Violences conjugales : en France, une femme meurt encore tous les trois jours

Les femmes restent les premières victimes des violences au sein des couples : 123 femmes ont été tuées par leur compagnon, ex-compagnon ou amant en 2016, soit une tous les trois jours, tandis que 34 décès d'hommes étaient recensés.

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Une femme maquillée manifeste contre les violences conjugales à Paris, le 25 novembre 2012.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au bord de la faillite et du divorce, un homme tue sa femme et ses deux enfants, avant de retourner l'arme contre lui. Ne supportant pas la rupture, un autre étrangle son épouse après avoir découvert le message d'un homme sur son téléphone.

Ces deux faits, survenus en France en 2016, sont loin d'être isolés. L'an passé, 109 femmes ont trouvé la mort à la suite de violences commises par leur mari, concubin, pacsé ou ex, et 14 ont été tuées par leur amant ou une relation épisodique, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur rendus publics vendredi 1er septembre.

Par rapport à 2015, qui recensait 144 victimes (122 femmes et 22 hommes), les morts violentes au sein des couples étaient en hausse de 9% en 2016.

Elles ont représenté plus de 15% des homicides non crapuleux et violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner.

Sur les 109 femmes tuées par leur conjoint "officiel", au moins 30 étaient victimes de violences antérieures, et près de 37% des auteurs d'homicide étaient déjà connus des service de police ou de gendarmerie, précise l'étude annuelle de la Délégation aux victimes.

Un homme meurt en moyenne tous les onze jours de violences au sein de son couple. En 2016, 28 ont été tués par leur compagne ou ex-compagne, un homme par son compagnon, et cinq par un amant, une maîtresse ou une relation épisodique.

Pour les hommes auteurs d'homicides, "le refus de la séparation -en cours ou passée- reste la principale cause du passage à l'acte. Pour les femmes, il s'agit de la dispute", précise l'étude.

Enfants victimes

Les violences conjugales ont aussi beaucoup impacté les enfants, dont la présence n'empêche pas le passage à l'acte : neuf enfants ont été tués par leur père en même temps que leur mère, 16 ont été témoins d'une scène de crime, dont 8 ont prévenu les secours, et 22 étaient présents au domicile, sans être témoins.

Seize autres enfants ont été tués dans le cadre de violences conjugales, sans que l'autre parent soit tué.

Les homicides ont par ailleurs engendré 12 orphelins de père et de mère, 54 orphelins de mère et 22 orphelins de père.

Manifestations de femmes contre les violences conjugales à Bucarest, le 26 novembre 2011.
Photo : AFP/VNA/CVN

Au total, en incluant les suicides des auteurs et les victimes collatérales, les violences au sein des couples officiels et non officiels sont à l'origine de 252 décès en 2016, neuf de moins qu'en 2015.

D'après un profil type dressé par les enquêteurs, l'auteur masculin est souvent marié, de nationalité française, a entre 41 et 50 ans, et n'exerce pas ou plus d'activité professionnelle. Il commet son crime à domicile, sans préméditation, avec une arme à feu.

La femme vit le plus souvent en concubinage, est également âgée de 41 à 50 ans, et n'a pas ou plus d'activité professionnelle. Elle commet ce crime à domicile, sans préméditation, avec une arme blanche.

Sur les 28 femmes auteures d'homicides au sein de couples "officiels", 17 d'entre elles étaient victimes de violences de la part de leur partenaire, souligne l'étude.

"Ces drames s'inscrivent trop souvent dans un contexte de violences préexistant qu'il est nécessaire de repérer (...). Il est également essentiel de protéger les enfants pour qu'ils ne soient pas témoins et ne reproduisent pas plus tard ce qu'ils ont vécu", ont déclaré dans un communiqué commun le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, et la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, assurant de leur "totale détermination pour combattre ces violences insupportables".

Le 5e plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes et le premier plan contre les violences faites aux enfants ont été lancés en 2017.

AFP/VNA/CVN

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