Le terme Viêt kiêu désigne les personnes nées au Vietnam et ayant quitté leur pays. Au sens commun, il englobe tous les Vietnamiens de la diaspora, même les enfants nés dans un pays autre que le Vietnam. La diaspora vietnamienne s'est particulièrement développée après la réunification de 1975... Aujourd'hui, de plus en plus de Vietnamiens d'outre-mer reviennent dans leur pays d'origine.
Le succès économique et l'apport financier
Les Vietnamiens issus de la diaspora sont très attachés au Vietnam. Grâce à la force de cet attachement, il a toujours subsisté des flux financiers importants entre eux et leur famille restée au Vietnam. Cet apport financier s'est développé au fil des années, forçant les gouvernements à adapter leurs politiques pour faciliter et attirer cette aide financière précieuse...
C'est à partir du milieu des années 1980 que cette manne financière a pu véritablement contribuer à la croissance de l'économie vietnamienne, avec la prospérité croissante et le début des réformes économiques d'ouverture (Dôi moi)...
Même s'il est encore difficile de chiffrer ses investissements, le rôle réel de la diaspora vietnamienne est plus important que les données officielles, étant donné qu'elle joue souvent un rôle de médiateur pour des étrangers investissant de l'argent au Vietnam. Les investissements ne constituent encore qu'une très petite partie des transferts financiers totaux. Par conséquent, une partie importante des montants est consacrée à la consommation.
La contribution intellectuelle
Comme le nombre d'entreprises menées par des Vietnamiens de la diaspora est faible, le transfert de savoir-faire et de compétences, qui se fait par le biais de ces structures, est encore limité. Pourtant, la diaspora vietnamienne compte un assez grand nombre d'individus diplômés et bien formés.
Les Vietnamiens à l'étranger se sont organisés dans un vaste réseau d'organisations et d'associations, dont des associations de partenariat binationales liant leur pays d'accueil au pays d'origine, des clubs d'entrepreneurs Viêt kiêu investissant au Vietnam ou encore des organisations caritatives.
La politique du gouvernement à l'égard des Viêt kiêu
Conscient de l'atout que représente cette population, le gouvernement tente de la mobiliser et de l'attirer...
Sur les 100.000 Viêt kiêu désireux d'être propriétaires au Viêtnam, moins de 200 entrent dans le cadre de la Loi sur le logement. Beaucoup utilisent le nom de leur proche pour accéder à la propriété.
Le Parti et l'État vietnamiens ont conçu des mesures d'encouragement à l'investissement, telles que la Loi d'incitation aux investissements nationaux, la Loi sur les investissements étrangers, la Loi sur les investissements, qui ont contribué à changer l'économie vietnamienne.
Fin 2004, on comptait 1.267 entreprises dirigées par des Vietnamiens de la diaspora pour un capital total de 2.617 milliards de dôngs, installées à Hô Chi Minh-Ville suite à la Loi sur les investissements étrangers et la Loi d'incitation aux investissements nationaux. De janvier à décembre 2005, les Vietnamiens de la diaspora ont créé 308 entreprises, d'un capital total de près de 787 milliards de dôngs, puis de janvier à décembre 2006, 383 entreprises avec un total de 945 milliards de dôngs, toujours suivant la même loi. Pour développer leur projet, les investisseurs ont créé soit des sociétés à responsabilité limitée, soit des sociétés par actions, soit des entreprises privées. Les Viêt kiêu investissent surtout dans les affaires commerciales ainsi que les services.
Sur le plan juridique, des mesures facilitent le retour de Vietnamiens de la diaspora, comme la dispense de visa, la possibilité d'acheter des actions dans les entreprises vietnamiennes par exemple. Les formalités administratives à leur égard ont également été simplifiées : douanes, entrées et sorties du pays, déplacements, etc.
Ces démarches ont eu pour conséquence une augmentation constante des retours au Vietnam.
L'État multiplie les efforts pour attirer cette population. Comme le développement de programmes d'activités en leur faveur, l'organisation de rencontres et d'échanges en vue de la publication d'un nouvel acte politique. Grâce aux efforts du gouvernement ainsi qu'à l'attachement des Viêt kiêu pour leur pays, de plus en plus nombreux sont ceux qui reviennent au Vietnam.
Les raisons du retour
Les Vietnamiens de la diaspora gardent leurs traditions culturelles et restent attachés à leur famille et à leur pays. De ce fait, ils reviennent de plus en plus au Vietnam pour y vivre.
Années
1999
2001
2003
2005
Nombre
262.000
308.000
300.000
450.000
Ce tableau montre l'évolution du nombre de "retours" au Vietnam sur le long terme. Nous notons qu'en à peine 6 ans, ce nombre a quasiment doublé.
Beaucoup reviennent au Vietnam pour saisir les opportunités de carrière qui se présentent. Le Vietnam offre une sphère professionnelle favorable : la croissance économique du pays crée des possibilités d'emplois dans des sociétés internationales ou nationales et développe les marchés dans lesquels il est pertinent d'investir. Pour les Viêt kiêu, venir travailler au Vietnam est un tremplin.
Une telle volonté de retour tient aussi à de raisons plus affectives : l'occasion de se rapprocher de leur famille, de leurs racines, de s'immerger dans cette culture dont ils ont la nostalgie. De manière générale, beaucoup de jeunes ont vécu dans un environnement "vietnamophile", c'est-à-dire dans le respect des traditions vietnamiennes, la langue parlée à la maison étant le vietnamien… La conscience diasporique n'est pas innée, elle est foncièrement culturelle et liée à l'éducation reçue.
Pour beaucoup, les conditions de vie dans les grandes villes vietnamiennes sont un élément déterminant de la décision de retour. Le pouvoir d'achat des expatriés permet de mener une vie agréable. De plus, le développement rapide des infrastructures dans les zones urbaines est également un facteur important...
Aujourd'hui, les enjeux économiques liés à la venue des Viêt kiêu sont perçus comme des opportunités pour le pays.
Les Viêt kiêu ont beaucoup à apporter au Vietnam comme les compétences de travail dont le pays a besoin pour continuer son développement.
L'avantage des Viêt kiêu réside dans leur compréhension de la culture et des méthodes de travail vietnamiennes. La maîtrise de la langue est souvent un élément majeur qui incite les employeurs à les embaucher. À terme, cette coopération aboutira à un transfert de savoir-faire et de compétences efficace.
De plus, les Viêt kiêu jouent souvent un rôle de médiateur ou d'intermédiaire entre leur pays d'origine et leur pays de naissance ou d'émigration.
Il est indéniable que les Viêt kiêu participent de manière active au processus de développement et de changement social du pays. Cependant, il reste encore des axes d'amélioration possibles pour les intégrer totalement à la vie économique et sociale du pays. Les Viêt kiêu devraient par exemple pouvoir participer à l'élaboration des mesures, des lois dont ils sont bénéficiaires ou alors les sensibiliser d'avantage au développement du pays et à la manière dont ils peuvent y contribuer.
CCIFV/CVN