Gia Lai : il relie les deux rives de la rivière Ba depuis une décennie

Ces dix dernières années, un homme de la province de Gia Lai (hauts plateaux du Centre) a consacré son temps et son argent à la construction d’un pont après avoir été témoin des dangers auxquels les gens étaient confrontés lorsqu’ils traversaient la rivière Ba.

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Ksor Yan et le pont provisoire reliant les communes d’Ia Kdam et d’Ia Ma Ron dans la province de Gia Lai, sur les hauts plateaux du Centre. 
Photo : CTV/CVN

Après avoir passé 30 ans à conduire une barque avec ses parents pour aider les passagers à traverser la rivière Ba, Ksor Yan, originaire du village de Plei Kdam, commune d’Ia Kdam, district d’Ia Pa, province de Gia Lai, sur les hauts plateaux du Centre, comprend parfaitement les difficultés auxquelles les habitants locaux sont confrontés à cause de l’absence d’une route directe reliant les deux rives.

En 2010, l’État a investi dans la construction d’un pont reliant la commune d’Ia Kdam au centre administratif du district. Malgré cela, Ksor Yan a conservé précieusement ses trois bateaux en tant que souvenirs de l’époque où sa famille transportait des passagers sur la rivière.

Assurer la sécurité des habitants

Cependant, en raison de la distance de plus de 10 km entre la commune d’Ia Kdam et la commune de Ia Ma Ron lorsque l’on emprunte la route principale, de nombreux habitants des communes de Chu Mô, Ia Kdam et Ia Ma Ron ont continué à négliger les dangers et à traverser la rivière Ba.

Conscients des dangers auxquels ils sont confrontés, en 2016, M. Yan a discuté avec sa famille de la nécessité d’investir dans la construction d’un pont temporaire reliant le village de Plei Kdam dans la commune de Ia Kdam au village de Plei Rngol, dans la commune d’Ia Ma Ron. Il a alors demandé aux autorités locales l’autorisation de le construire. Le pont mesure plus de 300 m de long et est fait de planches assemblées. Son pied est constitué de grands poteaux en bois enfoncés profondément dans le lit de la rivière. Malgré les efforts déployés pour le construire solidement, lorsque la saison des inondations arrive, le pont est emporté par les eaux.

“Chaque année, vers le mois de juin, les eaux de crue montent soudainement la nuit et le pont est emporté par les eaux sans que personne ne puisse intervenir”, se souvient M. Yan. Après que le pont a été emporté, il le reconstruit lorsque la rivière retrouve son niveau normal. “Ce pont a été reconstruit en janvier suivant”, précise-t-il.

“Tout le village s’est donné la main pour aider. Les planches et le bois ont été préparés à l’avance par ma famille, pour un coût total d’environ 15 millions de dôngs (600 USD). Comme le pont doit être reconstruit chaque année, je facture 5.000 dôngs (20 centimes d’euro) pour chaque motocyclette afin de pouvoir financer l’entretien, mais le passage est gratuit pour les cyclistes, les piétons et les étudiants”, explique-t-il.

“Le péage est minime et n’est que symbolique, mais l’essentiel est de créer des conditions favorables pour les gens. Si quelqu’un a des difficultés, je le laisse traverser le pont gratuitement”, fait-il savoir.

Chaque jour, une soixantaine de personnes et de véhicules empruntent le pont et il doit être y présent de 05h00 à 17h00. En conséquence, l’image du vieil homme dans une cabane de fortune au bord de la rivière est devenue familière aux habitants des deux côtés de la rivière depuis une décennie.

Tout en s’occupant du pont, il jette des filets de pêche dans la rivière. Il dit que sa vie est intimement liée à la rivière et qu’il lui est impossible de s’en éloigner. Il y a eu plusieurs incidents au cours desquels des personnes ivres ont perdu le contrôle de leur voiture et sont tombées dans la rivière, et il a alors plongé pour les secourir.

“Heureusement, personne n’a eu d’accident sur le pont depuis sa construction”, précise-t-il.

Nécessité d'un pont en dur

Le pont en bois, fragile comme un fil, qui enjambe la rivière Ba. 
Photo : CTV/CVN

Traversant la rivière deux fois par jour, Lê Thi Kiêu, une habitante du village de Plei Kdam, dans la commune d’Ia Kdam, partage : “La commune n’a pas de marché ni de grande épicerie, alors je dois aller chaque jour dans la commune d’Ia Ma Ron pour acheter des produits de première nécessité afin de les revendre aux villageois”.

“La route principale est trop loin, alors je traverse le pont temporaire pour gagner du temps”, raconte Mme Kiêu. “Cependant, pendant six mois de l’année, je dois emprunter la route principale parce que l’eau emporte le pont. Tout le monde veut un pont solide pour ne pas être bloqué pendant la saison des pluies”, ajoute-t-elle.

Siu Biên, du village Ma Rin 2, de la commune d’Ia Ma Ron, confie que sa famille possède deux hectares de manioc dans la commune d’Ia Kdam et qu’il doit souvent traverser la rivière pour s’en occuper. Chaque jour, il emprunte le pont provisoire pour gagner du temps.

“Les villageois des deux côtés de la rivière sont très reconnaissants envers M.Yan. Dans un avenir proche, s’il prend sa retraite, tout le monde devra peut-être à nouveau traverser la rivière à gué”, déclare M. Biên.

Pendant la saison des pluies et des inondations, les autorités locales affichent des panneaux avertissant les gens du danger. À plusieurs reprises, les habitants leur ont demandé de construire un pont plus solide dans cette zone. Mais en raison du manque de financement, aucun n’a été construit.

M. Yan dit avec tristesse : “Je ne pourrai probablement reconstruire le pont que cette année. Je suis vieux et j’ai mal au corps ; l’année prochaine, je ne pourrai plus le faire. J’espère simplement que l’État investira dans des ponts plus solides afin de faciliter le transport des gens”, ajoute-t-il.

Huong Linh/CVN

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