Repenser les zones et complexes industriels au Vietnam

Le constat actuel s'agissant des zones et complexes industriels existants est celui de déficiences et de lacunes au regard de leur objectif. Pour le directeur adjoint de l'Institut central d'étude et de gestion de l'économie, le Docteur Vo Tri Thành, il s'agit de la conséquence d'un mauvais concept auquel il faut nécessairement remédier.

Qu'entendez-vous par conceptualisation erronée et à quelles principes ces zones et complexes industriels doivent-ils répondre ?

Les zone et complexe industriels sont uniquement conçus comme un espace clos destiné à l'implantation d'entreprises, ce qui pêche par simplicité. Elles doivent au contraire être perçues comme des sites de production en cycle fermé dont chacune des entreprises s'y implantant doit s'inscrire dans une chaîne de valeur. En d'autres termes, je parle ici d'une synergie entre entreprises d'un même site, en particulier sur le plan de la complémentarité et de la coopération.

Les zones et complexes industriels doivent regrouper les entreprises qui peuvent se fournir réciproquement biens et services tout au long de leurs chaînes de production ou alors se regrouper dans un même segment d'activité pour réaliser des économies d'échelle ou faire des investissements communs.

Selon vous donc, leur objectif premier n'est pas d'attirer les entreprises ?

Non, pas réellement, pour être précis, c'est un objectif, mais cela ne peut être une fin en soi. Une zone ou un complexe industriel bien conçu attirera "naturellement" les entreprises des secteurs considérés... Or, leur conception actuelle rend difficile la synergie que j'ai évoqué précédemment, d'où problèmes, dont défaut plus ou moins important d'occupation et donc gaspillage du foncier qui pourrait être employé plus utilement. Et nous devons comprendre qu'il ne s'agit pas ici que de foncier, ce n'est pas tout..., cette vision de zones et complexes industriels en tant que terrains affectés à la production entraîne d'autres gaspillages à différents niveaux.

Est-ce la raison pour laquelle le ministère du Plan et de l'Investissement (MPI) a récemment demandé au gouvernement de suspendre la création des sites qui continuent de fonctionner selon le modèle actuel d'activité ?

Je n'ai pas l'intention de remettre en cause le modèle actuel d'activité de ces zones et complexes tant il est indéniable qu'il a considérablement contribué aux réalisations politiques, économiques et sociales de notre pays durant les plus de 20 années du Renouveau. Mon propos est que nous devons prendre acte de l'évolution de la situation comme de reconnaître et analyser faiblesses et les lacunes constatées dans l'activité de ces sites en vue d'y remédier. En ce sens, la suspension de nouvelles créations n'est que provisoire. L'essentiel désormais, comme je l'ai déjà indiqué, c'est de mieux les conceptualiser, d'abord par une définition claire de leurs fonctions et des conditions d'activités.

Si cette suspension n'est que provisoire, quid alors de l'étude de nouveaux modèles ?

Le gouvernement vient justement de confier au MPI l'étude et l'élaboration d'un projet en ce sens, portant sur le "Développement de zones et complexes industriels en relation avec le développement de l'industrie auxiliaire, la création d'une chaîne de production et de valeur". Ce projet va évaluer les lacunes des modèles existants des zones et complexes industriels et proposer de nouveaux modèles pour ces sites qui pourront donc être spécifiques à la réalité économique. L'Institut central d'étude et de gestion de l'économie, qui relève du MPI, prendra en charge l'établissement de ce projet.

Quelques mots sur les nouveaux modèles envisagés, concrètement ?

C'est un peu prématuré mais je peux vous donner des exemples, tels les zones et complexes d'électromécanique de Hanoi ou ceux des provinces de Bac Ninh et de Hai Duong (Nord). Les entreprises y travaillent en complémentarité et en coopération. J'aimerais toutefois vous préciser que la mise en oeuvre d'un nouveau concept et les modèles qui en découlent implique un entier processus qui ne va pas de soi : de fait, plusieurs pays dans le monde y ont échoué... Il n'y a pas de raison que cela soit plus simple au Vietnam.

Éclairage
Selon la classification en ce domaine, est qualifiée de zone industrielle un site d'une superficie de plus de 50 ha et dont la gestion relève au MPI, et complexe industriel, de moins de 50 ha, lequel est sous la tutelle du ministère de l'Industrie et du Commerce (MIC). Leur situation n'est pas satisfaisante actuellement. En effet, suivant les statistiques du Département de l'investissement étranger du MPI, le pays compte 260 zones industrielles (données juin 2011). Le MIC a énuméré 1.872 complexes industriels (données 2009) dont 918 en activité. Néanmoins, le taux d'occupation des terrains dans les zones industrielles n'est que de moins de 50% et celui dans les complexes industriels, de 26%.
La raison essentielle tient à une offre supérieure à la demande. Beaucoup de villes et provinces demandent l'autorisation de créer zones et complexes industriels alors que ceux existants ne sont pas encore remplis. En outre, une récente enquête du ministère du Plan et de l'Investissement effectuée dans la plupart des villes et provinces possédant de tels sites révèle que la majorité des entreprises basées dans ces sites ont une activité totalement indépendante les une des autres.

Linh Thao/CVN

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