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La collection des jouets traditionnels pour la Fête de la mi-automne à l'espace créatif Phuong Bach Nghê, dans le quartier de Mô Lao, arrondissement de Hà Dông, Hanoï. |
"Je suis un Hanoïen de la génération 8X. Quand j’étais enfant, mon grand-père m’emmenait dans la rue de Tây Son pour admirer les jouets de la fête de la mi-automne. C’est un souvenir gravé à jamais dans mon cœur", partage Ngô Quy Duc, fondateur de Phuong Bach Nghê. Aujourd’hui, à chaque fête, il ne cache pas sa tristesse en constatant l’absence quasi totale des jouets traditionnels de la mi-automne dans la rue Hàng Ma (arrondissement de Hoàn Kiêm), une rue spécialisée dans la vente de jouets. Avec le projet Phuong Bach Nghê, Ngô Quy Duc souhaite créer un espace pour mettre en valeur les jouets traditionnels.
Deux enseignantes de l'école maternelle Hanoï Séoul font des photos de souvenir à côté des jouets présentés à Phuong Bach Nghê. |
Les visiteurs, notamment les jeunes et les enfants, viennent nombreux. À cette occasion, ils peuvent admirer des lanternes en forme d’étoile, des masques en papier mâché, des docteurs en papier, des têtes de lion, etc. Ces jouets étaient autrefois incontournables pour la fête de la mi-automne. Chaque jouet porte une signification particulière. Les docteurs en papier et les "phông" - statuettes en terre cuite - expriment le souhait des parents pour l’assiduité et la réussite de leurs enfants dans leurs études et leur carrière, symbolisant ainsi la tradition studieuse du Vietnam. Les lanternes en forme d’étoile, quant à elles, représentent l’espoir d’un avenir brillant pour les enfants.
Pour la fête de la mi-automne, les parents offrent à leurs enfants des jouets. |
"À l’approche de la fête de la mi-automne, je voulais que les petits de notre école maternelle puissent découvrir les jouets d’autrefois. Par hasard, nous avons entendu parler de l’espace créatif Phuong Bach Nghê, et les objets exposés nous ont beaucoup intéressés. J’ai donc décidé d’amener mes élèves pour visiter cet espace", confie Lê Thi Vân, directrice de l’école maternelle Hanoï Séoul, située à Mô Lao, Hà Dông.
"Il n’est pas nécessaire de se rendre dans les villages artisanaux pour connaître les métiers traditionnels. Chez Phuong Bach Nghê, on peut les découvrir grâce aux explications des jeunes volontaires", affirme Bach Thu Trang, également de cette école maternelle.
Volonté de préserver les jouets traditionnels
Les jeunes s'intéressent de plus en plus aux valeurs traditionnelles. |
Tous ces jouets sont fabriqués par des artisans des villages de métiers traditionnels du pays. "La fabrication des jouets traditionnels pour la mi-automne est de plus en plus menacée. Par exemple, à Hanoï, une seule famille continue de produire des masques en papier mâché. La situation est similaire pour les statuettes en terre cuite. Il ne reste qu’un seul artisan, à la commune de Song Hô, district de Thuân Thành, province de Bac Ninh, qui détient encore les secrets de cette fabrication", informe Ngô Quy Duc.
Il y a beaucoup de coins à découvrir dans l'espace créatif Phuong Bach Nghê. |
Dans sa collection, M. Duc préserve un jouet spécial : un lapin en fer jouant du tambour, un produit typique du village de Khuong Ha, arrondissement de Thanh Xuân, Hanoï. Aujourd’hui, aucun artisan ne fabrique plus ce jouet. Le dernier artisan est décédé il y a trois ans. "Avant les années 2000, ce jouet était très populaire. Pourtant, seules les familles aisées pouvaient se le permettre, car il était coûteux. Ce jouet était fabriqué manuellement, demandant beaucoup de temps et d’efforts", souligne M. Duc. Avec l’arrivée des jouets étrangers, appréciés pour la diversité et la modernité de leurs modèles, les artisans de Khuong Ha ont dû abandonner ce métier traditionnel.
Le lapin en fer jouant du tambour est le produit d'un artisan décédé du village de Khuong Ha, Hanoï. |
À Phuong Bach Nghê, Ngô Quy Duc a réussi à collectionner presque tous les modèles de jouets traditionnels pour la fête de la mi-automne. "Il faut reconnaître que les jouets traditionnels vietnamiens n’offrent pas une grande variété de modèles, tandis que les enfants sont souvent attirés par les jouets étrangers modernes et colorés. De plus, avec le déclin du nombre d’artisans, le prix des jouets vietnamiens a également augmenté, réduisant ainsi leur compétitivité", partage M. Duc.
Les statuettes en terre cuite sont un des jouets incontournables dans la fête de la mi-automne. |
"J’ai visité de nombreux villages artisanaux à travers le pays. Tous les vieux artisans expriment le souhait de transmettre leurs savoir-faire aux générations futures", explique M. Duc. Toutefois, il est difficile de trouver des apprentis. "J’ai moi-même appris quelques métiers pour les développer à l’avenir", espère-t-il. Il ajoute que chez Phuong Bach Nghê, un centre d’études et de développement des métiers artisanaux a été inauguré. Ce centre regroupe de jeunes passionnés par les valeurs traditionnelles, qui étudient les jouets traditionnels pour ensuite les moderniser et les adapter aux besoins des consommateurs.
"Nous mettrons l’accent sur la diversification des modèles", précise M. Duc. "D’autre part, nous organiserons des expositions sur des thèmes variés, comme les planches xylographiques, les jouets de la fête de la mi-automne, les produits en céramique ou en bambou... Lors de ces événements, les participants pourront mettre la main à la pâte et essayer de fabriquer les produits eux-mêmes. Nous inviterons également des artisans pour qu’ils partagent les difficultés liées à la préservation de leur métier traditionnel", conclut-il.
Texte et photos : Vân Anh/CVN