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| Un employé des Archives de Bach tient les deux oeuvres finalement attribuées au compositeur Jean-Sébastien Bach, après plus de 30 ans de recherche, lors de leur présentation à l'église Saint-Thomas de Leipzig le 17 novembre 2025. |
| Photo : AFP/VNA/CVN |
La "chaconne en ré mineur" numérotée BWV 1178, et la "chaconne en sol mineur" BWV 1179 ont pu enfin être attribuées au célèbre compositeur après plus de 30 ans de recherche, a expliqué Peter Wollny, le directeur des Archives de Bach de Leipzig, lors d'une conférence de presse.
Ce chercheur les a finalement "identifiées comme étant des œuvres du jeune Jean-Sébastien Bach, âgé de 18 ans," affirme ce centre de référence pour l'œuvre de l'artiste.
Ce musicologue avait lui-même découvert les manuscrits d'époque dans la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles, en 1992.
Les deux chaconnes, genre musical en vogue à l'époque, présentaient "des caractéristiques stylistiques que l'on retrouve à cette époque dans les œuvres de Bach, mais chez aucun autre compositeur", a-t-il ajouté.
Mais les partitions n'étaient ni datées ni signées.
Pendant trois décennies, M. Wollny a "cherché la pièce manquante pour attribuer ces compositions" à Bach, à savoir "l'identification du copiste", a-t-il expliqué.
Il y a plusieurs années, les experts ont découvert une écriture très similaire dans une lettre datant de 1729, écrite par l'ancien élève de Bach à Arnstadt, Salomon Günther John.
Mais des preuves supplémentaires étaient nécessaires, car les écritures n'étaient pas strictement identiques, et la lettre avait été écrite 20 ans après les manuscrits.
L'organiste d'Arnstadt
C'est l'élaboration d'un portail de recherche sur le compositeur, réalisée par l'Académie des sciences de Saxe, qui a permis d'"affirmer avec certitude" que les copies trouvées à Bruxelles avaient bien été réalisées vers 1705 par Salomon Günther John, a affirmé M. Wollny.
La clé : des échantillons de l'écriture de John ont été trouvés, datant à peu près de la même période, preuve définitive que l'écriture était la sienne.
Selon M. Wollny, Bach a composé ces chaconnes aux alentours de la même année à Arnstadt, en Thuringe, où il était organiste au début de sa carrière.
Les deux œuvres ont été interprétées pour la première fois en public par l'organiste néerlandais Ton Koopman, président des archives, à l'église Saint-Thomas de Leipzig.
C'est dans cette église, dont il a été maître de chapelle (cantor) pendant 27 ans, que le maître de la musique baroque est enterré.
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| Le mémorial de Bach sur la place de l'église Saint-Thomas, à Leipzig, le 11 juin 2025. |
| Photo : AFP/VNA/CVN |
Ton Koopman a jugé les deux pièces "d'une très grande qualité", et s'est dit convaincu que "les organistes du monde entier" les "interpréteront régulièrement à l'avenir".
La chaconne en ré mineur dure six minutes et demie, celle en sol mineur trois minutes et demie.
Publiées ce lundi 17 novembre aussi par la maison d'édition musicale Breitkopf & Härtel, basée à Leipzig et considérée comme la plus ancienne au monde, les chaconnes sont accessibles au grand public sur la plateforme des Archives.
"Sensation mondiale"
Présent pour cette première, le secrétaire d'État à la Culture Wolfram Weimer a salué un "grand moment pour le monde de la musique".
"C'est une sensation mondiale, une première pour nous tous, qu'une œuvre, 320 ans après, voire un peu plus, puisse maintenant être entendue", s'est-il réjoui.
S'il est originaire de Thuringe, le musicien a passé la deuxième partie de sa vie, soit presque trois décennies, à Leipzig, une ville de Saxe, dans l'est de l'Allemagne, où il est mort en 1750.
C'est à Leipzig que Bach a donné les premières de certaines de ses plus grandes œuvres, comme la Passion selon Saint Jean ou les cantates de l'Oratorio de Noël.
Les Archives, situées dans un immeuble baroque auquel il est lié, ont contribué à la découverte ou redécouverte de plusieurs œuvres du génie.
En 2004, la partition manquante d'une cantate, dont seuls des fragments étaient connus, a été retrouvée au Japon dans les affaires de la pianiste japonaise Chieko Hara, décédée quelques années plus tôt.
En 2008, une composition pour orgue jusqu'ici inconnue, intitulée Wo Gott der Herr nicht bei uns hält ("Où le Seigneur Dieu n'est pas à nos côtés") avait été trouvée dans un lot mis aux enchères par des professeurs de l'université Martin-Luther à Halle.
En 2015, elles avaient aussi obtenu le retour du plus célèbre portrait de Jean-Sébastien Bach, légué par un collectionneur américain.
AFP/VNA/CVN




