À Lai Châu, un enseignant consacre sa vie aux élèves ethniques

En 20 ans de dévouement à l’éducation dans la région montagneuse de Sin Hô, province septentrionale de Lai Châu, l’enseignant Trân Nam San a dû affronter bon nombre de difficultés. Mais jamais il n’a songé revenir dans sa ville natale.

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Élèves d’ethnies minoritaires à Lai Châu (Nord).
Photo : Huong Linh/CVN

Trân Nam San, directeur de l’école primaire-internat pour les ethnies minoritaires Tua Sin Chai, district de Sin Hô, province de Lai Châu, n’oubliera jamais les bols de riz qu’un villageois lui a donnés lors des premiers jours de sa carrière.

“Nous avons eu de la chance car Mme Chuong, une habitante du hameau de Nâm No, nous a invités à loger dans sa famille bien qu’elle était l’une des plus pauvres de la commune”, raconte l’enseignant San.

Pot de riz particulier

“Sa famille mangeait surtout du manioc et des pommes de terre, mais elle nous donnait toujours du riz - un pot de riz pour les instituteurs - car elle ne voulait pas que nous ayons faim”, ajoute-t-il avec émotion.

Trân Nam San a grandi dans la commune de Trung Kiên, district de Yên Lac, province de Vinh Phuc (Nord). Il a commencé à travailler comme enseignant en 2003 dans l’école primaire Nâm Ban, district de Sin Hô.

Lai Châu était à cette époque la plus pauvre du pays et Nâm Ban était l’une des communes les plus en difficulté de Sin Hô. Les habitants locaux, de l’ethnie Mang, vivaient essentiellement de l’agriculture, le maïs et le riz étaient leur principale nourriture. En raison de méthodes de production obsolètes, ils avaient beaucoup de difficultés à manger à leur faim.

Le jour où Nam San a préparé son sac à dos, il pensait qu’il reviendrait bientôt dans sa ville natale. “J’étais soucieux et inquiet. J’avais décidé de passer quelques années à Lai Châu, puis de retourner dans ma ville natale pour commencer une nouvelle vie”, partage-t-il. Avant d’ajouter : “Mais après plusieurs années à travailler, vivre ici et mieux comprendre le mode de vie des habitants locaux et leurs difficultés, en particulier pour les enfants, j’ai fait une croix sur ce retour”.

M. San se rappelle des premiers jours où lui et deux collègues sont arrivés à Chung Chai, une annexe de l’école primaire Nâm Ban. La salle de classe était construite avec des poteaux en bois et il n’y avait presque rien à l’intérieur. Les enseignants ont dû rester chez des habitants jusqu’à ce que la construction de leur maison soit terminée. La famille de Mme Chuong les a accueillis chaleureusement. “Chaque fois que nous rendions visite à sa famille, elle préparait des repas, nous invitait à rester et gardait de la nourriture pour nous. Ce sont des souvenirs que je n’oublierai jamais”, se souvient-il.

Cinq ans plus tard, l’enseignant San a déménagé à l’école primaire Can Co, puis à celle Tua Sin Chai en 2009. Il est directeur de cette école depuis 2013.

Après que la commune de Nâm Ban ait été intégrée au district de Nâm Nhùn, Tua Sin Chai est devenue la commune la plus défavorisée du district de Sin Hô.

Il n’y avait pas électricité, ni eau potable, ni réseau téléphonique, ni routes. Son nombre de ménages pauvres a toujours été le plus élevé du district.

Nouvelle mission

L’enseignant Trân Nam San distribue de la nourriture aux élèves pour le déjeuner.
Photo : CTV/CVN

“Notre école centrale Tua Sin Chai (actuellement école primaire-internat pour les élèves d’ethnies minoritaires Tua Chin Chai) compte huit antennes, situées dans les villages. La plupart des enseignants doivent y rester pour arriver à l’heure en classe. Si nous allons au centre de la commune le week-end, nous devons revenir le dimanche pour aller en classe le lundi matin. Nous mesurions la route en heures de trajet plutôt qu’en kilomètres”, informe l’enseignant San.

Pour lui, se rendre dans les classes était le plus difficile pendant la saison des pluies. “Je me souviens quand nous sommes allés à moto sur l’antenne du village de Phi En. Il avait beaucoup plu et le chemin de terre rouge était devenu très glissant. La moto de mes collègues a dévalé une pente abrupte. Heureusement, elle s’est coincée entre les roseaux et les vignes”, se rappelle-t-il.

À Tua Sin Chai, tous les habitants sont de l’ethnie H’mông. Autrefois, la plupart des parents ne s’intéressaient pas à l’éducation de leurs enfants. Les enfants devaient marcher pendant des heures pour aller à l’école, portant avec eux leur panier-repas contenant seulement… du riz et du sel. Le nombre d’enfants qui abandonnaient l’école était élevé.

Lâu Hoà Binh, un habitant du village de Hang Lia, fait savoir qu’“en raison des conditions topographiques difficiles, nous ne pourivons pas développer l’économie. Les élèves devaient marcher pendant plus de deux heures pour se rendre à l’école située au centre de la commune”. Ces difficultés poussaient les élèves à abandonner l’école.

Face à cette situation, l’enseignant San s’est porté volontaire pour donner une partie de son salaire afin d’acheter de la nourriture et de préparer des repas pour les enfants. Il a également demandé aux enseignants d’aider à cuisiner pour que les enfants puissent avoir un déjeuner à l’école.

Il a réussi à mobiliser des individus pour contribuer à l’achat de nourriture, de vêtements chauds, de chaussures et même de livres pour les enfants des hameaux de Hang Lia, Phi En et Thành Chu.

“Le déjeuner gratuit pour les élèves est mis en place depuis quatre ans. Il s’agit d’une mesure décisive car elle encourage les parents à envoyer leurs enfants à l’école”, souligne M. San.

“Je suis très heureux de voir mon enfant bénéficier des repas gratuits offerts par les enseignants”, exprime avec joie Vu A Thanh, un habitant du hameau de Phi En.

Chang A Bay, un élève, confie : “Mes instituteurs préparent des repas délicieux et je n’ai plus besoin d’apporter du riz en classe comme avant”.

Après près de 20 ans de travail dans ces zones reculées, l’enseignant San reçu un satisfecit du président du Comité populaire de la province de Lai Châu. Mais pour lui, le plus grand encouragement est l’affection que lui envoient constamment les élèves et les villageois de ces hautes terres.

Huong Linh/CVN

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