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Le nombre de victimes enregistrées a augmenté de 10% entre 2022 et 2023, selon l'étude annuelle du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), qui inscrit cette hausse continue dans le "contexte de libération de la parole et d'amélioration des conditions d'accueil des victimes".
Une écoutante de la plate-forme téléphonique du 3919, numéro d'appel unique destiné aux personnes victimes ou témoins de violences conjugales, s'entretient avec une personne au téléphone, le 20 mai 2010 à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Comme les années précédentes, la très grande majorité des victimes sont des femmes (85%) alors que les mis en cause sont le plus souvent des hommes (86%) et de nationalité française (83%), relève le SSMSI.
"Cette hausse du nombre de victimes enregistrées montre que les femmes continuent d'être de plus en plus nombreuses à sauter le pas de porter plainte et c'est une excellente nouvelle", estime auprès de l'AFP la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert.
"Maintenant il faut que les budgets suivent, il faut des moyens supplémentaires pour accompagner, enquêter, auditionner, juger et puis surtout aussi accompagner les victimes qui, à partir du moment où elles portent plainte, se mettent en danger", ajoute-t-elle, évoquant les risques de représailles du conjoint ou de l'ex-conjoint.
Selon le ministère de l'Intérieur, les deux tiers des violences conjugales (64%) consistent en des violences physiques.
Trente-deux pour cent des victimes ont subi des violences verbales ou psychologiques, dont du harcèlement moral (17%), des menaces (12%), des atteintes à la vie privée (1%) ou des injures et diffamations (1%). Quatre pour cent ont été victimes de violences sexuelles.
Peu de plaintes
Pour 2% des victimes de harcèlement moral, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide, précise le SSMSI.
Comme en 2022, le Pas-de-Calais, la Réunion, le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis "figurent parmi les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1.000 habitantes" âgées de 15 à 64 ans, selon le ministère.
Ces données ne sont pas représentatives du phénomène des violences conjugales dans son entier, les victimes enregistrées par les services de sécurité ne représentant qu’une partie des personnes ayant subi ce type de violence chaque année, "ces faits pouvant n’être jamais signalés ou l’être plus tardivement", relève le SSMSI.
Selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), seules 14% des victimes ont ainsi porté plainte auprès des services de sécurité pour les faits qu’elles ont subis en 2022.
Pour le ministère de l'Intérieur, la sensibilisation de plus en plus forte de la société au phénomène des violences conjugales et les mesures adoptées à l’issue du Grenelle des violences conjugales de 2019 pour encourager les victimes à porter plainte semblent "avoir profité davantage aux faits anciens qu’aux faits les plus récents" : la "part des victimes ayant porté plainte pour des faits antérieurs à leur année d’enregistrement est ainsi passée de 19% en 2016 à 29% en 2022" et est restée "stable en 2023", selon les autorités.
Les associations féministes exhortent régulièrement le président Emmanuel Macron, qui a fait de la lutte pour l'égalité femmes-hommes et contre les violences faites aux femmes "une grande cause nationale", à muscler les dispositifs existants et à revoir à la hausse le budget alloué.
Elles réclament entre autres une "loi-cadre intégrale contre les violences sexuelles" et un budget à hauteur de 2,6 milliards d’euros par an.
AFP/VNA/CVN