Le Vietnam doit se préparer au vieillissement de sa population

Le Vietnam est entré dans une période de vieillissement démographique, avec de nouveaux challenges. Entretien avec Pham Vu Hoàng, chef adjoint du Centre d’études, d’information et d’archives du Département général de la démographie et du planning familial.


Qu’est ce que le vieillissement de la population ?

Pham Vu Hoang.

Brièvement expliquée, cette période correspond à une pyramide des âges dans laquelle le nombre d’adultes et de personnes âgées augmente alors que celui de jeunes diminue. Tous les pays passent par une telle période à un moment ou à un autre. Suite à l’enquête annuelle sur l’évolution de la population et de la planification familiale réalisée par le Département général des statistiques, les classes d’âge de 60 ans et de 65 ans et plus représentaient 9,9% et 7% de la population en 2011. L’année dernière, ces données se sont établies à 10,2% et 7,1%, ce qui marque l’entrée du pays dans une période de vieillissement démographique de 5 à 6 ans en avance par rapport aux prévisions.
Selon l’expérience de nombreux pays du monde, de nouveaux challenges vont se poser pour les individus comme pour la société, et une adaptation à cette évolution sera nécessaire sur tous les plans sociaux.
Quelles mesures sont à prendre pour faire face à ces challenges ?
Sur le plan démographique, le Vietnam connaît deux phénomènes simultanés, la structure démographique d’or, c’est-à-dire une période où la proportion de la population active est du double de celle économiquement dépendante, et de vieillissement démographique, due à l’interaction entre l’allongement de l’espérance de vie et la baisse de la natalité.
Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’espérance moyenne de vie au Vietnam était de 73 ans en 2010, et l’espérance moyenne de vie en bonne santé, de 64 ans, classant notre pays au 124e, rang sur 193 dans le monde. Le Vietnam est désormais un pays engagé sur la voie du développement et les conditions économiques, de santé publique, d’éducation et de sécurité sociale continuent de s’améliorer.
Aujourd’hui, 70% des personnes âgées vivent en zone rurale avec des revenus modérés. L’investissement dans le secteur de la santé pour ces personnes est plus important que pour les autres classes d’âge. Les sommes consacrées aux soins d’une personne âgée sont du quadruple de celles nécessaires pour les enfants de leur naissance à l’âge de quatre ans. Deux objectifs sont donc à poursuivre en même temps, exploiter les avantages de la structure démographique d’or au service du développement du pays et pour préparer notre adaptation au vieillissement de notre population.

La période de vieillissement de la population implique des mesures pour assurer la qualité de vie des personnes âgées. Photo : Bùi Phuong/CVN

Qu’avons-nous appris de l’expérience d’autres pays en ce domaine ?

Tous les pays du monde se sont préparés pour cette période. Généralement, ils créent un organisme consultatif qui aide le gouvernement à prendre des politiques privilégiées et à élaborer des réglementations et programmes d’action pour les personnes âgées, notamment en termes de sécurité sociale : allocations en cas de difficultés, amélioration des soins de santé y compris sur le plan psychologique et social, création d’emploi adapté à la condition physique de ces personnes... Dans les pays asiatiques, les personnes âgées vivent dans leur grande majorité en famille, avec leurs enfants. C’est la raison pour laquelle les politiques élaborées portent sur l’amélioration du rôle de la famille, le maintien du modèle familial de plusieurs générations sous un même toit, ou encore les soins de santé à domicile. La République de Corée a créé et généralisé un réseau de centres de soins diurnes des personnes âgées dans les quartiers. Toute la journée, elles participent aux activités du centre, mais le soir, elles retournent chez elles pour dîner et dormir. Dans de nombreux pays, du fait de la diminution du nombre de membres de la famille, comme la famille nucléaire par exemple, ainsi que le nombre important de femmes actives professionnellement, le modèle de soins des personnes âgées dans des établissements spécialisés, tels que centres de convalescence ou maisons de retraite, se généralisent.
Quelles mesures prendre pour s’adapter à cette nouvelle situation ?
C’est un ensemble de mesures qui doivent être prises si nous voulons assurer effectivement la qualité des soins des personnes âgées et nous adapter réellement à cette nouvelle période de notre démographie. Il nous faut d’abord renforcer la communication sur les personnes âgées afin de faire évoluer les conceptions actuelles à leur égard. Puis, nous devons perfectionner le statut juridique comme la réglementation concernant cet âge, créer une caisse pour les seniors afin d’élever la responsabilité de chaque citoyen dès sa jeunesse, ainsi qu’améliorer notre système de sécurité sociale. Ensuite, nous avons besoin d’encourager le développement d’un modèle mixte de soins des personnes âgées : coordination entre le modèle de soins à court terme en centre communautaire la journée et celui à long terme, c’est-à-dire à domicile, en particulier en zone urbaine. Il faut aussi développer le modèle de centre de convalescence ou maison de retraite médicalisée qui est la meilleure solution dans le cas où les enfants ne vivent pas avec leurs parents ou doivent vivre dans une autre localité. Il est également effectif pour les personnes âgées qui nécessitent des soins particuliers qui ne peuvent être dispensés à domicile.

Quê Anh/CVN

 

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