Avec une enfant du peuple Banna en Afrique. |
Photo : CTV/CVN |
Nguyên Thi Khanh Huyên, surnommée Huyên Chip par ses amis, est née en 1990. Bac en poche, la jeune Vietnamienne de 18 ans a décidé de partir travailler seule en Malaisie alors que ses camarades s’inscrivaient au concours d’entrée à l’Université.
Huyên Chip est restée en Malaisie pendant 2 ans. En mai 2010, après avoir fêté ses 20 ans, elle a quitté son travail pour mettre en oeuvre son projet de voyage au long cours mûrement réfléchi. Équipée d’un appareil-photo, d’un Netbook, Huyên s’est mise en route avec... 700 dollars en poche. Première destination : Brunei. Puis elle a enchaîné - dans le désordre - Inde, Népal, Israël, Égypte, Éthiopie, Kenya, Tibet (Chine)...
«Petite, j’ai dit un jour à ma mère que je voulais faire un tour du monde. Elle a souri en pensant probablement : +bien sûr, bien sûr ma fille+. À ce moment-là, je devais aussi penser que ce n’était qu’un rêve, juste un rêve. Ce voyage autour du monde je ne l’ai pas encore réalisé, mais ce que j’ai fait c’est déjà un beau périple», confie la jeune globe-trotteuse.
Logée gratis chez les flics
Voyager avec si peu d’argent suppose bien sûr de gros sacrifices au niveau du confort. Huyên avait comme premier principe de ne jamais dormir à l’hôtel. Au mieux, elle se faisait inviter par les habitants locaux, au pire elle passait la nuit dans les halls de gare et autres lieux publics, les plages... après s’être bien assurée de l’absence de danger. «En Israël, j’ai passé une fois la nuit sur les côtes de la Mer Rouge. Il faisait chaud la journée mais très froid après le coucher du soleil. J’ai enfilé tous les vêtements que j’avais mais même comme ça j’ai claqué des dents toute la nuit», se souvient-elle.
Devant une pyramide en Égypte. |
Au Népal, elle a passé beaucoup de nuits dans les... postes de police. Pour persuader les représentants de l’ordre public de la laisser «squatter» un banc voire le mitard, Huyên devait expliquer longuement et patiemment qu’elle était une touriste sans le sou, et pas une SDF ou une immigrée clandestine.
Huyên étant membre du réseau mondial Couch Surfing, dans chaque pays, elle contactait des membres de ce réseau pour bénéficier d’un logement gratuit ou d’autres aides.
Les voyages forment la jeunesse
Khanh Huyên est une vraie routarde, à l’ancienne. Le genre de fille prête à marcher des dizaines de kilomètres et à guère se préoccuper du lieu où elle va passer la nuit. Quand elle était fatiguée, elle tendait le pouce. «Dans les pays que j’ai visité, faire du stop est très simple, il suffit juste de se tenir en bord de route». Huyên a un souvenir inoubliable en Éthiopie : «Une fois, j’ai été prise en stop par un routier. Fatiguée, je me suis endormie. En me réveillant, je me suis retrouvée 200 km plus loin que ma destination prévue. Alors, j’ai décidé d’y rester quelques jours pour découvrir la ville».
Mais comment fait-on pour voyager deux ans avec seulement 700 dollars en poche ? «Eh bien, j’ai travaillé quand l’occasion se présentait», a-t-elle expliqué. En Inde, elle a trouvé un job de figurante pour un film et a aussi joué dans un spot publicitaire. Au Népal, elle a travaillé dans le comité d’organisation de banquets d’un club. En Israël, comme rédactrice d’un site web. En Tanzanie, comme employée de casino... «Ces emplois n’exigeaient pas de connaissances particulières. Les patrons demandaient seulement à ce que je sois dynamique, active et communicative. Le salaire était versé en liquide. Et quand les caisses était renflouées, je reprenais la route !».
Mais le voyage, surtout dans ces conditions, c’est aussi parfois des galères. Un jour, au Népal, elle a été heurtée par une moto et a dû rester un mois la jambe plâtrée. Dans l’Himalaya népalais, elle a pris froid et est restée des jours clouée au lit. Des pickpokets lui ont fait les poches, et un jour elle a même failli être kidnappée !
«Un soir, à la frontière entre le Kenya et la Somalie, sur un chemin mal éclairé, on m’a mis un couteau sous la gorge et volé mon sac. Mais ce sont les risques du voyage. Si vous décidez de vous engager dans un tel périple, vous devez apprendre à les affronter au lieu d’en avoir peur», considère-elle.
Prête à repartir
«En deux ans de voyage, j’ai appris plus qu’en 12 ans sur les bancs de l’école, estime-t-elle. J’ai appris à animer des sites web, à jouer l’actrice, à ramer, à marcher en montagne, à dormir à la belle étoile, à cuisiner des plats de différents pays, à fabriquer de bijoux à partir d’objets recyclés, et bien d’autres choses encore».
Mais le plus grand changement est d’ordre intérieur. «Ces voyages m’ont appris à être indépendante, à m’adapter à de nouveaux environnements, à me débrouiller. Quand je suis retournée au Vietnam, mes amis et ma famille, qui avaient encore l’image de la fille timide, coquette, aux cheveux longs tombant sur les épaules, ont été plutôt surpris !», s’amuse-t-elle.
Huyên est revenue au Vietnam il y a quelques mois, épanouie, bronzée. Elle travaille à Hô Chi Minh-Ville pour une compagnie de communication.
Interrogée sur ses projets, elle a confié qu’elle préparait un voyage d’un an en Afrique du Sud. Elle compte aussi créer un site web pour ses compatriotes attirés par le voyage - celui avec un grand V. Prochainement, elle va publier un livre intitulé Nhât ký : Xách balô lên và đi ! (Journal intime : enfile ton sac à dos et pars !). Nul doute qu’elle fera des émules.
Linh Thao/CVN