La Banque d’État du Viet nam, chef d’orchestre du développement de l’économie nationale

En ces temps de difficultés économiques, le rôle de la Banque d’État du Vietnam est encore plus essentiel dans ses interventions. Quelques explications sur ce point grâce à un entretien accordé par son gouverneur, Nguyên Van Binh.

Êtes-vous satisfait de l’action de la Banque d’État du Vietnam au vu de l’évolution de l’éco-nomie vietnamienne ?

Globalement, je vous répondrai plutôt oui. En effet, fin 2011, les difficultés de l’économie mondiale et les indicateurs macroéconomiques au Vietnam révélaient des risques de plus en plus préoccupants avec, entre autres, une inflation élevée, un tassement de la croissance, une balance des paiements négative et un marché des devises très fluctuants.

Le gouverneur de la Banque d’État du Vietnam, Nguyên Van Binh.

En application des politiques définies par le Parti et l’Assemblée nationale, sous la direction du gouvernement, la Banque d’État du Vietnam (BEV) a appliqué une batterie de mesures afin de maîtriser l’inflation, d’améliorer les indicateurs macroéconomiques et d’assurer la stabilité du système bancaire. Elle a par ailleurs pris parallèlement plusieurs mesures de soutien aux entreprises, notamment au niveau des taux directeurs du crédit.

L’application de toutes ces mesures alliée à une politique monétaire de rigueur a permis à la BEV d’atteindre les objectifs fixés, permettant à notre économie de voir ses fondamentaux se stabiliser tout en maintenant une croissance raisonnable en cette conjoncture de crise mondiale. L’activité au sein du système bancaire et sur le marché monétaire s’est rééquilibrée, et l’inflation, de 18,1% fin 2011, est passée à 6,8% en 2012. Sur ces huit premiers mois, elle s’établit à 3,5%, ce qui nous laisse espérer un taux de 7% environ pour cette année. Par ailleurs, nos réserves de devises ont augmenté.

Néanmoins, malgré ces bons résultats, notre économie demeure devant plusieurs challenges, à commencer par la production et le commerce qui connaissent de nouveaux problèmes avec l’évolution de la conjoncture mondiale. Mais, aussi, du risque de retour d’une inflation galopante ou, encore, d’un ratio de créances douteuses trop élevé qui pourrait compromettre la pérennité de notre système bancaire.

À propos, justement, du système bancaire, que pensez-vous de son rôle dans le financement de l’économie nationale ?

Il est évident que, aujourd’hui encore, le financement de l’économie nationale repose d’abord sur ce système. Cette situation provient d’abord du fait qu’au Vietnam, les autres sources de financement ne sont pas encore parvenues à un âge de maturité et ne sont donc pas efficientes comme elles devraient l’être, en particulier au regard du financement sur le moyen et le long terme. Ainsi, le marché des capitaux ne remplit pas pleinement son rôle - il est insuffisamment développé, et, pour ce qui relève du possible, d’autres facteurs interviennent. Ainsi, les entreprises ne parviennent pas à se financer sur le marché obligataire non pas parce qu’il est défaillant, mais parce que leurs titres ont une très faible liquidité en raison du manque de confiance des investisseurs envers leurs documents comptables et financiers, faute de transparence suffisante.

La restructuration du système bancaire sera achevée en 2015.

Mais la situation résulte également de l’action correctrice de la BEV qui a dû intervenir à plusieurs reprises, en raison notamment des pratiques bancaires d’alors en matière de crédit, dans le sens d’un assagissement du marché. Depuis ces deux dernières années, diverses mesures de contrôle de la croissance du crédit ont été mises en oeuvre, notamment en orientant le crédit vers les secteurs utiles tout en excluant ceux par trop spéculatifs. Résultat, durant 2011 et 2012, les crédits ont connu une croissance moyenne de près de 12% pour une croissance du PIB de 6,2% puis de 5,2%.

Dans les temps à venir, pour s’assurer que les banques commerciales jouent pleinement leur rôle de financement de notre économie - en particulier sur le court terme, la BEV continuera de veiller sur le crédit bancaire, en dehors de poursuivre la même politique monétaire. S’agissant de financement sur le moyen et le long terme, et en vue de diversifier les sources de capitaux, nous avons d’ores et déjà pris des mesures de développement et de restructuration du marché financier.

Toutefois, je dois souligner que le succès de ces opérations repose aussi, en partie, sur le comportement de ses acteurs, j’entends là nos entreprises. Ces dernières doivent savoir s’approcher d’autres sources de capitaux plutôt que de solliciter systématiquement les banques, et prendre les mesures idoines pour réussir. Par exemple, les encourager à se financer sur le marché obligataire restera vain si elles n’améliorent pas la transparence de leurs informations comptables, financières, de gouvernance, etc.

Comment concevez-vous votre rôle au regard de la restructuration en cours du système bancaire ?

C’est bien sûr celui d’un régulateur, c’est le rôle premier de toute banque centrale. En fonction de l’évolution de notre économie en développement, et après étude d’expériences étrangères, nous avons décidé d’une restructuration de notre système bancaire. Le projet élaboré a été soumis pour l’adoption du politburo du Parti communiste vietnamien et du gouvernement, lesquels sont déterminés à améliorer le système bancaire afin de soutenir le développement et d’éviter tout risque à notre économie.

Mais nous ne sommes pas uniquement un gendarme, il reste une large place au consensus dans le cadre de cette opération et, de fait, nos banques ont pour la plupart une conscience claire de leur rôle, des opportunités à saisir et des challenges à relever... J’en veux pour preuve qu’à ce jour, les mesures de restructuration prises par celles-ci sont à ce jour de leur seule initiative, dans un double optique de relever leurs fonds propres et leurs capacités concurrentielles devant leurs homologues étrangers. Je pense que nous pouvons donc escompter la réussite de toutes ces opérations d’ici 2015.

Quê Anh/CVN

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