Grèce : l'Allemagne met la solidarité européenne à l'épreuve

La zone euro entame une semaine cruciale pour son avenir, au cours de laquelle ses dirigeants vont devoir tenter de surmonter les réticences de l'Allemagne à approuver un mécanisme d'aide à la Grèce, confrontée à une crise budgétaire sans précédent.

Les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays membres de l'Union européenne (UE) se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles pour un sommet en principe consacré à leur stratégie économique pour les 10 ans à venir. Mais la crise grecque s'impose à eux comme le sujet prioritaire. La chancelière allemande, Angela Merkel, confrontée à une opinion publique hostile à l'idée de devoir payer la facture pour les problèmes budgétaires grecs, est sous pression.

Des voix s'élèvent en Europe pour l'appeler à approuver lors du sommet un dispositif d'aide financière à la Grèce, qui serait activé seulement si nécessaire. Une manière de rassurer les marchés et de récompenser le gouvernement grec pour les douloureuses mesures d'austérité qu'il a prises afin de réduire son énorme déficit. Faute d'accord, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, qui estime payer trop cher aujourd'hui pour emprunter, menace de se tourner exclusivement vers le Fonds monétaire international (FMI). Ce qui serait vécu par beaucoup comme une humiliation.

Le président de la Commission européenne (CE), José Manuel Barroso, a lancé un appel au sens des responsabilités de Berlin. "Il est dans l'intérêt de l'Allemagne d'assurer la stabilité de l'union monétaire européenne. Je suis donc certain que l'Allemagne apportera une contribution constructive à la résolution de la crise actuelle", a-t-il dit au quotidien allemand Handelsblatt paru le 22 mars. Mais la chancelière allemande, dont le pays entend désormais défendre ses intérêts nationaux avant ceux de l'UE, reste ferme et refuse de se laisser forcer la main. "Je ne crois pas pour le moment que la Grèce a besoin d'argent (...). Je déconseille de provoquer des turbulences sur les marchés, en suscitant de fausses attentes du Conseil européen de jeudi", a-t-elle dit dimanche dans une interview à la radio allemande. Sur le fond, elle se dit ouverte à une solution de compromis de plus en plus évoquée, associant une aide de la zone euro et du FMI, dont le directeur général était cette semaine à Bruxelles.

La CE n'exclut pas une contribution financière du FMI, mais seulement dans le cadre d'un mécanisme piloté par la zone euro.

AFP/VNA/CVN

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