À la place Tahrir, épicentre de la révolte au Caire, la mobilisation ne montrait aucun signe d'essoufflement malgré les nuits fraîches, la fatigue et les conditions de vie spartiates sur ce rond-point devenu un village de tentes retranché.
La foule a réservé un accueil triomphal au cybermilitant et cadre de Google, Wael Ghonim, libéré le 7 février après 12 jours aux mains des très redoutés services de sécurité d'État. "J'aime à appeler ça la révolution Facebook mais après avoir vu les gens ici, je dirais que c'est la révolution du peuple égyptien", a lancé le jeune homme, entouré par des milliers de manifestants.
Devenu un symbole de la contestation, Wael Ghonim a confirmé dans une interview à la chaîne privée Dream 2 être l'administrateur de la page Facebook "Nous sommes tous Khaled Saïd", du nom d'un jeune homme battu à mort par la police, un mouvement qui a joué un rôle-clé dans le lancement du mouvement.
D'après des photographes de l'AFP place Tahrir, le nombre de manifestants a dépassé celui des rassemblements précédents. Selon des témoins à Alexandrie, il en était de même dans la grande ville du Nord de l'Égypte.
Dans une tentative d'apaisement, M. Moubarak, 82 ans et presque 30 ans à la tête de l'État, a annoncé la création d'une commission pour amender la Constitution, dans le cadre du "dialogue national" entamé dimanche entre le pouvoir et l'opposition dont, pour la première fois, les Frères musulmans.
Le 7 février, il a promis une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires et des retraites à partir du 1er avril, et a demandé la formation d'une commission d'enquête sur les violences du 2 février place Tahrir, où des affrontements meurtriers ont opposé pro et anti Moubarak.
L'opposition conteste notamment les articles de la Constitution liés aux conditions très restrictives de candidature à la présidentielle et au mandat présidentiel.
Mais les mesures politiques -dont l'annonce le 1er février du président qu'il ne briguerait pas un sixième mandat en septembre- n'ont pas apaisé la colère des protestataires qui exigent toujours son départ immédiat.
Le 8 février, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé l'espoir qu'un véritable dialogue entre les responsables politiques et le peuple puisse conduire à "une transition ordonnée et pacifique" en Égypte, où les manifestations contre le régime du président Hosni Moubarak se poursuivent.
AFP-XINHUA/VNA/CVN