Littérature : naissance d’une affinité entre auteurs vietnamiens et français

La bibliothèque «Littérature vietnamienne contemporaine» se tient à Paris depuis octobre 2012. Un an déjà. Rencontre avec l’un de ses fondateurs, Mme Doàn Thi Câm, maître de conférences à l’Institut des langues et civilisations orientales de Paris.


Doàn Thi Câm.

La bibliothèque «Litté-rature vietnamienne contemporaine» est une véritable aubaine pour les professionnels et passionnés d’œuvres vietnamiennes. Où en est-elle désormais ?

Pour l’heure, elle compte quatre œuvres que sont T. mât tich (T. a disparu), Khmer Boléro (écrit en français par Dô Khiêm), Co hôi cua Chúa (Une opportunité pour Dieu) et Thang máy Sài Gon (L’ascenseur de Saigon). Très prochainement, une autre va les rejoindre, Delete (Effacer), un récit en 9 nouvelles de Phong Diêp et 8 de Nguyên Viêt Hà au style tan van, une forme littéraire située entre fiction et journalisme, offrant une grande liberté. Traduit par Emmanuel Poisson, professeur à l’Université Paris-Diderot (Paris VII), ce livre sera présenté au public français ce mois-ci. En 2014, nous continuerons d’étoffer notre bibliothèque avec, entre autres, Thoat ky thuy (À l’origine) de Nguyên Binh Phuong, Song song (Parallèles) de Vu Dinh Giang, Giua dong chay nguoc (À contre-courant) de Nguyên Danh Lam, Blogger de Phong Diêp, et Sài Gon chu nhât (Sài Gon le dimanche) de Dô Kh.

Vous avez fait beaucoup d’efforts pour la présenter et lui donner de la notoriété en France, mais aussi pour mieux faire connaître la littérature vietnamienne à la communauté francophone. Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Si peu en vérité. Je pense que la tâche de présenter et de valoriser à l’étranger la littérature - vietnamienne en l’occurrence - ne peut appartenir à un individu en particulier car il s’agit d’un bien commun. Je ne suis pas seule dans ce processus, il y a toute l’équipe de traducteurs et de rédacteurs professionnels. Je dois en revanche souligner que nous bénéficions d’un grand soutien des organismes français et, plus généralement, de toute la communauté francophone, ce qui est quelque peu différent des tendances actuelles. En effet, en cette période de mondialisation et de relations plus intenses entre les pays, chacun cherche à faire connaître sa culture, sinon à la commercialiser pour certains, pour séduire des publics étrangers qui ne sont pas accessibles, en termes d’intérêt, des relations diplomatiques, politiques ou économiques, mais aussi pour pallier une certaine dévalorisation de ces dernières dans ce public. C’est ainsi que des organisations de pays asiatiques voisins comme les Toyota Foundation, Korea Foundation ou encore Daesan Foundantion usent de nombreuses stratégies afin que des éditeurs français publient leurs œuvres littéraires.

Des œuvres de la bibliothèque «Littérature vietnamienne contemporaine».

2014 est spéciale pour le Vietnam car c’est l’«Année du Vietnam en France», et la littérature vietnamienne y participera pleinement avec plusieurs échanges prévus. Quel rôle jouera la bibliothèque «Littérature vietnamienne contemporaine» ?

Nous espérons présenter les grands auteurs littéraires vietnamiens actuels au public français, ce qui d’autant plus important que ces derniers temps, de nombreuses foires du livre en France choisissent pour thème principal notre littérature. Il y a eu, par exemple, le Salon du livre et des arts de L’Haÿ-les-Roses, mais il y a aussi de grandes universités françaises et des lieux culturels reconnus dont l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), l’Université Paris-VII, la Bibliothèque nationale de France, le Centre national du livre, le Musée du Grand Palais, et le Salon du livre de Paris qui organiseront de nombreuses activités pour présenter la culture vietnamienne dont la littérature en est un des grands représentants.

Pour mieux faire découvrir et apprécier notre littérature dans le monde, nous avons besoin d’ambassadeurs, et il ne s’agit pas seulement d’auteurs, mais aussi de chercheurs et de traducteurs. Vous êtes l’un de ces ambassadeurs, mais pourquoi donc ?

Pour moi, traduire des œuvres de notre littérature et les présenter en France est quelque chose qui m’a toujours obsédé du plus loin que je m’en rappelle. J’ai aussi souhaité que les écrivains des deux pays aient l’occasion de se trouver et de se rencontrer, d’échanger et de partager des émotions. Ce rêve, il s’est réalisé le 12 décembre dernier lorsqu’une première rencontre a été organisée avec Patrick Deville et Nguyên Viêt Hà. Il me semble qu’avec celle-ci, une affinité littéraire est clairement en train de naître.

Nous savons que vous accordez une grande priorité au développement de la bibliothèque «Littérature vietnamienne contemporaine». Qu’en attendez-vous ?

En termes de grandes œuvres littéraires, notre pays n’a aucunement rien à envier à d’autres et je crois qu’il faut le montrer afin que cela se sache. C’est d’ailleurs ce qui encourage les écrivains de la bibliothèque pour laquelle nous faisons tout notre possible pour l’enrichir.

Quê Anh (Propos recueilli par le journal Tuôi tre)/CVN

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