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L'artiste Giáng Son. |
Photo : NVCC/CVN |
Née en 1975, Giáng Son grandit dans un environnement où l’art est omniprésent. Fille du musicien et enseignant Hoàng Kiêu et de l’artiste de chèo (un art musical et théâtral typique du delta du fleuve Rouge) Bich Ngoc, elle est naturellement initiée à la musique dès son plus jeune âge.
Pourtant, c’est avec une certaine réticence qu’elle commence à apprendre le piano.
Elle se souvient encore d’une lettre à son père, où elle exprimait son découragement face à la rigueur du piano classique. Mais son père, croyant en son talent, l’a encouragée à persévérer.
C’est finalement un soir d’orage, à l’âge de 10 ans, que l’inspiration lui vient : elle compose en une heure sa première pièce musicale pour piano intitulée Romance. Ce moment marque un tournant décisif dans sa vie, son père reconnaissant en elle un potentiel créatif exceptionnel.
Ascension avec Năm dòng kẻ
Dans les années 1990, Giáng Son cofonde le groupe Năm dòng kẻ (Cinq lignes), une formation qui bouscule les codes de la musique vietnamienne en intégrant des sonorités contemporaines à des influences traditionnelles. Le succès est fulgurant et le groupe se forge une solide réputation à travers le pays.
En 1998, Giáng Son et la vocaliste Lan Huong fondent Exotica, obtenant le prix du “Meilleur jeune auteur” au Festival national des formations musicales d’étudiants en 1999. Peu après, fin 1999, le duo crée Du ca, un groupe de cinq membres, rebaptisé ultérieurement Năm dòng kẻ. En 2003, cette formation lance l’album Em (Toi), principalement composé par Giáng Son. En 2005, elle publie Cỏ và mưa - 30 tình khúc Giáng Son (L’herbe et la pluie - 30 chansons d’amour de Giáng Son).
Cependant, en pleine ascension, Giáng Son prend une décision surprenante : quitter le groupe et retourner à Hanoï pour poursuivre sa carrière de compositrice, d’enseignante et d’étudiante.
Elle rejoint alors l’Académie de théâtre et de cinéma de Hanoï, où elle consacre vingt-trois ans à la formation de jeunes musiciens.
Ce choix, influencé par l’héritage familial, reflète aussi son désir de transmettre son savoir. Elle compose également de la musique pour des pièces de théâtre de différents genres, tels que le chèo, le tuồng (trait culturel caractéristique du Sud) et le cải lương (style d’opéra populaire moderne du Sud).
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L'album "Bóng tối Jazz" (L'ombre du jazz) de Giáng Son. |
Photo : CTV/CVN |
“Mon père souhaitait que j’applique les techniques de l’orchestre occidental pour développer la musique traditionnelle”, souligne-t-elle. “J’ai été profondément influencée par la personnalité de mon père : un musicien, un enseignant et un chercheur qui vivait toujours avec l’art, travaillant souvent jusqu’à deux ou trois heures du matin”, se souvient-elle.
Il connaissait le chinois, le hán nôm (l’alphabet vietnamien inspiré du chinois) et un peu de français. Dans la vie, c’était une personne réservée, peu loquace, qui ne faisait jamais de grandes déclarations, mais prouvait tout par les résultats de son travail.
Influences occidentales et sonorités orientales
Tout en enseignant, Giáng Son ne cesse de composer. Son œuvre se distingue par une approche subtile et émotionnelle, mêlant harmonieusement influences occidentales et sonorités vietnamiennes.
En 2005, son titre Giấc mơ trưa (Rêve de midi) a été élu "Chanson du mois" et lui a valu le prix de "Musicienne marquante" lors de l’émission "Bài hát Việt" (Chanson vietnamienne) de la Télévision vietnamienne.
En 2007, Giáng Son lance son premier album studio, sobrement intitulé Giáng Son, qui a été nommé aux prix Công hiên (Contributions) du journal Thể thao & Văn hoá (Sports & Culture) de l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA) - une sorte de “Grammy vietnamien”. En 2010, elle est la seule femme musicienne honorée dans le cadre de l’émission “Con đường âm nhạc” (La Route de la musique) produite par la Télévision vietnamienne.
En 2015, elle franchit une étape importante dans sa carrière en collaborant avec Hà Trân et Tùng Duong sur l’album Bóng tối Jazz (L’ombre du jazz), un projet qui lui a valu le prix Công hiên dans la catégorie “Album de l’année”. En 2023, elle présente son troisième album, Sing My Sol, contenant des morceaux qu’elle a elle-même composés et interprétés.
En 2025, Giáng Son organisera son propre concert “Giấc mơ Sol” (Rêve de Sol), un événement marquant ses 40 ans de carrière, le 15 février à Hanoï. Ce projet, longtemps rêvé, représente pour elle un aboutissement personnel et artistique.
Entourée de nombreux artistes de renom tels que Tùng Duong, Thanh Lam et Hà Trân, elle espère offrir au public une expérience unique, où ses compositions seront mises en lumière dans une scénographie soignée. Avec ce concert, “je souhaite que l’identité de mon travail de musicienne se révèle pleinement”, confie-t-elle.
Aujourd’hui, Giáng Son continue d’explorer de nouveaux horizons. Après avoir enseigné pendant des décennies, elle décide de se consacrer davantage à la création et à la scène. Toujours en quête de renouveau, elle envisage même de collaborer avec la jeune génération, notamment avec son neveu, l’artiste Madihu.
Son engagement pour une musique sincère et authentique a été le fil conducteur de sa carrière, lui permettant de traverser les époques sans jamais renier son identité artistique. Pour elle, la clé d’une carrière durable réside dans la passion et l’intégrité.
Dan Thanh/CVN