Funérailles à hauts risques dans l'Ouest du Kenya pour l'opposant historique Odinga

Après deux journées d'une ferveur aussi intense que mortelle à Nairobi où cinq de ses partisans ont péri, la dépouille de Raila Odinga doit rejoindre samedi 18 octobre l'Ouest du Kenya, d'où l'opposant historique était originaire et où il est vénéré, faisant craindre de nouveaux débordements.

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Un manifestant tient une image représentant l'ex-Premier ministre kényan Raila Odinga, le 17 octobre 2025 à Nairobi.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les rues de Kisumu sur les bords du lac Victoria où M. Odinga avait, de son vivant, quasiment un statut de demi-dieu, étaient déjà noires de monde vendredi soir 17 octobre, alors que son corps n'était pas encore arrivé sur place, a constaté l'AFP.

Samedi 18 octobre, la dépouille de Raila Odinga doit être à nouveau offerte au recueillement populaire du matin jusqu'au milieu de l'après-midi. L'opposant historique doit être inhumé dimanche 19 octobre.

"Baba" (papa, le surnom qui lui était affectueusement donné) est décédé mercredi 15 octobre en Inde, à l'âge de 80 ans, d'une probable crise cardiaque. Son cercueil est arrivé jeudi matin 16 octobre au Kenya, donnant du fil à retordre aux autorités.

Ses fidèles ont d'abord bloqué plusieurs heures le principal aéroport de la capitale, où son cercueil venait d'arriver, car ils avaient pénétré dans des zones interdites.

Puis ils ont paralysé la circulation sur la principale artère de Nairobi, remplissant ensuite le stade de Kasarani, le principal de la ville, où le corps de Raila Odinga devait être exposé une première fois au public, en un temps record.

Les forces de sécurité, dépassées, ont alors tiré à de multiples reprises, provoquant la fuite de dizaines de milliers de personnes de l'enceinte sportive en quelques minutes à peine, dans un chaos absolu.

L'AFPTV a filmé une foule prise totalement au dépourvu, couchée au sol puis courant dans tous les sens, alors que des dizaines de coups de feu se faisaient entendre. Trois personnes sont mortes, selon VOCAL Africa, une organisation de défense des droits humains.

"Canaan"

La police kényane contrôle la foule lors d'une bousculade aux funérailles de l'ex-Premier ministre Raila Odinga, le 17 octobre 2025. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Vendredi 17 octobre, les funérailles d'État accordées à M. Odinga avaient démarré plus calmement dans le plus petit stade de Nyayo, le président William Ruto s'affichant aux côtés de la famille du défunt.

Mais après le passage des officiels, des milliers de personnes ont voulu se recueillir en même temps devant la dépouille de la figure politique kényane.

L'AFP a vu certaines tribunes se lever comme un seul homme, forçant certains spectateurs à se jeter en bas de gradins, tandis que d'autres étaient piétinés.

Quelque 163 patients ont été traités sur place, dont 34 ont été transportés dans différents centres de soins, selon Médecins sans frontières. L'ONG a également fait état de "deux vies perdues dans la bousculade".

Raila Odinga a en effet joué un rôle central dans l'avènement de la démocratie au Kenya. Détenu pendant huit ans sous le régime autocratique de Daniel arap Moi (1978-2002), il a notamment mis tout son poids dans la Constitution de 2010.

"J'ai la liberté d'expression grâce à Raila. Toutes les libertés dont je jouis aujourd'hui, sans lui je ne les aurais pas", résumait vendredi 17 octobre Paul Oloo, l'un de ses fidèles, interrogé par l'AFPTV.

Candidat malheureux à cinq présidentielles, dont celle de 2022, il est surtout révéré par son groupe ethnique, les Luos, l'un des plus importants du Kenya. "Je suis ici parce qu'il est le père", poursuivait Paul Oloo avant la seconde bousculade au stade Nyayo.

"Baba, nous savions que tu étais la seule personne à pouvoir nous amener au pays de Canaan", un territoire que Dieu donne à Abraham et sa descendance dans la Genèse, se lamentait jeudi 16 octobre à Nairobi Michael Omondi, un membre de la section jeunesse du parti de Raila Odinga.

"L'univers entier est en deuil", ajoutait-il.

AFP/VNA/CVN

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