"C'est certainement un test très important de la viabilité de la zone euro", a déclaré le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, devant des responsables gouvernementaux et financiers au cours de son voyage en Pologne.
"Mais je suis optimiste. Mon opinion est que l'Union européenne (UE) surmontera de toute façon cette crise", a-t-il dit au cours d'un débat organisé au Château Royal de Varsovie. "Mais surmonter la crise ne suffit pas", a lancé M. Strauss-Kahn en référence aux dérives budgétaires sans précédent de la Grèce, qui secouent la zone euro. "La vérité c'est que cette crise montre que quand le temps est clément, les institutions existantes fonctionnent suffisamment bien. Mais quand survient une tempête, comme celle de la crise financière mondiale, les faiblesses de ces institutions apparaissent clairement", a-t-il expliqué. "Une coordination meilleure, plus forte, des politiques économiques est à mon avis absolument nécessaire", a-t-il ajouté.
M. Strauss-Kahn était ministre français des Finances lorsque l'euro a été créé en 1999.
Aux termes du Traité de Maastricht sur l'union économique et monétaire, les 16 membres de la zone euro doivent s'efforcer de maintenir leurs finances en équilibre.
Les critiques soulignent cependant que la zone euro manque de moyens de pression pour faire respecter le Pacte de stabilité et de croissance du traité, fixant les règles de la discipline budgétaire. "Le Pacte de stabilité est un pacte que les États devaient respecter et quand ils ne l'ont pas fait, que s'est-il passé ? Rien !", a poursuivi M. Strauss-Kahn. "Si nous voulons vraiment que les politiques européennes soient appliquées (...), nous devons avoir des carottes et de gros bâtons. Sinon cela ne fonctionne pas", a-t-il dit en précisant s'exprimer en tant que citoyen européen et non plus en qualité de patron du FMI.
"Nous avons jusqu'à présent défini les carottes de l'Union et celles de la zone euro, qui ont été distribuées en grande quantité aux pays membres mais nous n'avons jamais vu le bâton qui aurait réellement contraint les États à faire ce qu'ils devaient faire et à respecter leurs engagements", a-t-il ajouté.
M. Strauss-Kahn a évoqué la possibilité de conditionner les versements de fonds européens au comportement des pays. "Bien sûr, certains pourraient dire +mais c'est une atteinte à la souveraineté des pays+ (...). Oui, et alors? Il faut savoir ce que l'on veut. On peut ne pas le vouloir et dans ce cas on reste de côté", a-t-il déclaré.
AFP/VNA/CVN