu improvisé".
Olivier Faure, vice-président du groupe PS à l’Assemblée, a lui souligné sur BFM-TV que "la sanction est venue vite, immédiatement, il n’est plus ministre". "Je ne sais pas si on parle de fraude ou de retard. Quelqu’un qui paie en retard, il ne serait pas le premier... même si je ne dis pas qu’il faut le faire mais il y a aussi une proportion à garder à l’esprit".
Ironie du sort, alors qu'on demandait mardi 2 septembre à M. Thévenoud qui il voyait pour lui succéder au poste de porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, il avait spontanément suggéré... Matthias Fekl.
Assurant n'avoir rien à cacher et jugeant qu'il y avait une différence entre la jeune génération et l'ancienne sur la transparence, Thomas Thevenoud avait confié en avril 2013 au moment où la volonté du gouvernement d'obliger les parlementaires à publier aussi leurs déclarations de patrimoine créait des tensions chez les socialistes : "Tout le monde est à cran, la température est montée avec les déclarations de patrimoine. Dès qu'on touche au fric..."
En juillet 2013, alors qu'il était l'un des membres de la commission d'enquête Cahuzac, il ciblait directement l'ancien ministre délégué au Budget: "Après la dissimulation, après le mensonge, il s’est abrité derrière de prétendus trous de mémoire pour ne pas s’exposer au délit de parjure". "Faites repentance fiscale parce que le compte à rebours va s'enclencher", avait-il aussi lancé en octobre 2013 avant l'entrée en vigueur d'une loi renforçant la lutte contre la fraude fiscale.

AFP/VNA/CVN

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