Mme Nguyên Thi Kiêm vend du riz gluant depuis 60 ans. |
Chaque matin dès l’aube, qu’il pleuve ou qu’il vente, Mme Kiêm reste toujours dans son coin avec sa marmite de xôi. Pour ses clients les plus fidèles, le petit-déjeuner ne serait rien sans le xôi de Mme Kiêm. Sa clientèle est essentiellement composée d’étudiants, de fonctionnaires - pour la plupart des habitués - qui viennent et s’en vont avec des portions de xôi soigneusement enveloppées dans un morceau de feuille de bananier vertes.
Pour avoir un xôi chaud et parfumé, Mme Kiêm doit se lever à 2 heures du matin. Elle en cuisine deux sortes : au maïs et aux haricots mungo. Selon elle, la cuisson du maïs demande beaucoup de temps et de précaution. Faire cuire un pot de maïs n’est pas simple, parce que le maïs durcit facilement si l’on n’y prend pas garde. Les haricots mungo, quant à eux, doivent être trempés dans de l’eau, décortiqués, cuits à la vapeur et pilonnés.
Les jours du Têt traditionnel, Mme Kiêm confectionne aussi des bánh chung (gâteau carré du riz gluant). Au Têt Đoan Ngo (5e jour du 5e mois lunaire), elle propose du riz gluant fermenté pour «chasser les vers».
Mme Kiêm coupe des feuilles de bananier vertes pour envelopper ses portions de xôi. |
Un gagne pain pour une grande famille
Née dans la ville portuaire de Hai Phong et partie à Hô Chi Minh-Ville en 1954, Mme Kiêm a actuellement 81 ans et vend encore du xôi. «J’ai été orpheline à l’âge de 14 ans. Je suis partie vers le Sud à 23 ans, les poches vides. J’ai gagné ma vie en vendant du riz gluant à vapeur, un savoir-faire hérité de ma famille», raconte-t-elle. Son mari, 84 ans, était maçon. Ils ont eu ensemble onze enfants.
«Tant que j’aurai la santé, je vendrai du xôi pour gagner de l’argent et épauler mes enfants et petits-enfants dans les difficultés de vie», sourit Mme Kiêm, dévoilant ses dents laquées. Sa cinquième fille, célibataire, vit avec elle dans sa maison située rue Lê Van Sy, 3e arrondissement, et l’aide à vendre du xôi.
Installée sur son bout de trottoir depuis 60 ans, la vieille vendeuse de xôi a été témoin de nombreux événements historiques. Elle est un peu la mémoire vivante du quartier. Beaucoup de reporters étrangers ont cherché à l’interviewer. «Peut-être est-ce parce que je me suis entièrement dévouée à mon travail, et qu’il m’a permis d’élever mes onze enfants ?», s’amuse-t-elle.
Dang Huong/CVN