Nguyên Xuân Ly. |
Que pensez-vous de la situation actuelle de l’environnement dans le pays ?
Ces derniers temps, l’environnement est en proie au changement climatique et au développement socio-économique. Les zones industrielles et les cités urbaines se multiplient rapidement. L’évacuation et le traitement des eaux usées industrielles, celui des déchets de la vie quotidienne, sont insuffisants. Il faut y ajouter la destruction des forêts, l’épuisement des minerais. D’où des sources d’eau polluées, la biodiversité menacée, une santé publique compromise et le développement durable du pays remis en cause. La protection de l’environnement, notamment en cette période d’intégration au monde, se pose comme un impératif, alors que c’est un challenge majeur pour le Vietnam.
Les entreprises continuent d’enfreindre la réglementation en matière d’eaux usées. Pour quelles raisons ?
Les cas d’infraction aux règles d’évacuation et de traitement des eaux usées dans les zones industrielles, complexes industriels, zones franches, villages de métiers et cités urbaines, sont largement connus. L’une des raisons principales tient à ce que les entreprises ne construisent pas de système de traitement des eaux usées ou qu’il n’est pas aux normes ou a des problèmes de fonctionnement. Certaines d’entre elles font pire, elles construisent un système d’évacuation souterrain pour rejeter directement leurs eaux usées dans l’environnement.
Démantèlement d’un trafic de bois à Dak Lak. |
Et la plupart d’entre elles n’ont pas de dossier sur leurs mesures de protection de l’environnement, et ne font pas de rapport pour évaluer les effets de leur activité sur l’environnement.
Quelles autres infractions constatez-vous en général ?
L’évolution des infractions en matière d’environnement s’avère complexe. Par exemple, dans le secteur agroalimentaire, des commerçants profitent des règles d’importation pour réexportation pour acquérir des produits alimentaires illégaux ou sans garantie de qualité qu’ils commercialisent finalement dans le pays. En matière de ressources naturelles, on constate l’exploitation, le transport, la vente, ou encore l’import-export illégal de minerais comme l’or, le titane, ou plus simplement du sable, dans les provinces du Nord-Est, du Centre, des hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên). Il faut évoquer aussi le transport et le commerce d’animaux sauvages, notamment ceux qui sont dans le Livre Rouge, ou de produits dérivés de ces animaux.
Quels sont vos plus grands problèmes en termes de prévention et de lutte contre ces infractions ?
Pour l’heure, le cadre juridique dans ce domaine n’est pas encore abouti. Bien que les ministères et les administrations accordent une grande attention à la protection de l’environnement, les résultats ne répondent pas aux attentes. Les forces de police spécialisées dans ce domaine n’accomplissent pas bien leur tâche dans leur localité d’affectation, essentiellement parce qu’elle manque d’équi-pements modernes.
Près de 25.000 affaires d’environnement traitées
D’après le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, la police chargée de la prévention et de la lutte contre la criminalité en matière d’environnement a découvert et traité près de 25.000 affaires depuis 2010. Plus de 350 affaires se sont achevées par une procédure judiciaire, en impliquant près de 400 personnes avec des amendes de près de 200 milliards de dôngs. Les secteurs où les infractions sont les plus fréquentes sont la production industrielle, la construction et la cité urbaine. Environ 6.000 affaires ont été découvertes et sanctionnées de plus de 90 milliards de dôngs d’amendes. En un peu plus de trois ans, plus de 6.000 infractions en matière de gestion et d’exploitation de produits sylvicoles, de minerais et de braconnage d’animaux sauvages ont été traitées.
Quê Anh/CVN