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L'artisan Nguyên Van Thành à côté de ses "tò he" (figurines en pâte de riz colorée). |
Photo : VOV |
La Fête de la Mi-automne arrive, et c’est également synonyme de rues savamment parées de toutes sortes de jouets, de lanternes et de masques en carton. Mais si on s’approche de plus près, les jouets traditionnels ne font plus qu’office de décors. Disséminés dans les échoppes, ils sont devenus invendables.
Une mauvaise nouvelle, où l’indifférence des enfants et les faibles ventes qui s’en suivent font perdre le goût aux artisans de poursuivre leur métier.
Un art qui disparaît
Le village de Xuân La, dans la commune de Phuong Duc, district de Phú Xuyên, près de Hanoï, est spécialisé dans la fabrication des tò he, des figurines en pâte de riz colorée. Mais aujourd’hui, c’est un village qui s’inquiète de son avenir.
Autrefois très prisés par les enfants, les tò he avaient développé toute une activité dynamique dédiée au modelage de ces figurines. Mais au fil du temps, les nouveaux jouets ont fait leur apparition, et firent de l’ombre aux jouets traditionnels.
Selon Nguyên Van Phiên, un vieil artisan du village, les artisans qui quittent leur métier sont innombrables. À l’heure actuelle, il ne reste plus que 300 personnes qui s’attachent encore à leur activité à Xuân La.
Dans le but de conserver et promouvoir les valeurs traditionnelles, Nguyên Van Thành, un artisan émérite et aussi président de l’Association du village de métier de Xuân La, a entrepris de nombreux efforts pour apprendre toutes les techniques et les secrets des vieux artisans. Il a mis en ligne le site web www.tohexuanla.vn pour présenter et faire rayonner l’image de son village de métier, ainsi que ses produits artisanaux. Au delà des pages Internet, il part avec l’aide d’autres artisans dans des zones résidentielles, centres urbains, universités et écoles pour enseigner l’art du modelage des tò he, et présenter leurs créations.
«Bien que plusieurs choses soient déjà perdues, il reste encore des valeurs, qui sont l’âme du pays et de l’enfance. Nous devons les garder à tout prix», confie Nguyên Van Thành.
Revenu trop faible
Vu Van Sinh en faisant un "đèn kéo quân" (lanterne à ombres mobiles). |
Photo : CSTC |
Autre village, mais tout autant de préoccupations. Le hameau de Dàn Viên, dans la commune de Cao Viên, district de Thanh Oai, en banlieue de Hanoï, les fabricants de lanternes à ombres mobiles, appelées đèn kéo quân, voient également leur futur avec pessimisme.
Un artisan, même des plus qualifiés, ne peut fabriquer au maximum que deux lanternes par jour. La situation a continué de s'empirer, les ventes ayant en plus du mal à suivre. Certains jours ne rapportant pas plus que 100.000 dôngs, la plupart des artisans ont déjà quitté le métier.
Interrogé sur la raison pour laquelle il continue ses activités d’artisanat, Vu Van Sinh raconte : «Auparavant, le village de Dàn Viên était connu pour la fabrication de pétards et de toutes sortes de lanternes parmi lesquelles le "đèn kéo quân" était le plus prisé. Mais depuis, la fabrication de pétards a été interdite au Vietnam. Quant aux lanternes, aujourd’hui, les enfants ne s’y intéressent plus. Sans revenu, les artisans quittent petit à petit les lanternes».
Maintenant, seuls le regret du métier des pères et des souvenirs de l’enfance incitent Vu Van Sinh à continuer à fabriquer des lanternes. Pour l’heure, à Hanoï, il y a la peur que ce village soit le dernier lieu qui fabrique encore des lanternes à ombres mobiles.
Pour les sourires des enfants
Nguyên Thi Tuyên, dernière fabricante de lanternes étoilées du village de Hâu Ai. |
Photo : CSTC |
En fait, Vu Van Sinh et Nguyên Van Thành ne sont pas les seules personnes ayant des préoccupations sur l’avenir des jouets traditionnels.
Nguyên Van Quyên, un artisan qui est souvent invité à enseigner aux enfants les techniques pour fabriquer des jouets folkloriques en marge de fêtes ou dans les musées. Ou encore Nguyên Thi Tuyên, la dernière fabricante de lanternes étoilées du village de Hâu Ai, dans la commune de Vân Canh, district de Hoài Duc, à Hanoï. En période de pleine apogée, 60% des villageois produisaient des lanternes. Mais enfin, ce village de métier est également victime de la mode et des tendances.
Que leur reste-t-il donc pour maintenir ces métiers artisanaux ? Ils saisissent chaque occasion pour présenter ces jouets traditionnels, dans des fêtes, dans des universités et écoles, et ce, en promouvant les valeurs traditionnelles tout en transmettant les techniques. D’autres choisissent de cumuler plusieurs emplois pour gagner leur vie. Maintenir ces activités ancestrales est des plus difficiles. Mais les artisans s’efforcent toujours de s’attacher aux jouets pour une seule raison : la joie des enfants.
Huy Hoàng/CVN