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Les affiches électorales des deux principaux candidats à la présidentielle, à Nairobi le 4 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les dernières palettes de bulletins de vote et autres caisses en plastique chargées de matériel électoral étaient déchargées lundi dans les 46.229 bureaux de vote ouverts mardi de 06h00 à 17h00 (03h00 à 14h00 GMT) lors d'un scrutin à forts enjeux pour la locomotive économique de l'Afrique de l'Est.
Au total, les 22,1 millions d'électeurs doivent voter six fois mardi pour choisir leur président, mais aussi leurs parlementaires, gouverneurs et quelque 1.500 élus locaux.
Ces élections générales marquent la fin d'une longue campagne, entamée bien avant la période officielle, et marquée par la flambée du coût de la vie, sur fond de pandémie et d'effets du conflit en Ukraine.
Sur les quatre candidats en lice, deux ont dominé : Raila Odinga, 77 ans, en course pour la cinquième fois, et l'actuel vice-président William Ruto, 55 ans. Deux vétérans de la politique dont les immenses portraits bordent les routes et qui sont au coude-à-coude pour un scrutin qui s'annonce serré.
Vice-président depuis l'élection d'Uhuru Kenyatta en 2013, Ruto s'était vu promettre par ce dernier d'être en 2022 le candidat du parti présidentiel Jubilee. Mais le rapprochement inattendu en 2018 entre Kenyatta et Odinga a fait de lui un challenger, en campagne depuis lors.
Ces derniers mois, la dispute électorale a fait rage lors de meetings tout-terrain, depuis des bourgs isolés jusque dans des bidonvilles de ce pays où les inégalités sont criantes et le salaire minimum de 15.120 shillings (124 euros). Les désaccords se sont aussi étalés en ligne, accompagnés d'un intarissable flot de désinformation.
Dimanche, les favoris ont poli leurs messages. William Ruto a souhaité lors d'un office religieux "que chaque Kényan (...) soit un messager de paix". Raila Odinga a plaidé pour "pays uni", assurant à ses concitoyens qu'ils étaient "d'abord" des Kényans "avant d'être membre de toute autre communauté".
Dans la République kényane et ses 46 tribus, l'appartenance ethnique est un facteur-clé dans les isoloirs.
Un scrutin "différent"
Briefing des forces de sécurité avant le scrutin, à Nairobi le 8 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le pays reste aussi marqué par la saga électorale de 2017, qui a vu la Cour suprême invalider le scrutin en raison d'irrégularités, une première en Afrique. Dans l'attente d'un deuxième vote, l'épisode électoral s'était prolongé, secoué par des manifestations de l'opposition durement réprimées par la police et ayant fait plusieurs dizaines de morts.
Dix ans plus tôt, la crise post-électorale de 2007-2008 avait fait lors d'affrontements ethniques plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés. Une blessure profonde dans l'histoire du Kenya indépendant.
Mais "les Kényans espèrent que le vote de cette année sera différent", soulignait lundi 8 août dans son éditorial le Daily Nation. Cet influent quotidien kényan estime que "les élections ne doivent pas être une question de vie ou de mort".
Dans ce contexte, les appels au calme se sont multipliés. Dimanche 7 août, l'ambassadrice des États-Unis au Kenya, Meg Whitman, a souligné que le scrutin de mardi représentait "une opportunité pour les Kényans de montrer au monde la force de la démocratie kényane en organisant des élections libres, justes et pacifiques".
Des centaines d'observateurs internationaux et de la société civile vont être déployés mardi, notamment par l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). Mulatu Teshome, chef de cette organisation régionale est-africaine, a déclaré dimanche 7 août que "des élections pacifiques et crédibles, une transition pacifique, telles sont les aspirations des Africains".
Les regards sont aussi tournés vers la commission électorale (IEBC), au cœur des contentieux électoraux passés. Elle a formé des centaines d'assesseurs, amélioré le système d'identification et de transmission électronique et assure être prête à relever le défi d'un scrutin sans reproche.