Andrej Motyl. |
Le gouvernement suisse accorde des aides au développement au Vietnam depuis 1992. Ces dernières sont devenues l’une des bases des relations diplomatiques entre les deux gouvernements. Pourriez-vous nous les détailler ?
Nos relations avec le Vietnam, avec lequel nous étions un des premiers gouvernements à établir des relations diplomatiques en 1971, sont riches et variées. Elles incluent des domaines tels que la santé, l’éducation et bien évidemment l’économie. La coopération au développement, entamée en 1992, est rapidement devenue un pilier de nos relations bilatérales.
Notre coopération au développement est représentée par deux agences gouvernementales, notamment la Direction du développement et de la coopération - DDC, (sous le ministère des Affaires étrangères) et le secrétariat d’État pour l’économie - SECO (faisant partie du ministère de l’Économie). La DDC est spécialisée dans la coopération traditionnelle, tandis que le SECO se focalise sur la coopération économique au développement. Bien entendu, de nombreuses ONG suisses sont aussi présentes Vietnam.
Le but de notre coopération au développement est le développement soutenable de l’économie et de la société vietnamienne, afin de réduire la pauvreté et d’améliorer la gestion des risques globaux, tels que le réchauffement climatique.
Dans quelle mesure la Suisse a-t-elle élargi sa Stratégie de coopération au développement envers le Vietnam pour la période 2013-2016 ?
Dans la nouvelle stratégie 2013-2016, la Suisse reconfirme le soutien qu’elle veut apporter au Vietnam en augmentant le budget d’aide de 50% : de 80 millions de francs suisses (CHF) à 123 millions de CHF pour les quatre années à venir. Ceci a été possible grâce à la volonté de notre gouvernement d’augmenter globalement nos moyens de coopération au développement.
La Suisse aide les PME vietnamiennes à améliorer leur gouvernance d’entreprise, l’accès au financement et le développement des chaînes de production. |
Dans le cadre de la stratégie 2013-2016 pour le Vietnam, nous allons adapter nos instruments en tenant compte des progrès réalisés et des priorités exprimées par le gouvernement. En somme, nous allons réduire notre coopération traditionnelle (DDC) au profit d’une augmentation de notre programme de coopération au développement économique, mise en œuvre par le SECO.
Par conséquent, le SECO absorbera 100 millions de CHF (80%) de notre budget 2013-2016.
Le SECO sera actif dans trois domaines principaux, à savoir l’amélioration des conditions cadre pour l’économie et le commerce, le soutien aux PME (petites et moyennes entreprises) et la promotion de la croissance. La DDC continuera ses interventions dans les deux domaines de la gouvernance locale et de l’agriculture et sécurité alimentaire.
Il n’est bien évidemment pas possible de donner ici de plus amples informations sur toutes nos interventions (https://www.swiss-cooperation.admin.ch/mekong), mais nous pouvons citer quelques exemples à titre indicatif.
Nous venons par exemple d’approuver un budget de 24 millions de CHF pour le soutien général au budget dans le cadre de l’Economic Management and Competitiveness Credit (EMCC) de la Banque mondiale et du gouvernement vietnamien. Cet instrument est complété par plusieurs projets pour améliorer la gestion publique des finances. En somme, nous tachons d’aider le Vietnam à renforcer la mobilisation de ses ressources internes, à améliorer l’efficacité de ses dépenses publiques, ainsi qu’à augmenter la transparence. Le soutien général au budget est un instrument clé de la coopération au développement, qui tient compte des structures étatiques existantes et qui responsabilise le gouvernement vietnamien dans la mise en œuvre des programmes de réforme.
Un autre cas de figure est constitué par nos programmes visant à promouvoir le commerce et la compétitivité de l’économie vietnamienne. Nous avons soutenu le pays dans le processus d’adhésion à l’OMC et nous maintenons notre soutien à son intégration dans l’économie mondiale. Nous aidons les PME à améliorer leur gouvernance d’entreprise, l’accès au financement et le développement des chaînes de production. Le soutien à l’application des standards techniques et à la certification des produits est fondamental pour le développement d’un commerce de qualité et de meilleure valeur ajoutée.
Bon nombre d’investisseurs vietnamiens souhaitent placer leurs capitaux dans des projets en Suisse. Pourriez-vous nous parler des politiques prioritaires que le gouvernement suisse accorde aux entrepreneurs étrangers et vietnamiens en particulier ?
Suivant la structure fédérale de mon pays, la promotion de la place économique Suisse constitue une mission commune de la Confédération et des cantons, c’est-à-dire des autorités locales. L’agence «Suisse.+ Promotion du Commerce et des Investissements» est le premier interlocuteur des investisseurs étrangers, qui sont mis en contact avec les autorités cantonales compétentes. Les autorités cantonales vont ensuite présenter les avantages d’une implantation dans leur canton, gérer les contacts avec les investisseurs potentiels et soumettre des offres d’implantation concrètes. Tous les cantons proposent des allègements fiscaux aux entreprises à titre d’encouragement. Les autres instruments varient d’un canton à l’autre, en fonction de la situation et du contexte économique régional.
Quels sont les points forts de la Suisse pour attirer les investisseurs étrangers, et notamment les entreprises vietnamiennes ?
La Suisse est la place économique la plus compétitive du monde. Une grande capacité d’innovation, une main d’œuvre bien formée possédant des compétences linguistiques et une expérience internationale étendues constituent le plus précieux des capitaux d’un pays pauvre en matières premières comme la Suisse. Elle fait partie des pays ayant le plus long temps de travail, les plus fortes dépenses par habitant en science, recherche et formation et le plus de brevets en vigueur par habitant.
Le sceau «Made in Switzerland» signifie qualité, fiabilité et précision. C’est ainsi que les montres et les banques suisses sont devenues célèbres dans le monde entier. Aujourd’hui, la technique sensorielle, les nanotechnologies, les technologies médicales, la biotechnologie, les technologies de communication et d’information se classent au top des produits et services de qualité suisse dans le monde.
S’y ajoutent aux avantages un marché des capitaux en bonne santé, un large éventail de produits et services financiers et d’assurance, ainsi qu’une grande stabilité de la politique économique et monétaire. Last but not least, la Suisse est un pays sûr qui offre une qualité de vie optimale avec une excellente liberté de mouvement sur l’ensemble du territoire.
En bref : une variété de très bonnes raisons pour les entreprises étrangères de s’implanter en Suisse !
Propos recueillis par Phuong Mai/CVN