Le salut de Son Doong passe par une jeune enseignante

Lors d’une rencontre entre le président Obama et la jeunesse vietnamienne à Hanoï en mai dernier, une jeune femme s’était présentée avec un t-shirt floqué d’un «Sauvons Son Doong». Un message militant, pour faire rappeler la nécessité de préserver le patrimoine pour les futures générations.

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Lê Nguyên Thiên Huong présente un chapeau conique et un T-shirt imprimé avec le slogan «Sauvons Son Doong» au président Obama.
TT/CVN

La courageuse audacieuse, qui portait en plus un chapeau conique, est Lê Nguyên Thiên Huong. Âgée de 24 ans, elle est une ancienne étudiante de la California State Université, à Fullerton aux États-Unis, et elle travaille actuellement en tant qu’enseignante chargée de relations publiques à Hô Chi Minh-Ville. Mais elle est surtout la fondatrice du projet «Sauvons Son Doong», qui a pour but de sensibiliser le public à sauvegarder la plus grande grotte au monde et préserver sa beauté, encore pratiquement intacte, et son environnement naturel.

Découvrir de nouvelles terres

En 2014, elle découvre un article sur le projet de construction d’un câble menant à la grotte de Son Doong, pouvant desservir environ 8.000 visiteurs par jour. Pour la jeune femme, l’impact d’une telle construction sera plus que négatif sur l’écosystème. Elle avait visité quelques temps avant ladite grotte, et fut totalement sous le charme. «Le monde mystérieux souterrain s’était soudain ouvert à moi, se souvient-elle. C’est un tout autre monde qui existe, séparément du notre. Il a réveillé en moi une envie de découverte».

La jeune fille explique qu’elle avait toujours aimé lire Doraemon, une bande dessinée japonaise très connue sur les aventures du chat-robot, infatigable voyageur et défenseur de la nature qui est allé jusqu’au centre de la terre. Une source d’inspiration, qui lui a donné le goût de l’exploration. «J’ai toujours rêvé de voyager et de partir à la découverte de nouvelles terres, des expériences qui enrichissent ma vie et mon âme. Je partage souvent avec mes élèves sur ce que j’ai pu voir et apprendre lors de mes périples». Un appel du large qui lui vaudra le surnom d’«enseignante baroudeuse» par ses élèves, ses parents mais aussi par les autres membres du projet «Sauvons Son Doong».

Elle se montre dès lors très préoccupée et concernée par le projet de construction du téléphérique menant vers la grotte. «La fierté vietnamienne trouve ses racines dans les beaux paysages du patrimoine naturel, mais les Vietnamiens ne font rien pour protéger ces derniers», martèle-t-elle. «Comment expliquer qu’un étranger, le docteur Howard Limbert (expert de la grotte de l’Association britannique de recherche sur les cavernes, Ndlr) soit l’un des premiers à tenter de protéger le site de Son Doong, alors que les Vietnamiens ne le font pas ?», critique-t-elle.

La grotte de Son Doong à Quang Binh (Centre).

Huong a décidé de passer à l’action pour sauver la grotte. Elle a envoyé des lettres à de nombreuses organisations vietnamiennes et étrangères. Elle a démarré l’écriture d’articles, qui seront vus plusieurs milliers de fois sur Internet. Après avoir attiré l’attention du public, elle a lancé une campagne à plus grande échelle pour protéger ce précieux patrimoine naturel.

Elle a fait équipe avec le fondateur du groupe sur Facebook #SaveSonDoong et un groupe de jeunes à Hô Chi Minh-Ville pour développer un site web et planifier des événements pour faire connaître la grotte.

La campagne «Sauvons Son Doong» a ainsi pris forme. Huong et ses acolytes ont reçu une bonne part de soutien, mais également ont été les cibles de plusieurs critiques. Son équipe a dû apprendre à gérer leur page sur le réseau social, en respectant les opinions de la communauté et en utilisant des approches différentes pour faire face à chaque scénario. Non sans une certaine appréhension. «J’ai tellement peur des opinions comme + nous ne pouvons rien y faire +ou du style+ la campagne ne sert à rien +», avoue-t-elle. «Je crois que nous détenons la foi en notre environnement entre nos mains. La façon dont nous exprimons notre point de vue peut influencer la société».

Préserver le meilleur pour l’avenir

Le système de téléphérique est un projet avant tout économique, et les investisseurs visent le profit. Huong est catégorique, si les gens boycottent le projet et refusent d’utiliser les téléphériques, les investisseurs n’auront plus la motivation pour mener le projet.

Lors de la visite de Barack Obama, elle a profité de l’occasion pour lui demander «Comment comptez-vous découvrir la grotte de Son Doong. À pied ou en téléphérique ?».

Le président américain lui a répondu, que «tout d’abord, je voudrais vraiment aller visiter Son Doong lors de ma prochaine visite. Et vous savez, je suis une personne en forme et je peux venir à pied. Combien de temps faut-il ? Sept jours ? Très bien, cela me va. Je peux le faire».

Le développement durable avait d’ailleurs été placé au cœur de la rencontre. «Si nous voulons assurer la santé de nos peuples et la beauté de notre planète, le développement doit être durable, a souligné le président Obama. Les merveilles naturelles comme la baie de Ha Long et la grotte de Son Doong doivent être préservées pour nos enfants, nos petits-enfants».

Un discours qui a su toucher Huong, heureuse et plus motivée que jamais. «Je me sens gênée que lorsque nous possédons une merveille de la nature, nous n’arrivons pas à la protéger», se lamente-t-elle. Mais derrière cet amer constat, la jeune femme préfère penser aux futures générations : «Quand nous élevons notre voix pour sauver le patrimoine, nous pourrons dire avec fierté à nos descendants que nous avons essayé de préserver le meilleur pour eux».

Thuy Hà/CVN


Son Doong, une beauté ancestrale

Datant de plus de 2,5 millions d’années, la grotte de Son Doong ne fut découverte qu’en 2009 dans la province centrale de Quang Binh. Elle mesure 200 mètres de large, plus de 150 mètres de haut pour 6,5 km de longueur. D’une beauté imposante et spectaculaire, elle est parsemée de stalactites et de stalagmites, aux formes toutes plus diverses, et abrite même une forêt vierge.

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