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Une scène du film "Lật mặt 7 : Một điều ước" (Face-à-face 7 : un souhait) ou "Face off 7 : One wish" en anglais, un des rares succès récents du box-office national. |
Photo : DA/CVN |
Les suggestions des cinéastes et des distributeurs ont été recueillies pour contribuer à une étude de pré-faisabilité qui pourrait concrétiser l’ambition cinématographique de la mégapole du Sud. Le réalisateur Charlie Nguyên considère la ville comme le candidat le plus prometteur pour cette initiative.
La ville dispose d’une riche mosaïque culturelle, avec une concentration de talents, de studios de cinéma, de producteurs, ainsi que des coûts de production compétitifs réunis en un même lieu. Grâce à un mélange unique de culture traditionnelle et moderne, ainsi qu’à des paysages diversifiés, elle propose une large variété de décors captivants pour les cinéastes.
Les rues bordées d’architectures coloniales françaises en côtoient d’autres illuminées par des enseignes au néon ou reflétant différentes influences culturelles, faisant de Hô Chi Minh-Ville un lieu idéal pour encourager les échanges internationaux à travers le cinéma.
Un écosystème cinématographique
Pour se positionner en tant que véritable destination ciné-ma-tographique, Hô Chi Minh-Ville doit développer un écosystème plus complet, à l’image de celui de Busan, en République de Corée.
Il est impératif d’investir dans des studios modernes et des infrastructures de post-production conformes aux normes internationales afin d’attirer les producteurs étrangers. “Les pays utilisent souvent les festivals du film comme outil de promotion de leurs marques cinématographiques. Nous avons le Festival international du film de Hô Chi Minh-Ville, et j’espère que nous pourrons le développer à l’avenir”, a déclaré Charlie Nguyên. Il a également insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre la préservation de la culture et l’octroi de la liberté créative indispensable aux cinéastes.
“La Loi sur la cinématographie a décentralisé la censure des films vers les autorités locales et les municipalités, a rappelé Charlie Nguyên. Hô Chi Minh-Ville devrait prendre les devants en permettant aux cinéastes de privilégier la qualité plutôt que de se perdre dans la bureaucratie”.
Un cadre réglementaire minimise les obstacles
Ngô Thi Bich Hanh, cofondatrice et vice-présidente de la société à responsabilité limitée BHD Star Cineplex, a observé que l’industrie cinématographique vietnamienne ne s’est véritablement développée que ces 15 dernières années, dominée par les entreprises étrangères et privées.
Elle a souligné que ces entreprises opèrent en grande partie sans un soutien suffisant de l’État, rendant urgent l’établissement de politiques régulatrices pour soutenir le secteur. “Du point de vue d’une société de production, nous avons besoin d’un soutien en matière de financement, de ressources humaines et de politiques spécifiques. Par exemple, un appui financier pour la sortie et la distribution des films pourrait rendre les cinémas plus rentables”.
Vue aérienne de Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : VNA/CVN |
Les coûts d’investissement et les frais de location élevés compliquent la tâche des cinémas pour atteindre le seuil de rentabilité ou réaliser des bénéfices. Après un boom initial visant à gagner des parts de marché, de nombreux cinémas se retrouvent maintenant dans une phase de stagnation.
Si Hô Chi Minh-Ville pouvait mettre en place des prêts de développement culturel auprès des banques commerciales - similaires à ceux à taux préférentiels dans l’agriculture - cela permettrait aux entreprises nationales de mieux faire face à la concurrence étrangère.
La ville doit aussi changer de perspective : au lieu de considérer le cinéma comme un simple secteur de services, elle devrait prioriser la production cinématographique nationale et la création de contenu. Les films étant des actifs incorporels précieux, les banques devraient être incitées à accepter les droits d’auteur des films en tant que garantie pour les prêts.
Il est nécessaire d’établir des politiques de promotion de la production cinématographique et les activités de contenu numérique au Vietnam, tout en réduisant les obstacles administratifs pour les équipes de tournage.
Encourager les tournages dans différents quartiers de la ville contribuerait à promouvoir l’image de Hô Chi Minh-Ville à travers le cinéma. Le réalisateur Nhât Trung a identifié trois défis majeurs auxquels l’industrie cinématographique de Hô Chi Minh-Ville est confrontée.
Premièrement, le manque de personnel qualifié. La ville ne dispose pas actuellement d’une main-d’œuvre aux standards internationaux, un élément clé pour faire progresser son industrie cinématographique. Des politiques de formation et de développement sont essentielles pour repérer et accompagner les talents. Bien que la ville possède un potentiel certain, elle peine à créer un environnement propice à la croissance.
Deuxièmement, le financement. En tant qu’acteur émergent sur la scène internationale, la ville a besoin d’investissements conséquents pour rivaliser avec des marchés établis comme ceux de la République de Corée et des États-Unis.
Troisièmement, la visibilité mondiale. D’autres initiatives sont nécessaires pour faire rayonner le 7e art de la ville à l’échelle internationale. Si le Festival international du film de Hô Chi Minh-Ville va dans la bonne direction, d’autres festivals seront nécessaires pour attirer producteurs, réalisateurs et grands films.
Pour surmonter ces obstacles, la mégapole du Sud devra améliorer ses infrastructures, former ses talents et renforcer sa présence internationale afin de s’imposer comme une véritable métropole cinématographique.
Thuy Hà/CVN