Luiz Inacio Lula da Silva, fidèle aux réunions altermondialistes depuis le premier FSM au Brésil en 2001, a prononcé un long discours offensif et résolument optimiste, assurant que "l'ordre économique mondial ne serait plus façonné par quelques économies dominantes".
"En Amérique du Sud, mais surtout dans les rues de Tunis et du Caire et de tant d'autres villes africaines, renaît l'espoir d'un monde nouveau. Des millions de personnes sont en mouvement contre la pauvreté à laquelle elles sont soumises, contre la domination des tyrans, contre la soumission de leur pays à la politique des grandes puissances", a-t-il assuré.
Rappelant que le Brésil abritait "la deuxième plus grande communauté noire du monde après le Nigeria", il a appelé l'Afrique à "prendre conscience de sa force" et de "l'avenir extraordinaire" qui l'attendait, avec ses 800 millions d'habitants, son territoire "immense et riche", qui pourrait lui permettre de bâtir prioritairement son "indépendance en matière de production d'aliments".
Trop longtemps, les pays riches nous ont considéré "comme des périphéries problématiques et dangereuses", a-t-il dit, mais "ceux qui, avec arrogance, donnaient des leçons sur la façon dont nous devions gérer notre économie n'ont pas été capables d'éviter la crise", "née au centre du capitalisme mondial". Il a assuré que, malgré tout, la politique mise en oeuvre au Brésil avait "fait sortir 28 millions de personnes de la pauvreté".
Lula, en chemisette blanche, s'exprimait au côté du président sénégalais Abdoulaye Wade, en costume-cravate. Prenant à son tour la parole, Wade s'est clairement présenté comme "un libéral", fidèle aux thèses de son "maître", l'économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946).
Âgé de 83 ans et candidat pour un troisième mandat en 2012, Wade a déclaré, d'une voix d'abord faible puis très énergique qu'il n'était "pas d'accord" avec les altermondialistes, même s'il partageait avec eux "l'idée de changer le monde qui, à n'en pas douter, va mal". "Je suis un partisan de l'économie de marché et non de l'économie d'État qui a fait faillite partout ou presque dans le monde", a-t-il soutenu.
Rappelant qu'il "réclamait depuis longtemps un siège pour l'Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies", Il a lancé aux militants présents : "si vous qui êtes là, vous aviez soutenu cette idée, l'Afrique serait déjà au Conseil de sécurité!" Puis, il a provoqué une petite bronca lorsqu'il a glissé : "depuis 2000, je suis votre mouvement et je me pose toujours la question, excusez ma franchise : est-ce que vous avez réussi à changer quelque chose" au niveau mondial?" Face à un Lula amusé, il a ajouté : "M. Lula a complètement changé le Brésil, tout le monde le sait (...) Mais sur le plan international, je suis désolé...".
Dans la matinée, Lula avait conversé à Dakar avec la socialiste française Martine Aubry, sur la nécessité d'un "nouveau modèle de développement".
Par ailleurs, au cours des nombreux débats du Forum, des ONG ont mis l'accent, le 7 février, sur "l'accaparement des terres" pratiqué en Afrique "par des groupes étrangers et des Africains nantis".
Au nom d'Oxfam, le Sénégalais Lamine Ndiaye a évoqué "les cas précis d'une compagnie libyenne ayant acquis 200.000 hectares au Mali" et d'autres exemples en Tanzanie, au Ghana, au Mozambique, en Ethiopie mais aussi au Sénégal.
AFP/VNA/CVN